Les sociétés privées sont mécontentes
Swisscom veut se lancer dans les assurances

Swisscom veut faire plus que de la télécommunication: l'entreprise étudie l'introduction de nombreuses prestations d'assurance. Les société privée ne s'en réjouissent pas.
Publié: 25.11.2023 à 13:10 heures
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Swisscom interroge sa clientèle sur une extension des prestations d'assurance.
Photo: keystone-sda.ch
Joschka Schaffner

Swisscom suscite le mécontentement avec l'un de ses sondages. En effet, la clientèle y est interrogée, entre autres, sur son intérêt pour les assurances ménage, responsabilité civile et protection juridique. Il ressort de ce sondage que Swisscom souhaite lancer progressivement ce type d'assurance à partir de 2024, comme l'a indiqué un client à l'«Argauer Zeitung».

L'entreprise confirme qu'à l'avenir, elle ne limitera plus son offre à la vente d'abonnements de téléphonie mobile, de connexions Internet ou de décodeurs TV. Dans le cadre d'une enquête de marché, Swisscom a analysé l'intérêt de certains clients pour de telles offres, confirme la porte-parole Annina Merk. Elle ajoute que Swisscom propose déjà une assurance appareils et une cyberassurance. «Nous étudions actuellement une extension de l'offre afin de répondre aux besoins des clients en matière de solutions simples et numériques.»

Trop proche de l'État?

Pour ce faire, l'entreprise serait en discussion avec différents partenaires. Selon Annina Merk, on ne sait pas encore à l'heure actuelle si des produits seront lancés et lesquels. Swisscom ne veut pas en dire plus.

Mais cette nouvelle stratégie fait-elle encore partie de la mission du groupe de télécommunications, détenu à 51% par la Confédération? «Nous ne voyons ici aucune contradiction avec le mandat de service universel ou avec les objectifs de la Confédération pour Swisscom», répond la porte-parole de l'entreprise. Elle fait toutefois remarquer que même pour les futures assurances, on n'agirait qu'en tant que vendeur et intermédiaire. Axa est déjà responsable en arrière-plan des assurances cyber et appareils proposées aujourd'hui.

L'offensive d'assurance prévue par Swisscom n'est pas bien accueillie par les concurrents privés. Ils n'ont pas eu connaissance de l'enquête, explique Thilo Kleine, porte-parole de l'Association Suisse d'Assurances (ASA): «Mais en principe, on peut dire que l'ASA observe toujours d'un œil critique l'extension d'entreprises étatiques ou proches de l'État dans différents domaines de l'économie privée.» Les entreprises majoritairement détenues par l'État comporteraient le risque d'une concurrence inégale.

Les concurrents privés craignent des conflits d'intérêts

Des avantages injustifiés pourraient ainsi apparaître. «Par exemple par des subventions croisées de l'État, des avantages réglementaires ou par l'accès aux ressources et aux informations de l'État», explique Thilo Kleine. La critique de l'économie privée a du poids: parmi les membres de l'ASA figurent notamment les assureurs La Mobilière, la Vaudoise et Zurich.

Selon Thilo Kleine, la question d'éventuels conflits d'intérêts qui pourraient résulter d'une extension de l'offre d'assurance se pose en outre chez Swisscom. «Notamment lorsqu'il s'agit de la protection des données et de l'utilisation des données des clients, qui sont particulièrement précieuses pour le marché de l'assurance.»

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