C'est le procès d'un drame qui s'est déroulé dans un immeuble d'habitation d'Hägglingen dans le canton d'Argovie qui s'ouvre aujourd'hui. Au petit matin du 7 mai 2020, la centrale d'appel d'urgence cantonale a reçu un appel. Emilie T.* et Urs D.* ont signalé qu'ils avaient trouvé leur fille Sophie T.*, alors âgée de trois ans, inanimée dans son lit. Que s'est-il passé?
Les forces d'intervention se sont immédiatement rendues sur place. Mais ils n'ont pu que constater le décès de la petite fille. La cause du décès n'étant pas claire, l'intervention d'un tiers n'a pas été pas exclue. Le parquet a donc fait procéder à une autopsie le jour même. Lors de l'analyse toxicologique, les spécialistes de la médecine légale ont trouvé de la MDMA, une forme d'ecstasy, dans le sang de la victime. La cause du décès? Un «manque d'oxygène provoqué».
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Les parents et la grand-mère arrêtés, puis relâchés
Les parents et la grand-mère de la défunte Sophie ont ensuite été arrêtés. Ils étaient, à ce moment, fortement soupçonnés d'avoir tué la fillette de trois ans. Au cours de l'enquête, les trois accusés ont finalement été libérés, sous conditions.
L'enfant «avait besoin de soins intensifs et d'une prise en charge complète tout au long de sa vie en raison d'une maladie cérébrale», écrit le Ministère public dans le dossier préliminaire en octobre dernier. En outre, il a été révélé «que les parents avaient déjà tenté de tuer la fillette avec des substances anesthésiantes au cours des mois précédents».
«Je n'ai fait ça que pour elle»
«Nous avons délivré notre fille», ont affirmé les parents, à l'automne dernier, dans l'«Aargauer Zeitung». Ils ont raconté que ce soir-là, ils avaient mélangé de l'ecstasy à la boisson de leur fille. Lorsque la drogue a fait effet, ils ont étouffé leur enfant avec un chiffon. «Elle souffrait», a déclaré sa mère. «Elle n'aurait jamais pu avoir une belle vie.»
Sophie souffrait d'une grave paralysie cérébrale, une lésion du cerveau. Elle avait des crampes et des douleurs et n'était pas été capable d'avaler, de marcher ou de parler. Tout cela pour le reste de sa vie, car la maladie était incurable.
«Cela nous a fait mal de ne pas pouvoir influer sur sa santé, de ne rien pouvoir faire pour l'aider», ont-ils ajouté. Ils auraient décidé ensemble de «délivrer» leur fille. Le père de l'enfant se serait procuré le médicament «le moins douloureux» possible.
Ce soir-là, la mère a donné à sa fille un biberon. «Nous avons simplement gardé en tête qu'ainsi elle ne souffrirait plus», a déclaré le père à «AZ». Après son arrestation, Emilie T. a reconnu les faits. «Je n'ai pas fait ça pour moi. Je l'ai fait pour elle.» Plus tard, Urs D. a également avoué.
La défense plaidera-t-elle l'homicide involontaire?
Le ministère public plaidera l'assassinat et la tentative d'assassinat. Ceci en raison de l'absence de scrupules lors de l'acte. Une peine de 18 ans de prison est demandée pour la mère et le père ainsi qu'une expulsion du territoire de 15 ans. La grand-mère devrait être condamnée à cinq ans de prison et également à 15 ans d'expulsion, pour complicité de meurtre.
La défense plaidera l'homicide involontaire. Dans ce genre de cas, l'auteur agit sous l'emprise d'une grande détresse morale ou d'un violent mouvement d'humeur.
Le procès, qui durera plusieurs jours, débutera lundi à 9 heures devant le tribunal de district de Bremgarten. Les jugements devraient être prononcés vendredi.
Les accusés bénéficient de la présomption d'innocence.
* Noms modifiés