Skier à Andermatt en hiver, naviguer son yacht à Flüelen en été? L'investisseur égyptien Samih Sawiris, connu pour ses investissements dans le village alpin d'Andermatt, rêve de transformer le canton d'Uri en paradis pour le tourisme haut de gamme. Il projette de construire deux ports de plaisance au bord du lac d'Uri, l'un des bras du lac des Quatre-Cantons. Il prévoit de construire dans la foulée des hôtels trois étoiles, des appartements et des restaurants aux alentours des deux «marinas». Il a déjà trouvé les sites, notamment celui de l'ancienne usine d'explosifs Cheddite. Le président de la commune de Seedorf, Toni Stadelmann, a annoncé la nouvelle lors de l'assemblée communale de la semaine dernière, comme l'écrit la «Luzerner Zeitung».
Le milliardaire Samih Sawiris compte parmi ses soutiens l'ancien conseiller aux Etats Isidor Baumann. Le chargé de projet pour la planification des ports de plaisance a d'excellentes relations dans le canton d'Uri. Il a donc personnellement informé le conseil municipal que Samih Sawiris et la société Cheddite s'étaient mis d'accord sur l'achat du terrain.
«Le changement de propriétaire devrait avoir lieu prochainement. Il faut pour cela que différentes conditions soit remplies: les collaborateurs doivent trouver un emploi dans la nouvelle entreprise et les sites contaminés doivent être nettoyés», explique le président de commune Toni Stadelmann.
La «Marina» ne correspond pas au lac d'Uri
Le réaménagement ne suscite pas l'enthousiasme de tous. Eveline Lüönd, présidente des Verts uranais, critique la dépendance croissante du canton vis-à-vis d'un seul investisseur, qui a véritablement bouleversé le paysage d'Andermatt. Elle critique aussi le fait que le canton se rende de plus en plus tributaire du tourisme. Interrogée par la NZZ, la conseillère cantonale confirme: «Nous ne voulons pas d'un deuxième Andermatt». Les ports de plaisance ne doivent donc pas devenir une zone exclusive pour clients fortunés. La rive du lac est en outre une zone sensible qui revêt de l'importance pour tout le canton. «La Voie suisse (un sentier de randonnée fort apprécié, ndlr.) passe notamment par là», poursuit l'écologiste.
Raimund Rodewald, le directeur de la Fondation suisse pour la protection et l'aménagement du paysage, est lui aussi alarmé. Le terme même de «marina» le choque. «Cela ne convient pas au lac d'Uri», déclare-t-il à la NZZ. Il a déjà pris contact avec Samih Sawiris, car le paysage et la biodiversité de cet endroit unique ne doit en aucun cas être endommagé.
Le projet doit impliquer toutes les parties
L'ancien conseiller d'état PDC Isidor Baumann a déjà assuré au conseil municipal de Seedorf que tous les cercles concernés seraient impliqués dans la suite du processus de planification. «Cela comprend notamment les communes, la population, le canton, la Confédération et les organisations environnementales», a renchéri le président de commune Toni Stadelmann.
(Adaptation par Jocelyn Daloz)