Manque de lits et de soignants
Les hôpitaux submergés par une vague massive de grippe

La grippe met la Suisse K.O. et de nombreux hôpitaux sont à bout de souffle. Le plus dur est-il bientôt derrière nous?
Publié: 16.02.2025 à 12:03 heures
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Ce sont surtout les patients âgés qui doivent souvent être hospitalisés en raison de la grippe.
Photo: Thomas Meier
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Fabian Eberhard

De nos jours, si l'on souhaite connaître l'évolution de la grippe à l'hôpital cantonal de Winterthour, on se retrouve face à un mur. «Malheureusement, en raison de ressources et de personnel limités, je ne peux pas répondre à vos questions», nous répond une porte-parole de l'hôpital. Et cette réponse est peut-être la plus parlante car cette situation se répète dans de nombreuses autres cliniques en ce moment.

Cette année, la vague de grippe semble être bien plus forte que d'habitude. Fièvre, toux, douleurs musculaires: entre le 3 et le 9 février, 28'792 personnes ont consulté un médecin pour des symptômes grippaux. C'est près de 12% de plus que la semaine précédente et un record en dix ans. Dans la plupart des cas, il s'agirait de la grippe, tandis que le virus RS et le Covid-19 circulent aussi mais à des taux plus faibles.

«Le pic n'est pas encore franchi»

Bien que le nombre de personnes contaminées par la grippe ait légèrement diminué, surtout en Suisse romande, l'Office fédéral de la santé publique (OFSP) ne lève pas l'alerte. Au contraire, «le pic de l'épidémie de grippe ne semble pas encore dépassé». Le virus fait actuellement des ravages particulièrement violents chez les enfants.

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Les hôpitaux sont à la limite de leurs capacités. L'hôpital cantonal d'Aarau fait état d'une pénurie de lits persistante et de nombreuses absences du personnel. D'après Christoph A. Fux, médecin-chef en infectiologie et prévention des infections: «l'occupation des lits par des patients atteints de la grippe est actuellement si élevée que nous devons régulièrement hospitaliser des patients dans les services de chirurgie».

Obligation de porter un masque

Le nombre de patients isolés aurait atteint un palier de 60 par jour, dont la majorité d'entre eux serait atteinte de la grippe. «Ce sont surtout les personnes de plus de 80 ans, avec peu de réserves et des maladies concomitantes, qui doivent souvent être hospitalisées.» Pour réduire les contagions à l'hôpital, il est désormais obligatoire de porter un masque. 

La situation est aussi tendue dans d'autres hôpitaux. La nette augmentation du nombre d'occupants en janvier et février représente une énorme charge supplémentaire pour le fonctionnement de l'hôpital et ses collaborateurs, explique Caroline Johnson de l'Hôpital universitaire de Bâle. L'augmentation des absences dues à des infections grippales chez le personnel met l'ensemble du système à rude épreuve.

Des signes d'apaisement?

Toujours est-il que certaines cliniques ont constaté une légère accalmie de la situation ces derniers jours. «Nous avons actuellement moins de cas qu'il y a deux semaines», déclare Walter Zingg, médecin-chef des maladies infectieuses et de l'hygiène hospitalière à l'hôpital universitaire de Zurich. Néanmoins, il met en garde contre un excès d'optimisme: «une nouvelle augmentation est très probable».

Une chose est sûre: la meilleure protection contre la grippe est la vaccination annuelle, idéalement à partir de la mi-octobre. L'OFSP conseille en particulier aux seniors et aux personnes avec des antécédents médicaux de se faire vacciner afin d'éviter des évolutions graves. Mais la vaccination en Suisse est à la traîne: un peu plus d'un tiers des personnes de plus de 65 ans se font vacciner contre la grippe, nettement moins que dans presque tous les autres pays d'Europe occidentale.

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