Cette semaine, Albert Rösti devra faire un grand écart au Parlement. La révision de la loi sur le CO2 y sera débattue à partir de mercredi. L'objectif est de réduire de moitié les émissions nationales de gaz à effet de serre d'ici à 2030. Pour ce faire, une augmentation du prix de l'essence est attendue.
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Avant son élection au Conseil fédéral en 2022, Albert Rösti a présidé pendant quelques mois l'association des importateurs suisses d'automobiles Auto-suisse. À l'époque, sa devise était: «Si tu veux éviter une hausse du prix de l'essence, vote pour l'UDC.»
En tant que membre du gouvernement national, Albert Rösti risque désormais de devoir lutter contre la ligne de son propre parti.
Carburants renouvelables
Avec cette révision, l'article sur l'obligation de transfert obligerait le secteur automobile à mélanger à l'avenir plus de carburants renouvelables à l'essence et au diesel. L'augmentation du prix par litre d'essence serait alors probablement de cinq centimes au maximum.
Le projet du Conseil fédéral est largement soutenu par les commissions des transports des deux chambres. L'ambiance n'est pas aussi bonne du côté de l'UDC. Le conseiller national Christian Imark estime que cet article va trop loin. Le nouveau président de la Commission de l'environnement, de l'aménagement du territoire et de l'énergie (CEATE) veut totalement supprimer cette obligation de transfert. Il déclare: «L'obligation de transfert et les modifications de l'obligation de compensation vont renchérir les prix à la pompe d'environ dix centimes par litre.»
Christian Imark espère que sa proposition de suppression trouvera une oreille attentive au Conseil national. Il ajoute: «Le ministre de l'Energie Albert Rösti se prononce lui aussi contre l'obligation de transfert.» Peut-être, mais son devoir de collégialité lui fera tenir un autre discours.
Selon le conseiller national UDC, l'augmentation du prix de l'essence a été la principale raison pour laquelle les électeurs ont rejeté la révision totale de la loi sur le CO2 en été 2021. «Maintenant, le Conseil fédéral risque de voir un nouveau référendum lancé.»
Pas de demi-mesures
De son côté, la conseillère nationale socialiste Gabriela Suter ne veut pas de souplesse dans la loi CO2. À l'inverse de Christian Imark, l'Argovienne ne croit pas que le prix de l'essence ait été décisif pour le non dans les urnes sur le sujet: «La configuration ce jour-là était tout simplement malheureuse», estime-t-elle.
«Croire que seule une révision sans ambition de la loi sur le CO2 est prometteuse est à mon avis une erreur», poursuit Gabriela Suter.
Cette dernière souligne que la Suisse s'est fixé des objectifs climatiques clairs après l'accord de Paris. De plus, l'été dernier, la loi sur la protection du climat a été clairement adoptée. «Si nous ne mettons en œuvre que des mesures timides, nous devrons agir d'une manière beaucoup plus forte dans quelques années», prévient la socialiste.