De plus en plus de pays doivent prendre des mesures pour faire face au variant Omicron, qui se propage rapidement en Europe. Il faut de grands moyens pour le contrer et l'idée d'utiliser des masques plus efficaces fait son chemin sur le continent. Le Land allemand de Basse-Saxe introduit ce mardi l'obligation de porter un masque FFP2 dans les magasins, tandis que l'Autriche l'a généralisée à tous les lieux intérieurs.
Cette protection faciale «en forme de bec de canard», dont la capacité de filtration est plus élevée, est censée freiner la transmission de ce virus, qui se propage par aérosols. Les épidémiologistes conseillent vivement le FFP2 pour endiguer la nouvelle vague liée au variant Omicron. Des experts genevois font particulièrement entendre leur voix à ce sujet. A Genève, 11% des échantillons séquencés ont déjà été identifiés comme des cas d'Omicron, hautement contagieux.
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Il faut donc réagir de toute urgence. L'épidémiologiste genevoise Olivia Keiser déclare ainsi dans le «Tages-Anzeiger» que la règle des 2G n'a de sens qu'en la combinant avec une obligation de porter un masque FFP2 «bien ajusté». Elle accompagne sa déclaration d'une vidéo portée sur Twitter montrant comment utiliser cette protection.
Tests et masques dans la boîte aux lettres
Sa collègue Isabella Eckerle lui emboîte le pas sur le même réseau. Elle va même plus loin, suggérant de «repousser Noël et tout ce qui va avec – le business, les marchés, Noël en lui-même et les grandes réunions - au mois de février». «Au lieu de tout ça, il faudrait booster de toutes nos forces pendant les fêtes! Plus des tests rapides gratuits et des masques FFP2 distribués dans toutes les boîtes aux lettres», conclut-elle.
Dans ses recommandations pour endiguer la pandémie, Antoine Flahaut, directeur de l’Institut de santé globale à Genève, insiste lui aussi sur la nécessité de disposer de tels masques, et de les rendre gratuits.
Mais le variant se répand comme une traînée de poudre en Suisse. Selon la «NZZ am Sonntag», les hôpitaux de tout le pays se préparent à la nouvelle vague. Et l'une des mesures prises est justement... le port du masque FFP2. «Pour éviter des épidémies massives parmi le personnel soignant, celui-ci doit désormais porter les masques FFP2 très serrés dès qu'il risque d'entrer en contact avec le virus», précise le journal.
L'OFSP attend
Même si de plus en plus d'études montrent que les masques «à bec de canard» protègent mieux que les chirurgicaux, moins chers, l'Office fédéral de la santé publique (OFSP) n'a toujours pas franchi le pas: il tarde à les recommander pour le grand public. Le même débat fait d'ailleurs rage de l'autre côté de la frontière, où le président de la société française d'hygiène hospitalière a irrité la sphère médicale en déclarant que le port de ce masque pourrait être inutile, car il est compliqué à utiliser.
En Suisse, le même argument est utilisé. On entend régulièrement dire que la population ne porterait pas correctement les masques FFP2, de sorte que la protection ne serait pas plus élevée qu'avec les masques respiratoires plus simples. Ce qui peut rappeler amèrement le printemps 2020, lorsque la Confédération n'avait pas pu se résoudre à souligner l'utilité du port du masque.
Lorenz Hess pour l'obligation du FFP2
Le débat fait réagir les politiciens. Des personnalités issues de tout l'échiquier politique se prononcent en faveur du FFP2. Pour le conseiller national du Centre Lorenz Hess, il est clair que «si les spécialistes se prononcent en faveur d'une obligation de porter le masque FFP2, notre taskforce scientifique doit l'examiner. Et si celle-ci confirme l'utilité justement dans la lutte contre Omicron, il devra être porté partout où cela a du sens.» Peut-être qu'au restaurant, un masque traditionnel suffirait pour se rendre à table ou aux toilettes, «mais dans les magasins ou les transports publics, je serais favorable à une obligation du FFP2».
Pour la conseillère nationale PS Flavia Wasserfallen, une telle obligation est aussi une option, mais qui doit être couplée à des limitations de capacité, par exemple dans les magasins, pour réduire le nombre de contaminations. Mais elle n'est pas fermée à des mesures plus strictes. «Je serais favorable à une interdiction temporaire de consommer dans les transports publics», explique-t-elle. On voit trop souvent des gens qui passent tout le trajet de Zurich à Berne à «manger leur sandwich assez lentement pour ne pas avoir besoin de mettre un masque».
Flavia Wasserfallen ne souhaite toutefois pas pour autant diaboliser les masques chirurgicaux. «Les masques en tissu offrent en effet peu de protection, mais ce n'est pas le cas des masques chirurgicaux, qui protègent bien! Suivant les circonstances, le personnel médical leur fait également confiance», explique-t-elle. Et d'ajouter: «Mais j'attends du Conseil fédéral qu'il suive de près l'évolution d'Omicron et qu'il introduise une obligation de FFP2 si la situation épidémiologique l'exigeait.»
Donner gratuitement des masques FFP2
La Bernoise soutient aussi la proposition émanant de Genève: «Tout le monde n'a sans doute pas encore de masques FFP2 chez lui. Je trouve l'idée de déposer quelques masques FFP2 dans toutes les boîtes aux lettres intéressante. En temps de crise, il faut parfois sortir des sentiers battus.»
Le conseiller aux États PLR Josef Dittli ne pense pas pour l'instant que la Confédération devrait offrir des masques FFP2 à la population. Mais la proposition pourrait être examinée dans le cas où ils deviendraient obligatoires, selon l'Uranais. La Confédération devrait commencer par «recommander d'urgence» les masques FFP2 dans les magasins, les transports publics ainsi que dans les espaces intérieurs publics. Selon lui, elle doit aussi se réserver la possibilité de prendre des mesures plus radicales afin de pouvoir réagir rapidement de concert avec les cantons.
(Adaptation par Lauriane Pipoz)