Partager la présidence à deux, tels des consuls romains? L'idée séduit surtout à gauche. Les Verts ont été les pionniers en adoptant une coprésidence de 2012 à 2016 avant de l'abandonner. Depuis quelques mois, c'est le Parti socialiste, avec le jeune duo Mattea Meyer (33 ans) et Cédric Wermuth (35 ans), qui s'y essaie.
Dans le camp bourgeois en revanche, la perspective a longtemps paru impensable. Jusqu'à lundi dernier: secoué par l'annonce de la démission de sa présidente Petra Gössi, le PLR a vu jaillir l'idée par l'entremise de Jacqueline de Quattro.
La conseillère nationale, ancienne membre de l'Exécutif vaudois, a argumenté ainsi: «Nous avons vu l'ampleur de la charge de travail à laquelle Petra Gössi a dû faire face. Si l'on veut continuer à préserver le système de milice, une coprésidence est une solution intéressante.»
En outre, une double direction permettrait d'assurer un équilibre en matière de représentation: homme-femme, régions linguistiques ou encore ville-campagne, a expliqué la Vaudoise.
Loin de faire l'unanimité
L'idée a d'abord laissé les Libéraux-radicaux sceptiques, mais elle fait son chemin. «Lorsque j'ai entendu la proposition pour la première fois, je me suis dit que cela ne conviendrait pas chez nous. Plus j'y réfléchis, plus je pense qu'elle a du mérite», a reconnu la conseillère nationale saint-galloise Susanne Vincenz-Stauffacher.
La perspective est cependant encore loin de faire l'unanimité au sein du PLR. Le comité du parti préfère toujours parler de candidature unique, comme l'assure la secrétaire générale neuchâteloise Fanny Noghero: «Nous ne nous fermons pas complètement à cette possibilité, mais la coprésidence n'est pas le scénario privilégié.»
L'avis de De Quattro est pourtant partagé par la conseillère nationale zurichoise Doris Fiala. Selon elle, il est difficile de combiner une présidence de parti avec une fonction parlementaire et un engagement professionnel. Elle estime donc qu'une coprésidence est «plus conforme à notre époque».
«Il faudrait d'abord que j'y réfléchisse»
La proposition de Jacqueline de Quattro n'est peut-être pas entièrement dénuée d'intérêts. Comme le dit la Vaudoise, la succession au poste de présidente du parti ne l'intéresse pas vraiment. En revanche, elle n'exclut pas une candidature à une possible coprésidence: «Il faudrait d'abord que j'y réfléchisse», botte-t-elle en touche.
Les collègues de parti ne rechignent pas à l'idée de la candidature de De Quattro, par exemple en duo avec le conseiller aux États lucernois de 34 ans Damian Müller. Un autre couple de candidats possibles serait Susanne Vincenz-Stauffacher et le conseiller national valaisan Philippe Nantermod. Les papables concernés devant d'abord sonder leurs chances réelles au sein du parti, personne n'est encore sorti du bois.
Le nom du conseiller aux États Thierry Burkart est évoqué dans les rangs PLR. Si l'Argovien n'est pas très disert pour l'instant, Sabina Freiermuth, sa présidente cantonale, est acquise à sa cause. «En Argovie, un consensus se forme: de nombreux collègues de parti souhaitent que Thierry Burkart se porte candidat». Il sera peut-être concurrencé par un autre Argovien, le conseiller national Matthias Jauslin, qui n'exclut pas une candidature.