Les étudiants sont tétanisés
Humiliations, racisme et climat tyrannique dénoncés à la Clinique dentaire de Genève

Humiliations, climat toxique, professeurs tyranniques. La RTS a récolté des témoignages accablants de la part des étudiants de la Clinique universitaire de médecine dentaire à Genève (CUMD). De son côté, l'Université de Genève reconnaît un problème systémique.
Publié: 06.08.2024 à 14:24 heures
La Clinique universitaire dentaire de Genève est dans la tourmente après de nombreux témoignages accablants concernant le comportement du corps enseignant.
Photo: KEYSTONE
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Mathilde JaccardJournaliste Blick

«Je suis terrorisée», confie anonymement Sophie*, une étudiante de la Clinique universitaire de médecine dentaire à Genève (CUMD) au micro du 19h30. «J’ai peur qu’on se venge aux examens si l’école apprend que je témoigne.»

La RTS a récolté plusieurs témoignages similaires d’étudiants du CUMD, qui racontent sortir en pleurs de leurs cours, ou être obligés d’aller voir un psy pour ne pas décompenser. Dans un document accablant datant de février, 43 étudiants sur les 80 au total dénoncent un climat tyrannique, des humiliations, des évaluations arbitraires ainsi que du racisme de la part du corps enseignant.

Étudiants étrangers humiliés

L’enquête, mandatée par les autorités universitaires à la suite d’une lettre anonyme, dénonce particulièrement l’attitude de professeurs à l’égard des étudiants étrangers. Un témoignage relate des moqueries racistes. Selon un extrait de l’enquête publié par la RTS, «il est observé que dans certaines cliniques, les personnes d’origine ethnique différente sont davantage moquées, contrôlées, humiliées».

D’autres comportements dégradants ainsi qu’un sentiment d’impunité ont été constatés par des étudiants. «Plusieurs étudiants ont entendu dans le couloir: "Moi, la charte (ndlr: déontologique), je m’en fous complètement. Si on m’emmerde, je dis que je suis juif et PD, et plus personne ne peut rien faire ou me dire"», est-il précisé dans le document.

Le doyen avoue un problème systémique

Dans la tourmente, le décanat de la faculté de médecine, à laquelle est rattaché le CMUD, reconnaît un problème systémique au micro de la RTS. «Ce ne sont pas juste des problèmes de comportements individuels. Il y a un problème de fond, que j’appellerais un problème de culture inappropriée», martèle le doyen Antoine Geissbülher.

Les formateurs cités dans l’enquête ont été rappelés à l’ordre. Aucune sanction n’a pour l’heure été prise – le doyen indiquant plutôt la volonté «d’expliquer les lignes rouges qui ne seraient pas tolérées», conclut-il pour la RTS. Afin de prévenir de toute humiliation, l’école a toutefois pris des mesures pour les examens à venir.

*Prénom d’emprunt utilisé par la RTS

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