Le paysan UDC Marcel Dettling est de cet avis
Et si le réchauffement climatique était bénéfique pour les agriculteurs?

«Il vaut mieux qu'il fasse plus chaud que plus froid»: le président de l'UDC et paysan Marcel Dettling estime que les conséquences du changement climatique sur l'agriculture ne sont pas si tragiques. A tort ou à raison?
Publié: 21.02.2024 à 18:39 heures
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L'augmentation de la sécheresse est une source d'inquiétude pour les agriculteurs. Elle est une des nombreuses conséquences du réchauffement climatique.
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Lea Hartmann

«Pour les paysans, le réchauffement climatique n'est pas une mauvaise chose.» C'est la récente déclaration du futur président désigné de l'UDC Marcel Dettling, dans une interview accordée à la «NZZ am Sonntag». Le paysan schwytzois n'a pas non plus omis de mentionner son opinion personnelle: «Je préfère qu'il fasse plus chaud que plus froid».

L'Union suisse des paysans est plus pessimiste

Mais cette déclaration ne fait pas l'unanimité. Le conseiller national du Centre Markus Ritter ne peut s'empêcher de rire en entendant son collègue d'extrême droite. Au-delà de sa casquette de parlementaire, le centriste est aussi président de l'Union suisse des paysans (USP). Impossible pour le représentant de ne pas réagir face aux propos de son adversaire politique. Le conseiller du Centre voit les choses de manière «plus nuancée» que l'agriculteur, favori à la reprise de la tête de l'UDC.

Selon l'USP, le changement climatique peut effectivement avoir des effets positifs sur l'agriculture, du moins à court terme. «A moyen terme, les effets négatifs du changement climatique sur l'agriculture devraient clairement l'emporter, même dans le cas d'un scénario optimiste», constate l'association dans un rapport. 

Des conclusions qui contredisent les propos du paysan de droite. Mais quels sont concrètement les effets négatifs du réchauffement climatique sur l'agriculture? Et où peut-elle en tirer profit? Blick dresse un bilan des avantages et inconvénients du phénomène.

Les avantages

Premièrement, le réchauffement climatique a le bénéfice d'allonger la période dite de végétation, soit la période pendant laquelle une plante pousse et se développe. Selon la Confédération, elle s'est allongée de deux à quatre semaines au cours des 60 dernières années.

Pour certaines cultures, comme la vigne ou les exploitations de montagne, cela peut être un avantage, explique le scientifique Christoph Carlen. L'expert dirige le domaine de recherche Systèmes de production végétale chez Agroscope, le centre de recherche agricole de la Confédération. Selon lui, plus il fait sec, plus le risque que les plantes pourrissent ou soient attaquées par un champignon va être minimisé.

Autre effet positif: le climat doux permet à de nouvelles cultures d'être mises en place. Les viticulteurs peuvent miser sur de nouveaux cépages, tandis que le soja, le millet, le quinoa ou le pois de senteur poussent de plus en plus dans les champs.

Par ailleurs, des températures plus élevées peuvent avoir un effet positif sur les rendements de l'alimentation animale ou du maïs. Il devient alors possible d'élever davantage d'animaux sans devoir acheter de fourrage, explique Marcel Dettling.

Les inconvénients

Mais le changement climatique n'apporte pas que de bonnes nouvelles. Il a évidemment pour conséquence d'allonger les périodes de sécheresse en été. Les champs ont besoin d'être davantage irrigués. Et comme l'irrigation des prairies n'est pas rentable, il est fort probable qu'à long terme, on ne produise pas plus, mais moins de fourrage, à en croire l'USP. Il faudra donc s'attendre à des pénuries de plus en plus fréquentes en saison chaude.

Les cultures et les plantes consomment de plus en plus d'eau. Les pommes de terre, les betteraves sucrières ou le maïs en souffrent particulièrement, selon Christoph Carlen. Les cultivateurs de fécules se plaignent depuis des années de la baisse des rendements. Mais l'irrigation n'est pas possible partout: pour faire face à ce problème, les agriculteurs doivent donc se résoudre à cultiver des plantes qui résistent mieux à la sécheresse et à la chaleur.

Les hivers doux sont aussi néfastes pour les céréales d'hiver, explique encore l'USP. Celles-ci ont besoin de périodes de froid suffisamment longues pour pousser. Les gelées tardives toujours plus fréquentes leur sont aussi défavorables.

A l'inverse, l'excès d'eau n'est pas idéal. Les fortes précipitations, les inondations ou les intempéries sont, elles aussi, de plus en plus fréquentes. Les périodes humides prolongées au printemps ou en automne devraient être encore plus fréquentes à l'avenir, toujours selon le scientifique. En plus de ça, les parasites se propagent plus facilement dans de tels contextes. «Parallèlement, poursuit l'USP, la protection des animaux contre le stress thermique et le manque d'eau devra redoubler d'effort afin d'éviter les risques de baisse de performance et de maladies», ajoute l'organisation paysanne.

La conclusion

Alors, néfaste ou bénéfique pour l'agriculture, le changement climatique? La réponse dépend évidemment de différents facteurs, et est variable selon les exploitations agricoles. Christoph Carlen explique: «Les exploitations situées en altitude et plutôt humides dans les régions de montagne y voient plutôt des avantages», explique le chercheur d'Agroscope. En revanche, les exploitations de l'ouest du Plateau, où les conditions sont plus sèches, sont confrontées à beaucoup plus d'inconvénients.

Marcel Dettling a donc surtout parlé pour lui lorsqu'il a énuméré les aspects positifs du changement climatique. Sans surprise: sa ferme de Hoch-Ybrig est située à 1100 mètres d'altitude. Mais s'il regardait un peu plus loin, il se rendrait rapidement compte que son opinion doit être revue.

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