Oui, la pandémie a changé notre façon de travailler. Pour le meilleur, ou pour le pire? Deux ans après les premières réunions Zoom en complet chemise-jogging, les études sur le sujet fleurissent. La plupart visent à déterminer si cette pratique est de fait bénéfique pour la société, et si oui, comment la pérenniser.
L’un des récents constats est celui de la frustration des femmes quant à la flexibilité de leur emploi. Une étude réalisée par LinkedIn, et dévoilée par «Le HuffPost», en témoigne: 38% des femmes en France ont quitté ou envisagent de quitter leur poste en raison d’un manque de flexibilité.
À noter que par flexibilité, l’on entend ici la possibilité de travailler à temps partiel, le télétravail, ou encore la gestion de ses propres horaires.
Moins payées et moins libres
En Suisse comme en France, les hommes gagnent toujours entre 10% et 20% de plus que les femmes. Mais comme une injustice n’arrive jamais seule, l’étude en question révèle aussi que les dames sont moins libres que leurs collègues masculins: une femme sur deux travaille de manière flexible chez nos voisins, contre environ deux tiers des hommes (63%).
Et le salaire féminin – en plus de l’inégalité salariale de base – peut s’en trouver péjoré: 57% des travailleuses interrogées ont accepté une réduction de salaire pour plus de flexibilité, alors que 35% triment pendant le même nombre d’heures.
Plus encore: les Françaises poussées à quitter leur emploi faute de flexibilité sont 14% à déclarer que leur carrière a été entravée par la suite.
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Une flexibilité à double tranchant
Selon cette étude, si les femmes sont nombreuses à réclamer davantage de possibilités d’horaires souples et de télétravail, ce dernier peut en réalité se révéler être un cadeau empoisonné.
Le mot-clé étant charge mentale. En bref, les employées à distance sont plus susceptibles d’accomplir du travail non rémunéré – autrement dit du travail domestique – entre deux réunions Zoom que leurs homologues masculins.
Et en travaillant depuis chez elles, les femmes ont également 1,5 fois plus de risques que les hommes d’être interrompues, révèle une autre étude datant de 2021, relayée quant à elle par «L’Express».
La Suisse veut pérenniser le télétravail
Pendant ce temps, à Berne, une conseillère nationale a fait passer un postulat qui donne de l’espoir à celles et ceux qui n’en peuvent plus du «9 à 5» quotidien en présentiel. Isabelle Pasquier-Eichenberger veut en effet «étudier l’impact des nouvelles formes de travail sur les infrastructures dans le but d’implémenter les changements bénéfiques».
À l'origine du projet, un constat simple: «80 % de la population souhaiterait davantage de télétravail à l'avenir», soutient le texte du postulat.
Il ne s’agit pour l’heure que de demander une étude au niveau national, certes, mais les enseignements de celle-ci pourraient durablement impacter la façon dont notre collectivité conçoit les horaires et le rythme de travail – à l’heure où l’on parle aussi de la semaine de quatre jours (qui n’est, quant à elle, pas près de passer en Suisse).
Cette étude visera notamment à déterminer «de quelle manière les nouvelles pratiques de travail, d’études et d’approvisionnement développées pendant la pandémie pourraient être pérennisées et en quelle proportion, afin de décharger les infrastructures et de réduire les coûts externes liés à notre mobilité».
Ou encore à définir «quelles améliorations apporter au niveau des infrastructures pour rendre le travail à distance plus aisé et plus performant». Le tout en essayant de prédire les conséquences qu’aurait un tel changement de paradigme sur notre société.
Et l’égalité, dans tout ça? Reste à savoir si un organe de contrôle fédéral sera (enfin) mis sur pied à cet effet...