Mercredi, ce sont plus de 100'000 personnes qui ont été empêchées de travailler: 85'622 se trouvaient en isolement consécutivement à un test positif au Covid-19, tandis que 32'886 étaient en quarantaine préventive. Un nombre qui illustre la diminution des «contacts rapprochés» pour chaque cas confirmé de Covid.
La faîtière Economiesuisse s'inquiète de cette paralysie. Elle demande aux autorités de revoir leur gestion concernant le Covid avec une mesure phare: réduire l'isolement des personnes malades de moitié, à savoir cinq jours en l'absence de symptômes.
Déjà acquis pour la quarantaine
Les cantons ont déjà fait un pas dans la direction d'un allègement des mesures, mais seulement en ce qui concerne les quarantaines (donc les cas «contact»): la mise à l'écart a été réduite de 10 à 7 jours, et seul l'entourage personnel direct des individus infectés doit rester à la maison. Le Conseil fédéral va leur emboîter le pas et régler la question de manière uniforme dans une ordonnance prochainement.
En revanche, la réduction de la durée d'isolement se heurte à davantage de réticences. D'abord parce que l'on manque de recul sur les effets d'Omicron, le variant désormais dominant dans notre pays. Et parce que les conséquences économiques d'un isolement ne sont pas dramatiques: le télétravail est de toute manière obligatoire.
Certes, cela pose problème pour de nombreuses professions, de la menuisière au coiffeur en passant par l'infirmier, mais la grande majorité des travailleurs de notre pays est capable de se «rendre au travail» en passant de la chambre à coucher au bureau avec un détour par la machine à café.
Les acteurs de la santé opposés
Surtout, les 118'508 personnes à l'isolement ou en quarantaine ne sont pas tous dans la vie active: il y a des parmi cette population des enfants et des retraités. Les cantons ne voient pas les choses de la même manière qu'EconomieSuisse, en particulier leurs directeurs de la Santé: «Une éventuelle réduction de la durée d'isolement doit se justifier scientifiquement et s'appuyer sur des connaissances robustes au sujet de la période d'incubation», expliquent-ils. La contagiosité exacte d'Omicron et la période d'incubation ne sont pas claires.
L'épidémiologiste Olivia Keiser, de l'Université de Genève, se montre très sceptique en raison de l'absence de données scientifiques en la matière. «Je n'ai vu jusqu'ici aucune étude qui plaiderait en faveur d'une réduction de l'isolement à cinq jours», assure-t-elle. En revanche, un certain consensus se formerait autour d'un contagiosité bien après cinq jours.
La scientifique incite donc à la prudence. «Si un raccourcissement devait vraiment être nécessaire, il ne devrait pas être en-deçà de sept jours, et avec des moyens de contrôle comme des tests négatifs.»