Le marché de l'immobilier n'est plus à la fête. Les vendeurs sont devenus plus prudents, renonçant à obtenir un rendement maximal pour les maisons individuelles qu'ils mettent sur le marché. C'est ce que montre le Swiss Real Estate Offer Index. Cet indice a baissé en novembre pour la deuxième fois consécutive et révèle un glissement sensible des prix des logements individuels.
Est-ce un retournement de situation sur le marché immobilier? La chute des prix va-t-elle encore s'accélérer dans les prochains mois? «Non, on ne peut pas en déduire un inversement de tendance, explique Robert Weinert, coresponsable de la recherche chez le conseiller immobilier Wüest Partner. Les prix ne sont pas en chute libre, de nombreux indicateurs de prix indiquent que le marché est encore stable.»
Claudio Saputelli, responsable de l'analyse immobilière chez UBS, n'hésite pas à parler d'un «marché robuste». «Pour l'instant, les chiffres sont encore étonnamment bons, assure-t-il. Il faut des taux de croissance négatifs pendant plusieurs mois avant de pouvoir parler de tendance à la baisse.»
Sur l'immobilier en Suisse
Hausse des coûts du logement pour tous
Donato Scognamiglio, chef de la société de conseil immobilier Iazi, ne dramatise pas non plus. «Maintenant, les règles du jeu changent sur le marché immobilier», avance-t-il. Car le contexte a évolué, les taux hypothécaires et les charges augmentent, l'inflation grignote le budget. «Petit à petit, les gens que ça va coûter plus cher s'ils achètent», ajoute-t-il. Le coût du logement augmente également pour les propriétaires, pas seulement pour les locataires.
À cela s'ajoute l'incertitude quant à l'évolution future de l'économie: il y a trop de points d'interrogation pour pouvoir réfléchir sereinement à l'achat d'une maison. Les acheteurs potentiels calculent donc plutôt s'il ne vaudrait pas mieux, sur le long terme, louer qu'acheter.
Signes de refroidissement
Les propriétaires désireux de vendre en sont bien conscients. Ils intègrent ces paramètres dans leur offre, ce qui fait légèrement baisser les prix - ou, du moins, les empêche jusqu'à maintenant de monter. Pendant la crise du coronavirus, certaines régions avaient en effet connu des hausses de prix allant jusqu'à 10% en l'espace d'un an.
Il y a toutefois déjà des signes d'un léger ralentissement. «L'offre d'immobilier a quelque peu augmenté, mais la demande a légèrement diminué», observe Robert Weinert. Claudio Saputelli, lui, va encore plus loin en parlant de ses expériences avec les clients. «La demande a baissé de manière décisive. Le nombre de contrats de réservation a baissé de 60 à 70%», tranche-t-il.
Les acheteurs potentiels ne font donc plus la queue pour acheter les biens. Mais à l'inverse, cela signifie aussi que les vendeurs ne peuvent plus faire monter les prix à volonté.