Les salaires grimpent dans l'administration
La prime salariale des fonctionnaires est encore plus élevée que ce que l'on pensait

Une différence salariale marquée existe entre les salaires dans le secteur privé et dans l'administration. Une nouvelle étude de l'IPW vient étayer cette hypothèse et montre que les écarts sont encore plus importants que l'on ne pensait.
Publié: 13.06.2024 à 18:11 heures
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Celui qui travaille dans une administration gagne mieux sa vie que dans le secteur privé à poste égal.
Photo: Keystone
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Jean-Claude Raemy

Que c'est bon d'être fonctionnaire fédéral! A emploi comparable, avec la même qualification et le même niveau de hiérarchie, on y gagne en moyenne 11,6% de plus que dans le secteur privé – une jolie «prime salariale administrative», qui existe également pour les employés des cantons et des communes.

C'est ce qu'a démontré l'Institut de politique économique suisse (IWP) de l'Université de Lucerne l'année dernière dans une étude. Basée sur les données de l'Enquête suisse sur la population active (ESPA), l'étude montre que le salaire annuel moyen pour un poste à temps plein dans l'administration fédérale est de 118'457 francs, alors qu'il est de 92'723 francs dans le secteur privé suisse. Une différence de plus de 25'000 francs par an – ou de 2000 francs par mois!

La prime salariale moyenne de 12% est confirmée

Ces résultats ont engendré un vif débat public. L'IWP a donc décidé de mener une étude approfondie. Les données élargies de l'ESPA ont été comparées à celles de l'enquête sur la structure des salaires (LSE) de l'Office fédéral de la statistique.

Conclusion: la prime salariale moyenne de près de 12% de la Confédération se confirme. «Les nouveaux calculs laissent supposer que la prime salariale est même légèrement supérieure», explique Christoph Schaltegger, auteur de l'étude et directeur de l'IWP.

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«Les nouveaux calculs laissent supposer que la prime salariale est même légèrement supérieure»
Christoph Schaltegger
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Les femmes sont pour une fois avantagées

Selon la nouvelle étude, la prime salariale est la plus élevée au bas de l'échelle des salaires (19%) et la plus basse au haut de l'échelle des salaires (4%) à la Confédération. En d'autres termes, un salaire de débutant à la Confédération est supérieur de près de 20% à celui d'un «jumeau statistique» dans le secteur privé.

A noter que les femmes sont – pour une fois – avantagées. Selon l'ESPA, la prime salariale moyenne pour les femmes dans l'administration fédérale est de 14,4%, alors qu'elle n'est «que» de 11,0% pour les hommes. Pour les administrations cantonales et communales, les différences entre les sexes sont moins marquées.

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«Dans la plupart des pays développés, il existe des primes salariales administratives, et elles sont les plus élevées pour les bas revenus et plus importantes pour les femmes que pour les hommes»
Christoph Schaltegger
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Une comparaison internationale montre que ce phénomène n'est pas inhabituel. «Dans la plupart des pays développés, il existe des primes salariales administratives, et elles sont les plus élevées pour les bas revenus et plus importantes pour les femmes que pour les hommes», précise Christoph Schaltegger.

En quoi est-ce problématique?

Les résultats de l'étude confirment les rumeurs selon lesquelles l'administration publique verse des salaires particulièrement élevés. Ce n'est pas fondamentalement une mauvaise chose. Mais la pression exercée sur la Confédération pour faire des économies crée aussi une obligation de justifier ses dépenses – et environ 10% de celles-ci concernent le personnel fédéral.

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«Les employeurs privés à la recherche de jeunes travailleurs se voient contraints d'augmenter les salaires au-dessus de ceux du marché ou de couvrir leurs besoins par des spécialistes venus de l'étranger»
Christoph Schaltegger
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Mais fondamentalement, les salaires élevés de l'administration impliquent une distorsion importante dans la concurrence pour la main-d'œuvre: «Les employeurs privés à la recherche de jeunes travailleurs se voient contraints d'augmenter les salaires au-dessus de ceux du marché ou de couvrir leurs besoins par des spécialistes venus de l'étranger», explique Christoph Schaltegger.

Les communes et les cantons ne peuvent pas rivaliser avec la Confédération

Mais les communes et les cantons ne peuvent pas non plus rivaliser avec la Confédération en matière de salaires. Christoph Schaltegger se demande donc si cet attrait de l'État central pour les spécialistes est véritablement «favorable au bon fonctionnement du fédéralisme». Dans tous les cas, la nouvelle étude montre clairement que la Confédération doit agir selon lui: «La modération salariale est de mise.»

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