Sheila Ross est à bout de nerfs. Cela fait presque deux ans et demi qu'elle tient le restaurant «Krone» à Büren an der Aare, dans le canton de Berne. Sous sa houlette, l'établissement est devenu un lieu de rencontre très apprécié dans le village. Mais depuis deux semaines, les clients se font soudainement plus rares. «Nous n'avons plus de réservations et au moins 50% de chiffre d'affaires en moins.»
Avant d'arriver ici, Sheila Ross travaillait déjà depuis plus de 35 ans dans le secteur de la restauration. «Krone» devait être sa dernière aventure avant la retraite. Mais cette ultime expérience connaît bien des remous: «Je n'ai encore jamais vécu une chose pareille.» Et pour elle, l'identité de la personne qui se cache derrière tout cela ne fait aucun doute: il s'agit du propriétaire des lieux. «Il nous harcèle et il nous sabote. Il veut détruire notre entreprise.»
Soudain, les clients disparaissent
Ce samedi-là, Sheila Ross est frappée par le faible nombre de clients dans son restaurant. Elle remarque que les demandes de réservation ont drastiquement baissé, par e-mail comme par téléphone. En lieu et place: «On nous demandait sans cesse si nous étions ouverts. Et je me disais: «Qu'est-ce qui se passe?» Jusqu'au soir où un client lui fait remarquer que le site web du restaurant était inaccessible et que l'établissement était indiqué comme fermé sur Google.
La restauratrice tente immédiatement de remédier à ce problème. Mais sur Google, elle n'est pas enregistrée comme tenancière. Sa demande est refusée malgré la preuve de la location. Elle se tourne également vers l'entreprise «Webagentur» qui héberge le site web de restaurant afin d'obtenir de l'aide.
Le domaine du site web appartient au propriétaire
L'entreprise confirme à Blick que le site web du restaurant a été créé par ses soins. Toutefois, le domaine krone-bueren.ch appartient au propriétaire de l'établissement, et non à la tenancière. Le bailleur aurait été prié de rétablir le site web Krone ou de transférer le domaine à «Webagentur» sur ordre de la locataire. L'entreprise a communiqué la réponse du bailleur. Et celle-ci est sans appel: «Je ne changerai rien, ce domaine m'appartient.»
De quoi agacer Sheila Ross: «Au début, il nous a proposé d'utiliser son domaine.» Elle aurait même payé en une fois les frais y afférents. Le virement en question est à la disposition de Blick. Interrogé à ce sujet, le bailleur n'a pas souhaité s'exprimer. Peu après l'entretien avec Blick, les heures d'ouverture étaient à nouveau affichées sur Google.
Les chaises, les déchets et les températures au cœur du litige
Mais cela ne suffit pas à Sheila Ross, qui n'en est pas à son premier conflit. Son propriétaire avait notamment acheté des chaises pour le restaurant, et la locataire avait aussitôt été sommée de payer un loyer total de 13'000 francs jusqu'à la fin 2022. La restauratrice avait refusé et décidé de se procurer elle-même de nouvelles chaises.
D'autres réclamations sont formulées par la suite. Sheila Ross rapporte ainsi que d'autres locataires jettent des ordures sur la terrasse et dans le couloir du restaurant, ce qui l'oblige à lutter contre une invasion de mouches. Elle déplore également l'absence d'un ferme-porte sur la porte d'entrée latérale, ce qui fait régulièrement chuter la température dans le couloir du restaurant à 10 degrés. Selon Sheila Ross, ces plaintes n'ont donné lieu à aucun changement.
Une dispute, le déclencheur de cette histoire
Le vendredi, il y a deux semaines, une nouvelle discussion a lieu avec le propriétaire. «Je l'ai surpris alors qu'il voulait changer la vanne d'un chauffage pour que je ne puisse plus l'ouvrir», raconte la tenancière. Une dispute aurait éclaté, à la suite de quoi le propriétaire lui aurait dit de partir. La restauratrice est aujourd'hui persuadée que cette altercation est à l'origine du malaise actuel.
Actuellement, Sheila Ross se renseigne sur la suite de la procédure avec son assurance de protection juridique. Le contrat de location expire fin septembre. Pour la tenancière, il n'est absolument pas question de le renouveler. «Je veux terminer mon temps ici en toute tranquillité et être traitée de manière équitable.» Entre-temps, elle a sollicité les services des «Webagentur» afin d'ouvrir un nouveau domaine: kronebueren.ch. Mais cela risque de prendre du temps avant que celui-ci puisse surclasser le précédent site web dans le classement Google.