Elles sont au bord de toutes les routes et dans toutes les gares, que ce soit en ville ou dans les villages. Les affiches appelant à voter «oui» à l'initiative sur la justice sont omniprésentes et fleurissent parfois là où les y attend le moins.
Son initiateur, Adrian Gasser, 78 ans et millionnaire, ne veut pas dévoiler le montant du budget de la campagne de promotion du «oui». L'entrepreneur a déjà dépensé un million de francs pour la collecte des signatures et le montant de la campagne elle-même ne devrait pas être inférieur à ce chiffre.
Les opposants se reposent sur la force des arguments
Il en va tout autrement pour le comité d'opposition. Sa coprésidence est composée de six parlementaires de tous les partis. Où sont les affiches ou les annonces? Vous pourrez chercher longtemps dans les gares ou sur le bord des routes. Il n'y a pas de publicité pour le «non». Le groupe de politiciens compte en premier lieu sur la force des arguments, qu'ils jugent évidents.
La question du financement reste en cause. Le conseiller aux Etats libéral-radical Andrea Caroni, du comité des opposants, confirme que le financement peine à trouver son chemin jusqu'à de généreux sponsors.
«Moi et les cinq autres parlementaires coprésidents avons réuni de notre poche 500 francs chacun, soit 3000 francs au total, pour un site web et un logo», précise-t-il. Une somme bien maigre comparée à celle déboursée par Adrian Gasser. Personne ne semble pourtant vouloir dépenser de l'argent pour une question institutionnelle de cette ampleur.
«Un individu s'est acheté une initiative»
«Bien sûr, on saisit chaque occasion pour expliquer pourquoi cette «Initiative pour la justice» n'est pas une bonne idée», réplique Andrea Caroni. Il explique trouver dérangeant que «le débat soit «aussi biaisé». «Un individu s'est pratiquement acheté une initiative et a placardé la Suisse», ironise-t-il.
Andrea Caroni reproche à l'initiateur de faire preuve d'un «deux poids, deux mesures». «Il dénonce les sommes que les juges fédéraux doivent verser à leur parti respectif pour accéder à leur poste. Et en même temps, il n'a manifestement aucun problème avec le fait que sa seule fortune lui permette de s'offrir une promotion de cette taille pour une initiative.»
Le responsable de la campagne balaie les accusations
Beat Aebischer, responsable de la campagne de l'«initiative pour la justice», ne voit aucun lien entre les taxes de mandat et le financement de la campagne. «L'initiative porte sur la séparation des pouvoirs, l'indépendance et la justice», assène-t-il.
L'«initiative pour la justice» demande que les juges candidats au Tribunal fédéral soient à l'avenir désignés par une commission spécialisée indépendante. En cas de pluralité des candidats qualifiés, un tirage au sort serait effectué.
Malgré les nombreuses affiches en faveur du «oui», le camp du «non» a pris l'avantage. Selon un sondage de la SSR de mercredi, seuls 41% des votants seraient en passe de l'accepter, alors que 50% la rejettent.
(Adaptation par Alexandre Cudré)