L’élection du Conseil fédéral est entrée dans sa phase la plus chaude. Les candidates du PS Eva Herzog et Elisabeth Baume-Schneider, ainsi que les candidats de l’UDC Albert Rösti et Hans-Ueli Vogt tentent de convaincre les membres du Parlement au cours d’un marathon d’auditions.
On ne sait pas encore qui l’Assemblée fédérale va porter au pinacle le 7 décembre. Mais en coulisses, la lutte pour l’attribution des différents départements a déjà commencé. Et celle-ci pourrait mettre le ministre de l’Intérieur socialiste Alain Berset dans l’embarras.
Sur la course au Conseil fédéral
Changer de département ou… quitter le Conseil fédéral
Car si le conseiller fédéral reste à la tête du département de l'Intérieur plus de dix ans, le Parti socialiste (PS) pourrait faire pression pour qu’il quitte son siège (après son année présidentielle). Si Alain Berset se décide à changer de département, il gagnerait du temps: en effet, se retirer du gouvernement après une courte période d’adaptation n’aurait guère de sens. Alain Berset pourrait alors rester au Conseil fédéral pour les cinq prochaines années au moins.
Celui-ci aurait en vue le département des Finances, qui se libère avec le départ du conseiller fédéral UDC Ueli Maurer. C’est un poste clé – il n’y a pas de gros dossier dans lequel le ministre des Finances ne puisse mettre son grain de sel.
Problème: la ministre de la Justice Karin Keller-Sutter aurait également des vues sur le département des Finances. Et ses chances sont bonnes. «Le changement est en fait déjà décidé», affirment des initiés de son parti.
Certes, les conseillers fédéraux peuvent exprimer leurs souhaits lors de la répartition des départements en fonction de l’ancienneté. Conséquence: Alain Berset devrait être le premier à passer. Mais si les membres du gouvernement ne sont pas d’accord, c’est la majorité qui décide. Et la majorité au Conseil fédéral est détenue par les bourgeois. Autrement dit, le ministre de l’Intérieur actuel peut dire adieu aux finances. Et celui-ci l’aurait déjà compris.
Le département des Affaires étrangères est occupé
Une alternative serait le département des Affaires étrangères, qui pourrait aussi convenir au conseiller fédéral socialiste. Mais le conseiller fédéral PLR Ignazio Cassis n’a pas l’intention de lui laisser sa place, souffle-t-on dans son entourage. L’actuel président de la Confédération a encore des ambitions dans le dossier européen. Son parti le pousserait également à rester.
Au département de l’Economie, Guy Parmelin ne compte pas non plus quitter le navire. Celui-ci était parti du département de la Défense en 2019.
Les options s’épuisent
Une autre option plutôt improbable est qu'Alain Berset hérite du département de l’Environnement, des transports et de l’énergie de sa collègue de parti sortante Simonetta Sommaruga. Mais jusqu’à présent, il n’a jamais semblé s’intéresser à ces thèmes.
De plus, plusieurs signes indiqueraient que la conseillère fédérale du centre Viola Amherd aspirerait à ce département. En tant que ministre de la Défense, elle a mis sous toit le nouvel avion de combat. Le budget de l’armée, nettement plus élevé, est par ailleurs sur la sellette. Le moment est donc propice à un changement.
Il ne reste plus que les départements de la Défense et de la Justice. Ils sont considérés comme des postes moins importants au Conseil fédéral, raison pour laquelle ils ont généralement été laissés aux nouveaux venus. Un tel recul dans l’ordre hiérarchique semble improbable dans le cas d'Alain Berset. Il devra probablement rester au département de l’Intérieur… et peut-être quitter définitivement le Conseil fédéral sous peu.