Les personnes vivant dans un appartement en location ont dû être agacées plus d'une fois ces dernières années en constatant qu'être propriétaire de son logement coûtait moins cher que d'en être locataire. En effet, les taux d'intérêt hypothécaires étaient si bas qu’il était financièrement plus intéressant d’acheter une maison malgré un endettement élevé. Pour les locataires - qui représentent environ 60% de la population suisse - cette situation devait laisser un arrière-goût amer dans la bouche.
Mais la situation a changé! Jusqu’à récemment, acheter revenait moins cher dans presque toute la Suisse. Puis les taux d'intérêt ont augmenté: les acheteurs de maisons paient désormais 3% ou plus pour une hypothèque fixe. «Cela a eu pour conséquence que les locataires s’en sortent soudainement bien», explique Donato Scognamiglio, chef de la société de conseil immobilier Iazi, à Blick.
La densité de la population, un facteur déterminant
«Il faut vraiment s’installer loin en campagne pour que l’achat d’une maison individuelle soit encore rentable», affirme Donato Scognamiglio. Une nouvelle analyse de la société de conseil montre dans quelles communes il est aujourd’hui rentable d’être locataire.
L’entreprise a calculé et comparé, pour chaque commune de Suisse, les coûts mensuels sur les dix prochaines années pour les propriétaires d’un appartement neuf en copropriété de 120 mètres carrés et pour les locataires. Un taux hypothécaire de 3% a été utilisé pour les calculs.
Résultat: partout où la densité de population est élevée, les propriétaires de maisons individuelles s’en sortent mal. Et cela ne concerne de loin pas que les villes.
Genève, championne romande des locations
En Suisse romande, les disparités régionales sont importantes. Dans la quasi-totalité des communes du pourtour lémanique, il est désormais plus rentable de louer une maison ou un appartement que d'en devenir propriétaire. Ainsi, les personnes vivant dans un appartement loué à Vevey (VD) économisent en moyenne 25% par mois par rapport aux propriétaires. C'est plus que les locataires dans d'autres villes vaudoises comme Morges (20%) et Nyon (15%), ou comme Versoix (GE, 5%). Mais moins qu'à Lausanne (30%) ou Genève (45%), ville romande la plus propice aux locataires - loin devant Neuchâtel et Fribourg (5%). À Yverdon-les-Bains (VD), avec la hausse des taux hypothécaires, locataires et propriétaires paient désormais le même montant mensuel pour habiter dans un appartement équivalent.
À l'inverse, il fait bon d'acheter une maison dans certaines régions comme le Jura, le Valais romand ou encore le Gros-de-Vaud. La palme d'or des communes les plus favorables aux propriétaires revient à Isérables (VS), Hauteville (FR), Montet (FR), Mettembert (JU) et Châtillon (JU). Dans ces localités, les proprios paient en moyenne 30% de moins que les locataires pour un même logement.
Les locataires économisent jusqu'à 55%!
Quid du reste de la Suisse? Dans la commune lucernoise d’Ebikon, un locataire doit s’attendre à des frais de logement mensuels de 2800 francs en moyenne sur les dix prochaines années. Un propriétaire doit quant à lui payer en moyenne 3100 francs par mois pour un appartement neuf avec une hypothèque fixe sur dix ans et un prêt à 80%. À Ebikon, les locataires paient donc en moyenne 10% de moins par mois que les propriétaires. Dans la ville de Lucerne, la différence atteint même 25%.
À Adliswil (ZH), un propriétaire d’un appartement neuf paie environ 1000 francs de plus par mois qu’un locataire d’un appartement comparable. Et à Samedan (GR), les locataires économisent 30% par rapport aux propriétaires.
La situation est encore plus extrême dans la commune de Zoug. Ici, un propriétaire paiera en moyenne 55% de plus par mois qu’un locataire au cours des dix prochaines années.
Acheter ou ne pas acheter: telle est la question
Être locataire est à nouveau avantageux dans de nombreux endroits en Suisse: dans une grande partie des cantons de Zurich, Lucerne, Grisons, Bâle-Ville et Bâle-Campagne, Genève et Saint-Gall. Mais aussi dans certaines régions des cantons de Vaud, du Valais, d’Appenzell Rhodes-Intérieures et d’Appenzell Rhodes-Extérieures.
«La décision de louer ou d’acheter ne dépend évidemment pas uniquement de l’aspect financier», explique Donato Scognamiglio. L’expert immobilier ne déconseille donc pas systématiquement l’achat d’une maison. Ce qui est déterminant, c’est notamment de savoir si un acheteur de maison dispose des fonds propres nécessaires à cet effet. Et s’il peut se permettre de payer les intérêts hypothécaires – même s’ils continuent à augmenter.