Le registre foncier genevois a-t-il quelque chose à cacher? Il refuse de confirmer si la villa de l’épouse d’une oligarque russe a été saisie. Vérifier que l’autorité a respecté les sanctions du Conseil fédéral concernant l’Ukraine est donc impossible. C’est ce que révèle la «Handelszeitung».
Le bien concerné est la luxueuse villa «Belle Haven» située à Cologny. Alina Kabaeva, la maîtresse du président russe Vladimir Poutine, y aurait séjourné à plusieurs reprises. La propriété appartient à Elena Timchenko et à son fils Ivan. Elle figure depuis le 13 avril sur la liste des personnes sanctionnées de la Confédération en raison de sa proximité avec le président russe. Les conséquences sont les suivantes: elle n’a plus le droit d’entrer en Suisse. En outre, la vente ou le transfert de sa villa sont interdits.
Richissime négociant très proche de Poutine
Elena Timchenko est à la tête de la Timchenko Foundation, qui soutient différents projets caritatifs en faveur d’enfants et de familles. On lui reproche désormais de financer la fondation avec l’argent de son mari Gennady Timchenko, qui joue de temps en temps au hockey avec Poutine. Le riche négociant en matières premières serait l’une des figures centrales du financement de la guerre en Ukraine.
Détail piquant: il n’existe aucune base légale pour que le registre foncier refuse la transparence qui lui est demandée. Il est tenu de rendre public ce genre de saisie. C’est ce que confirment deux avocats et conseillers nationaux à la «Handelszeitung». Même l’autorité de surveillance compétente, l’Office fédéral de la justice (OFJ), admet sur demande qu’il n’y a pas de disposition explicite permettant de refuser de fournir des informations.
Réaction des politiques
Pourtant, l’Office fédéral couvre la procédure du registre foncier genevois, provoquant ainsi l’intervention des politiques. Le conseiller national vaudois des Verts Raphaël Mahaim veut porter l’affaire devant le Conseil fédéral par le biais d’une intervention parlementaire.
(Adaptation par Thibault Gilgen)