Les employeurs font actuellement face à de nombreuses critiques, selon une récente étude sur le marché du travail. Ils manqueraient de flexibilité, ne tiendraient pas compte des candidats de plus de 50 ans, et ne donneraient pas leur chance aux personnes qui changent d'orientation professionnelle.
Même la pénurie de main-d'œuvre qualifiée n'a jusqu'à présent pas changé grand-chose à cette situation, déplore l'auteur de l'étude, Pascal Scheiwiller. «Cela montre que la détresse des entreprises n'est pas aussi grande qu'elles nous le font croire.»
Désormais, les employeurs se défendent. «Les entreprises font aujourd'hui beaucoup plus de concessions en matière de recrutement», assure Simon Wey, économiste en chef à l'Union patronale suisse. «Elles donnent par exemple une chance aux jeunes sans expérience professionnelle ou aux réfugiés.»
La lacune demeure
Même les personnes qui ne parlent pas encore la langue au niveau requis obtiennent des emplois, selon Simon Wey. «Si les entreprises voient un potentiel, elles investissent dans la formation de leurs employés, par exemple avec des cours de langue, et ce même si ces employés ne sont pas encore productifs dans un premier temps.»
Si les employeurs deviennent plus tolérants et font des concessions sur le profil d'exigences, comment se fait-il que plus de 400'000 personnes en Suisse n'aient pas de travail? Ou que certains souhaitent travailler davantage, mais ne trouvent pas de poste qui leur conviennent?
«Le chômage ne disparaîtra jamais complètement», explique Simon Wey. «Les personnes dont les qualifications sont disponibles sur le marché correspondent rarement une à une aux postes vacants.» Croire que la pénurie de main-d'œuvre éliminera complètement le chômage serait une illusion, selon lui.
De plus, certaines entreprises décident de supprimer des postes par l'automatisation ou la numérisation lorsqu'elles ne trouvent pas de candidats adéquats. Dans certaines circonstances, cela leur revient à moins cher que de former quelqu'un qui ne correspond pas d'emblée au poste.
Pénurie de personnel dans la cuisine?
Bien sûr, on trouve des récalcitrants. Des entreprises qui refusent absolument d'embaucher des plus de 50 ans ou des personnes qui changent de métier, qui ne sont pas prêtes à renoncer à leurs exigences malgré la pénurie de main-d'œuvre. «Mais ils sont l'exception», souligne Simon Wey. «En principe, dans la situation actuelle, ce sont les travailleurs qui ont le plus de poids.»
Pour les personnes au chômage, ces affirmations sont une maigre consolation. C'est le cas de Volker Joh qui, en tant que cuisinier qualifié, devrait être une aubaine pour la branche de la restauration. L'association professionnelle Gastrosuisse ne veut pas répondre à la question de savoir pourquoi les restaurants ne sont apparemment pas prêts à donner une chance à un homme de 59 ans tel que lui, malgré les lamentations sur la pénurie de personnel. Il n'est pas possible d'évaluer le cas particulier, se contente-t-on de dire.