Les prisons suisses sont pleines!
Des lits pliants et des conteneurs pour loger les détenus?

La justice suisse est surchargée. Et par conséquent, les prisons et centres de détention arrivent à la limite de leurs capacités. Mais le canton de Berne a trouvé une alternative: héberger les détenus dans des conteneurs et les faire dormir sur des lits pliables.
Publié: 04.05.2024 à 12:01 heures
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Dernière mise à jour: 04.05.2024 à 12:18 heures
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Les prisons suisses sont pleines: la prison préventive d'Olten est prévue pour 36 détenus mais en mars, 42 étaient incarcérés.
Photo: Manuel Geisser
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Sophie Reinhardt

Les détenus de la prison régionale de Thoune vont devoir s'habituer à la proximité extrême. Le centre de détention est actuellement plein à craquer. En mars, il comptait 105 personnes incarcérées, alors que l'établissement n'est conçu que pour accueillir 87 détenus.

Comment faire pour gérer l'affluence? Chaque établissement bernois dispose de capacités supplémentaires qui peuvent être mises en service en cas d'augmentation soudaine de la demande, nous explique-t-on à l'Office bernois de l'exécution des peines. Par exemple, utiliser des lits supplémentaires dépliables vissés au mur dans les cellules.

Une augmentation de 7% des détenus

Mais il n'y a pas qu'à Thoune qu'on est à l'étroit. Les prisons suisses sont pleines, voire parfois même surpeuplées. En mars, le taux d'occupation des établissements vaudois et genevois était de plus de 110%. Celui de Soleure atteignait 106%. C'est ce qui ressort des statistiques du Centre suisse de compétence pour le secteur pénitentiaire, qui coïncide avec les derniers chiffres de l'Office fédéral de la statistique (OFS).

La population suisse augmente depuis des années et les délits, avec elle. En 2023, 14% de délits supplémentaires ont été enregistrés par rapport à l'année précédente. Le nombre de places libres dans les prisons est donc plutôt en train de diminuer.

C'est probablement la raison pour laquelle 94,9% de toutes les places de détention étaient occupées fin janvier dans toutes les prisons du pays. Un record, qui n'avait plus été atteint depuis 2014, indique l'OFS. Au total, 6881 personnes étaient incarcérées fin janvier, soit 7% de plus qu'il y a un an.

Une justice surchargée entraîne un manque de places

Dans le canton de Berne, on constate une nette augmentation de la détention de sécurité et de l'exécution des courtes peines. La détention de sécurité concerne les personnes inculpées qui attendent leur procès. Comme la justice est surchargée, les procédures en suspens s'accumulent dans les tribunaux et de nombreuses personnes concernées attendent des années en prison avant d'être jugées.

Pour sortir de cette impasse, le canton de Berne a envisagé une solution: installer des conteneurs pour héberger les détenus dans les prisons existantes, rapporte le «Berner Zeitung». Des grilles protégeraient les fenêtres des installations. Le canton de Bâle-Campagne en avait déjà mis en service il y a dix ans pour créer des places de détention supplémentaires.

Soleure aussi doit s'agrandir

Dans le canton de Soleure aussi, les prisons préventives, dans lesquelles sont détenues en premier lieu des personnes qui n'ont pas encore été condamnées par un jugement entré en force, sont pleines. Michael Leutwyler, chef de l'Office de l'exécution des peines, explique que l'on examine actuellement la possibilité de réaffecter des locaux adjacents à la prison d'Olten.

Fin janvier, près de 2100 personnes se trouvaient en détention préventive ou en détention de sécurité dans toute la Suisse. Il s'agit du deuxième chiffre le plus élevé depuis le début des enquêtes en 1988, précise la Confédération.

Violation des droits de l'homme chez les détenus

Dans les cantons de Genève et Vaud, la situation est encore plus dramatique qu'en Suisse alémanique. La prison genevoise de Champ-Dollon est surpeuplé. En mars, 521 détenus y vivaient, alors que la prison est prévue pour 400 personnes.

Depuis des années, les détenus se plaignent du manque de place dans ce centre. Ils ont obtenu gain de cause à plusieurs reprises: en 2016, le Tribunal fédéral a décidé que les conditions de détention dans la plus grande prison de Genève étaient contraires à l'interdiction de la torture inscrite dans la Convention européenne des droits de l'homme. Il a partiellement admis le recours d'un détenu qui, pendant 136 jours, a occupé moins de quatre mètres carrés à lui-seul.

Pas assez de prisons en Suisse

Interrogé à ce sujet, le canton de Genève a indiqué que malgré la surpopulation, aucun détenu ne devait pour l'instant se contenter de si peu d'espace.

Selon les autorités, 40% des détenus sont des personnes qui purgent une peine, et ce bien que la prison soit en fait prévue pour des personnes en détention provisoire. La raison? Il n'y a pas assez de places dans les autres établissements du canton pour l'exécution des peines. Le canton a présenté un plan pour résoudre ce problème de place. Mais il faudra des années avant que de nouvelles prisons ne soient construites. Quoique: Fribourg vient juste d'inaugurer son nouveau centre pénitentiaire.

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