Les cantons contre Berset
Ils veulent que les tests soient gratuits jusqu'à 16 ans

À partir d'octobre, les tests rapides ne seront plus gratuits pour les personnes asymptomatiques. Alain Berset souhaite conserver la gratuité pour les jeunes de moins de 12 ans qui ne peuvent pas encore se faire vacciner. Or, des cantons veulent rehausser cette limite.
Publié: 20.08.2021 à 05:51 heures
|
Dernière mise à jour: 20.08.2021 à 06:53 heures
1/6
Alain Berset a annoncé la fin de la gratuité des tests rapides dès le 1er octobre pour toute personne de plus de 12 ans asymptomatique.
Photo: keystone-sda.ch
Ruedi Studer, Louise Maksimovic (traduction)

Le Conseil fédéral a augmenté la pression sur les non-vaccinés: à partir d’octobre les tests de dépistage rapides du Covid-19 ne seront plus gratuits pour les personnes asymptomatiques. Pour entrer en boîte ou dans un stade, les personnes non-vaccinées devront donc mettre la main au portefeuille.

«Il n’est pas acceptable que la société dans son ensemble doive payer pour cela», a justifié Alain Berset pendant la conférence de presse de son annonce. Dans l’ensemble, les cantons partagent plutôt l’avis du conseiller fédéral.

Les autotests resteront gratuits pour les personnes qui ne peuvent pas se faire vacciner. Il en sera de même pour les enfants de moins de douze ans qui ne peuvent pour l’instant pas recevoir d’injections en Suisse.

Les cantons veulent rehausser la limite à seize ans

Pour certains cantons, cependant, la limite d’âge est trop basse. Même si les enfants de plus de douze ans peuvent désormais être vaccinés, ils souhaitent que la limite d’âge pour se procurer des tests gratuits soit relevée à seize ans.

Dans le cadre de la consultation sur la nouvelle stratégie nationale de dépistage, les cantons de Bâle-Ville, du Jura, de Vaud et du Valais, par exemple, s’engagent dans ce sens. «Tant qu’une invitation claire n’aura pas été énoncée pour la vaccination des jeunes entre 12 et 15 ans, les tests devraient rester gratuits pour les adolescents de cette tranche d’âge», estime Marco Greiner, porte-parole du gouvernement bâlois interrogé par Blick.

Dans sa réponse au Département de l’intérieur d’Alain Berset, Bâle indique que la Commission fédérale pour les vaccinations (CVF) n’est toujours pas en mesure de dire si les avantages de la vaccination l’emportent sur les risques chez les adolescents en bonne santé de cet âge. «De facto, la réglementation des coûts conduirait à ce que les jeunes ne soient vaccinés qu’en raison des coûts d’une vaccination qui n’est pas (encore) recommandée pour eux.»

Le canton de Vaud insiste également sur la gratuité des tests tant qu’il n’existe «aucune recommandation explicite de vaccination dans cette tranche d’âge». Le canton du Jura va dans le même sens et rappelle que lors de grandes manifestations, le certificat Covid n’est exigé qu’à partir de 16 ans. «Il est donc tout à fait logique de fixer à 16 ans le nombre de tests gratuits pour les enfants asymptomatiques.»

«La vaccination doit être volontaire»

En réalité, les autorités sont encore réticentes à recommander la vaccination: «La vaccination est recommandée aux adultes. Maintenant, tu peux toi aussi te faire vacciner si tu veux te protéger», peut-on lire dans un dépliant de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) adressé aux adolescents.

On peut également y lire: «La vaccination est particulièrement utile si vous souffrez d’une maladie chronique. Ou si vous vivez avec une personne dont le système immunitaire est affaibli, par exemple en raison d’une maladie ou d’un traitement.»

L’OFSP invite donc les jeunes à faire eux-mêmes leur choix pour savoir s’ils veulent se faire vacciner ou non. «La vaccination doit être volontaire», est-il précisé. «Si vous n’êtes pas sûr, vous pouvez attendre.»

Des jeunes peu sûrs, il y en a beaucoup: chez les 10 à 19 ans, moins de 17% d’entre eux sont vaccinés complètement et 7% ont reçu une première dose.

«Qui va payer les tests?»

Il n’y a pas que certains cantons qui voudraient donner plus de marge de manœuvre aux moins de 16 ans. Christoph Berger, président du CFV et pédiatre, est également favorable au rehaussement de la limite de gratuité des tests à 16 ans: «Les jeunes de 12 à 15 ans ne peuvent se faire vacciner que depuis juillet, nous devrions donc leur laisser plus de temps», dit-il.

De plus, bien que deux vaccins, Pfizer/BioNTech et Moderna, aient été approuvés par Swissmedic, seul le vaccin Pfizer est également recommandé par l’OFSP et le CFV. «La semaine prochaine, nous inclurons également Moderna dans notre recommandation», a annoncé Christoph Berger.

Pour lui, d’autres raisons justifient ce changement. «Dans cette tranche d’âge, les gens vont encore à l’école et n’ont pas de revenus. Qui paierait alors les tests si ce n’est leurs parents?», demande ce père de deux enfants.

Il ajoute: «Il est important que les écoles restent ouvertes. Cela n’est possible que si nous n’avons pas un nombre de cas trop élevé et un besoin de mettre en place des quarantaines.» C’est pourquoi, dit-il, il est important que ce groupe d’âge puisse effectuer des tests en amont et à bas coût.

Il veut éviter que les adolescents ne se fassent plus dépister à cause du coût que cela représentera à l’avenir. «La tranche d’âge concernée présente une incidence élevée de cas confirmés sont souvent asymptomatiques», précise le président du CFV. «Il serait dommage que nous ne détections pas ces cas de Covid en raison du coût des tests et que davantage de personnes soient infectées. Cela ne nous rendrait pas service au vu du nombre croissant de cas.»


Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la