Le meurtrier n'aurait pas dû être en liberté
La famille de la victime de Morges envisage une plainte contre la Confédération

L'auteur de l'attentat de Morges n'aurait sans doute pas dû être en liberté au moment des faits. Mais le Ministère public de la Confédération n'est pas intervenu. La famille de la victime envisage désormais une plainte contre la Confédération.
Publié: 01.02.2023 à 11:58 heures
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Le 12 septembre 2020, le premier attentat à motivation djihadiste de Suisse a eu lieu à Morges.
Sermîn Faki

Il est le premier terroriste djihadiste condamné en Suisse: le Suisso-Turc de 28 ans avait poignardé un Portugais de 29 ans le 12 septembre 2020 à Morges. Entre-temps, l'auteur a été condamné par le Tribunal fédéral à une peine de 20 ans de prison pour meurtre.

La question se pose maintenant de savoir si le crime aurait pu être évité. Comme l'a rapporté mardi la RTS, l'auteur n'aurait probablement pas dû être en liberté.

Relâché sous conditions strictes

En effet, en 2019, l'homme avait tenté de faire exploser une station-service à Prilly VD — sans succès. A l'époque déjà, les enquêteurs auraient découvert un possible objectif djihadiste. Pour cette tentative d'attentat à l'explosif, il avait été placé en détention préventive jusqu'à sa libération en été 2020 — trois mois avant le meurtre de Morges.

Mais à des conditions strictes: selon la RTS, le Tribunal des mesures de contrainte a ordonné 16 mesures, dont un couvre-feu nocturne, une obligation de se présenter régulièrement à la police et l'interdiction de porter une arme. Si l'homme contrevenait à l'une de ces conditions, il serait immédiatement arrêté à nouveau.

Plusieurs écarts

Mais cela ne l'a pas empêché de ne pas respecter plusieurs de ces règles. Selon des documents non publiés jusqu'à présent, auxquels se réfère la RTS, il ne se serait présenté que quatre fois à la police, au lieu de huit. Il ne serait pas non plus allé au travail à deux reprises — et aurait prétendu avoir oublié de régler son réveil, ou souffrir de courbatures.

Malgré ces écarts, l'homme n'a pas été remis en détention provisoire. Et ce, bien que le Ministère public de la Confédération (MPC) — qui est compétent en matière d'attentats à l'explosif — ait été informé de ces infractions. Pire: des indices laissaient penser que l'homme s'isolait et se tournait vers l'idéologie islamiste.

La police a trouvé un testament

Par exemple, un mois avant l'attentat de Morges, la police vaudoise a trouvé à son domicile un testament manuscrit intitulé «Au nom d'Allah, le Miséricordieux, le Très Miséricordieux.» Une visite lui avait alors été rendue parce qu'il n'avait pas rempli ses obligations.

Le Ministère public de la Confédération avait été informé de ce testament. La question de savoir comment le MPC avait réagi reste ouverte. Ce qui est sûr, c'est que l'homme n'a pas été remis en détention provisoire. Plus curieux encore: peu après l'assassinat du Portugais, le MPC avait déclaré que jusqu'à l'homicide, «aucune violation des mesures de substitution imposées qui aurait justifié une nouvelle détention ne lui avait été signalée.»

Le MPC reste silencieux

Interrogé sur l'enquête de la RTS, le MPC s'est muré dans le silence. Il ne peut répondre à aucune question en raison de la procédure pénale en cours, a-t-il indiqué à CH Media.

L'affaire n'est pas pour autant close: la famille de la victime assassinée examine la possibilité de déposer une plainte contre la Confédération pour ces manquements. «Il y a beaucoup d'incompréhension de leur part», a déclaré l'avocat de la famille à la RTS.

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