Le 1er août, l’UDC a jeté un pavé dans la mare. Les villes suisses vivent-elles au crochet des campagnes?
Le flot de réactions montre que Marco Chiesa a touché une corde sensible avec son discours. Les «parasites des villes» imposent-ils leur vision du monde aux campagnards? En campagnarde devenue citadine, chère Léonore Porchet, trahissez-vous Martin Candinas?
Mes racines de campagnarde et même de montagnarde sont précieuses pour moi et en tant que désormais citadine de gauche qui perd la majorité des votes populaires, je n'ai pas l'impression d'imposer quoi que ce soit à ma famille restée dans le Gros-de-Vaud ou le Val d'Illiez 🙃
Par contre, je sens en effet une augmentation de l'incompréhension et de l'agacement de la part des régions que l'on appelle malheureusement périphériques. C'est dû au fait que nous n'investissons pas assez dans ces régions pour que toute la Suisse puisse participer au changement sans le subir: transports publics, emplois, services de santé, poste, etc...
➡️ La «rationalisation» voulue par les politiques de droite maltraite d'abord les régions de campagne et de montagne.
Je partage ton avis sur le fait que les régions de campagne et de montagne ne sont pas périphériques. Nous sommes au coeur de l'Europe et le capital agricole de notre pays. Pour maintenir ces régions en vie, il faut un service public fort. Tu connais ce refrain, puisque nous sommes parfaitement sur la même longueur d'onde et nous combattons souvent main dans la main au Parlement. On peut prendre pour exemple ici les contributions pour les transports publics, pour un système de santé qui couvre toutes les régions du pays et pour une infrastructure numérique de qualité. Nous n'obtenons que peu de soutien de la droite sur ces questions. C'est un fait.
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Cela étant, il y a un gros problème: les limitations. Dans nos régions de montagne, nous nous sentons de plus en plus dans un corset, qui est si serré que nous en avons presque le souffle coupé. Cela me met en colère. Alors qu'il faudrait nous donner les moyens d'être des lieux de vie attrayants et de réaliser des projets innovants, la tendance va totalement dans l'autre sens. Il faut changer cela!
Tu as absolument raison de souligner que ceux qui attisent le feu de la colère des campagnes contre les villes sont ceux qui font le moins pour ces régions 😡
Cependant, les campagnes et régions de montagne souffrent davantage du manque de lien que des réglementations. C'est en investissant massivement dans les secteurs économiques du lien (avec les autres et avec la nature), comme la santé, l'écotourisme, la culture ou encore l'agriculture vivrière, que l'on va revivifier les centres régionaux. Pas en détruisant leurs trésors naturels et patrimoniaux.
Les gens ne veulent pas bétonner ou menacer la biodiversité à tout prix, ils et elles veulent bien vivre là où ils et elles habitent. Pour cela, cela demande des investissements publics (et donc des ressources publiques = l'impôt progressif)!?
Il faut des investissements dans nos régions de campagne et de montagne. L'argent doit néanmoins venir autant du privé que de la main publique. Pour le service public, nous sommes d'accord, mais les privés n'investiront que s'ils peuvent entreprendre ou au minimum développer quelque chose. C'est là où nous avons un problème aujourd'hui.
Le droit dont disposent les associations pour se plaindre est souvent utilisé à mauvais escient ou détourné comme moyen de pression. La loi sur les résidences secondaires discrimine — désolé pour cette expression un peu sévère — la population locale. Enfin, la loi sur la chasse place le loup sur un piédestal. Les organisations de protection de la nature et de l'environnement nous dépeignent comme des pleurnichards, alors que nous nous battons purement et simplement pour notre existence. Nous ne voulons pas être mis sous perfusion des fonds publics mais plutôt exister par nos propres moyens.
La Suisse doit redonner davantage d'importance au système fédéraliste. C'est sur place, que ce soit en campagne ou dans la ville, que nous savons le mieux ce qui est bien pour nous. Dans nos régions de montagne, nous savons nous-mêmes que la nature est notre capital. Nous avons besoin de davantage de marge de manoeuvre!!
C'est fort le café de dire que la loi sur les résidences secondaires discrimine les habitantes des régions de montagne, puisque ce ne sont justement pas aux résidents permanents qui ont a restreint le «droit» de bétonner le paysage. Et c'est un bon exemple de l'absurdité de penser en espaces clivés dans notre société: tout est lié! Si nous dépassons les limites planétaires (climat, biodiversité et utilisation des sols en tête), ce sont les régions de montagne qui vont en souffrir en premier — c'est déjà le cas!
D'ailleurs, il y a de très nombreux militants en faveur des mesures politiques que tu cites dans les régions de campagne et de montagne. Les associations environnementales font aussi partie du monde politique des milieux ruraux, elles ne sont pas téléportées depuis les villes...
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Le sentiment d'être discriminé que tu décris, il n'est pas causé par le loup ou je ne sais pas quel autre objet de votation, il est causé par le développement économique qui ne profite pas à tout le monde de la même manière, au contraire. Les éleveurs, les propriétaires terriens, les pendulaires, les petits commerces: tous voient s'enrichirent des grosses fortunes et eux ne rien gagner. Cette histoire ville-campagne, c'est juste une idée pour cacher le clivage qui lui a un vrai impact sur la vie en régions rurales: la répartition des richesses et la manière dont chacun peut profiter de la bonne santé financière de la Suisse!?
Alors là, tu as tout faux! Les gens qui habitent ici sont clairement les bêtes de somme de la Loi sur les résidences secondaires, et pas autrement. Les personnes dont il s'agit de la résidence secondaire ou les spéculateurs sont les grands gagnants de cette Loi. Nous devons être sûrs de reloger efficacement la population.
Dans les régions de montagne, il ne s'agit pas d'une question de répartition des richesses, mais de premiers soins et de marge de manoeuvre. Si l'on ne peut pas agrandir les bâtiments existants de 30% et en faire davantage de «cellules divisibles», c'est une absurdité.
Il en va de même si vous voulez démolir et reconstruire une vieille maison sur le même terrain. En ville, cela semble normal et banal. Dans ces régions, les plans de «densité de construction» sont omniprésents et mettent en danger les espaces verts. Dans les zones montagneuses, c'est bien plus compliqué — on met des bâtons dans la roue des personnes désireuse de développer une résidence secondaire.
La LAT (Loi sur l'aménagement du territoire, ndlr.) n'a pas été acceptée que par les cantons urbains, mais aussi par la grande majorité des cantons ruraux. Parce que les habitants des régions de montagne vivent en premier lieu la problématique des lits froids, des centre de villages désertés hors saison touristique, des kilomètres de nature bétonnés à la seconde.
Le problème, c'est surtout la mise en oeuvre des cantons qui ont mis les pieds au mur. Et ta réponse montre bien comme tu ne connais pas la réalité des villes, dans lesquelles les majorités avec des Verts réinjectent des arbres et de la biodiversité avec succès, tout en réduisant la mobilité polluante. Parce que ces efforts en faveur de la vie humaine sur terre (il ne s'agit «que» de ça...) doivent être menés partout. C'est aussi pour cela que les villes demandent à être mieux écoutées. À juste titre!
C'est pour cette raison que je ne considère pas ce débat comme ville contre campagne, mais comme une lutte avec des remèdes modérés pour davantage d'oxygène et de perspectives d'avenir pour nos régions de montagne.
Je sais bien que les villes ont aussi de nombreux chats à fouetter. C'est pour cela que je m'engage aussi en faveur des restrictions pour une politique de mobilité respectueuse de l'environnement et visant à développer les transports publics dans les villes.
Au sein de la commission des transports, j'ai d'ailleurs déposé une motion pour transformer les anciens bus en des véhicules modernes qui peuvent même être neutres en termes de bilan carbone, grâce à des incitations de la Confédération.
C'est par de telles mesures que l'on peut augmenter la qualité de vie dans les villes. J'étais aussi en faveur de la Loi CO₂, quand bien même une grosse part de la population des régions de campagnes tirait à boulets rouges contre ce texte.
Là aussi, les mots-clés sont autres: liberté, solidarité et responsabilité s'ajoutent à un vivre ensemble réussi. Dans cette optique, j'attends donc davantage de compréhension pour mes requêtes en faveur des régions de montagne, ma chère Léonore 😜
Mes racines très ancrées en campagne et en montagne peuvent te rassurer: j'ai beaucoup d'attention pour ces régions 😊
Nous ne sommes juste pas d'accord sur les outils: les villes, les campagnes et les montagnes sont confrontées à des défis immenses qui vont avoir des impacts terribles. Le développement n'est pas le sujet — pour certains lieux, c'est tout simplement de la survie de la communauté dont nous parlons. C'est pour cela que j'ai déposé une motion pour demander un revenu de transition pour les travailleuses et travailleurs qui verront leur emploi transformé ou même supprimé par le réchauffement climatique, les métiers du tourisme d'hiver en tête, mais aussi dans le domaine de l'agriculture et de la viticulture.
Nous devons accompagner ces gens, comme nous devons accompagner ces régions aux profondes transformations qui s'annoncent. Et cela ne saurait se faire sans investissements massifs. Comme pour les transports publics, en ville comme partout, nous sommes tout à fait d'accord!
Et je précise en conclusion que, avec la péréquation en vigueur, ce sont surtout les villes qui vont payer pour ces investissements 😉