Les autorités jurassiennes ont beau appeler à libérer la parole des potentielles victimes d'abus sexuels dans l'Église catholique, elles font pour le moment chou blanc, rapporte le «Matin Dimanche». Après les révélations de la RTS concernant des abus sexuels accablant l’Abbaye de Saint-Maurice (VS), les regards se tournent vers le Collège Saint-Charles de Porrentruy (JU).
Ce lycée-collège catholique a longtemps été jumelé avec l'institution valaisanne. Nombre de chanoines du canton alpin ont enseigné à Saint-Charles, dont un religieux passé aux aveux avant l'enquête de «Mise au point». Dans le Jura, aucune plainte n'a été déposée, et le souvenir laissé par l'enseignant est dans l'ensemble positif.
Abus en Ajoie
Pourtant, le chanoine a confessé avoir abusé de plusieurs mineurs lors de son passage dans l'établissement situé en Ajoie. Il y a enseigné et officié comme préfet d’internat pendant huit ans dans les années 1970. À Saint-Maurice, 20 ans plus tard, il aurait imposé une séance photo subjective à un pensionnaire.
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Le dominical a tenté de comprendre ce silence, alors que Saint-Charles a abrité un abuseur. En Valais, depuis les révélations, une dizaine de plaintes a été déposée pour des abus perpétrés par du personnel de l'Abbaye de Saint-Maurice, ou au sein de l'Église en général.
Globalement admiré
Deux ex-recteurs de Saint-Charles ont été interrogés par le journal. Josiane Pourchet, en poste dans les années 1990, a connu personnellement le chanoine qui s'est dénoncé. Ils enseignaient simultanément, dans les années 1970. Très étonnée, elle n'a jamais rien entendu de négatif sur son collègue. «Tant que les faits ne sont pas avérés, je reste sur mon quant-à-moi», confie-t-elle. Même son de cloche chez Jean-Paul Nussbaumer, qui n'a jamais côtoyé le religieux valaisan. Il n'a pas non plus entendu de rumeur concernant de potentiels abus.
Deux témoins anonymes livrent au dominical leur vision d'un professeur généralement admiré. Un troisième a «mal vécu» son passage dans la classe du chanoine, mais ne peut rien dire sur d'éventuels abus. Le Ministère public jurassien et le centre d'aide LAVI n'ont, pour l'heure, pas été sollicités par des victimes.