Les affaires avec les nouvelles voitures électriques ne décollent tout simplement pas. En effet, selon des chiffres de vente récents, les acheteurs de voitures neuves en Suisse préfèrent toujours opter pour une voiture à moteur thermique plutôt qu'électrique. Cela se reflète également dans les statistiques. Malgré une offre toujours plus large, les chiffres de vente et la part de marché des véhicules purement électriques reculent à nouveau dans notre pays en 2024. Après le premier semestre, ils se situent actuellement à 21'387 voitures électriques vendues, soit 17,6% du marché total. À titre de comparaison, au premier semestre 2023, on comptait encore 23'164 voitures électriques vendues, soit 18,7% du marché.
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Le commerce des véhicules électriques d'occasion se porte toutefois encore plus mal que celui des voitures neuves. Les bonnes voitures ne sont de bonnes voitures que si elles se vendent bien, disent les vendeurs d'automobiles, et les voitures électriques ne sont pour le moment pas une marchandise très recherchée.
Pourtant toutes les voitures électriques ne se valent pas: «Les jeunes voitures électriques d'occasion de moins d'un an se vendent mieux», nous confie un concessionnaire. Et il y en a beaucoup actuellement. «Pour atteindre les objectifs climatiques et éviter les pénalités de CO₂, de nombreux importateurs suisses ont encore rapidement immatriculé de nouvelles voitures électriques fin 2023. Et nous retrouvons maintenant toutes ces voitures sur le marché de l'occasion», affirme l'expert Matthias Bischof d'Autoscout24.
Mais de nombreuses voitures électriques dont le leasing arrive à échéance au bout de deux ou trois ans sont actuellement remises sur le marché, et ces voitures électriques ne sont pas du tout demandées. «Les prix actuellement encore relativement élevés et la peur d'acheter une technologie dépassée dissuadent probablement beaucoup de gens d'acheter une telle voiture électrique d'occasion», conclut la Deutsche Automobil Treuhand DAT.
Victimes du développement rapide de la technologie
Philipp Seidel, expert automobile auprès du cabinet de conseil Arthur D. Little, n'est pas surpris par cette situation. «A mon avis, les véhicules électriques d'occasion de première génération sur le marché de l'occasion sont les victimes du développement rapide de la technologie.» Selon lui, ce sont les lois du marché. «Il n'y a pas si longtemps, les Tesla d'occasion étaient aussi chères que les neuves, car les nouvelles avaient de longs délais de livraison. Actuellement, il y a plutôt de nouveau des surcapacités dans la production de voitures neuves, donc les prix des voitures d'occasion et leurs valeurs résiduelles baissent», poursuit Philipp Seidel.
Un sondage du magazine spécialisé allemand «kfz-betrieb» montre que 68,7%, soit plus des deux tiers des concessionnaires automobiles interrogés, ne reprennent pas de voitures électriques à batterie d'occasion en Allemagne. Et pour 51,1% des personnes interrogées, les voitures électriques d'occasion sont actuellement «quasiment invendables».
En conséquence, pour que les revendeurs d'occasion puissent revendre de tels véhicules, ils doivent accorder d'importantes remises – en moyenne 27% du prix de vente initialement prévu, selon le sondage. Il n'est pas nécessaire d'être un géant pour réaliser qu'un tel modèle commercial ne peut pas fonctionner longtemps. En effet, plus de 80% des concessionnaires admettent dans l'enquête être dans le rouge lorsqu'ils vendent des voitures électriques d'occasion. 61,1% parlent même de «pertes importantes».
Les concessionnaires suisses ne sont pas aussi pessimistes
Ce qui vaut pour l'Allemagne s'applique aussi en partie à la Suisse. Toutefois, les concessionnaires et importateurs suisses ne semblent pas être aussi pessimistes que leurs collègues allemands. Ainsi, chez le grossiste et importateur Auto Kunz AG à Wohlen, on dit qu'on accepte très bien les voitures électriques d'occasion.
«Le marché de l'occasion est vivant. Pour les voitures électriques d'occasion, il faut tout simplement enlever aux clients la réserve concernant la qualité des batteries», explique Pia Hurni d'Auto Kunz. C'est pourquoi un test de batterie est effectué pour chaque véhicule électrique d'occasion, «afin que nous puissions évaluer correctement la qualité d'une ancienne batterie», poursuit Pia Kunz.
Même son de cloche chez Mercedes-Benz Suisse ou Amag, l'importateur de VW. «Nos concessionnaires reprennent des véhicules électriques», affirment-ils à l'unisson. Et il n'y aurait aucune tendance à agir dans le sens contraire. Toutefois, même chez VW et Mercedes, les véhicules d'occasion sont examinés sous toutes les coutures. «Seuls les véhicules d'occasion qui passent notre contrôle de qualité en 111 points reçoivent ce que l'on appelle le label de qualité Certified», souligne la porte-parole de Mercedes Livia Steiner.
Les voitures électriques d'occasion ne deviennent pas des déchets électriques
Mais chez certains concessionnaires Volvo suisses, il peut arriver dans certains cas qu'une voiture électrique, mais aussi à propulsion traditionnelle, ne soit pas reprise. «Mais cela est généralement laissé au partenaire Volvo», précise Simon Krappl de Volvo Car Switzerland. Néanmoins, du point de vue de Volvo, la situation du marché des véhicules d'occasion en Suisse a évolué de manière réjouissante au premier semestre.
Ainsi, la croissance du programme «Volvo Selekt», les véhicules d'occasion premium certifiés et contrôlés par Volvo, a nettement augmenté par rapport à l'année précédente, «pour les modèles à propulsion traditionnelle, mais aussi pour les véhicules électriques à batterie», précise Simon Krappl.
Et c'est pourquoi l'expert d'Arthur D.Little Philipp Seidel, comme de nombreux concessionnaires et importateurs suisses, est certain que «les véhicules électriques d'occasion ne deviendront pas des déchets électriques. Bien sûr, nous devons nous attendre à ce que les véhicules électriques de première génération aient un cycle de vie plus court que les voitures à combustion classiques.
Il s'agissait des premières tentatives des constructeurs dans un nouvel environnement. Mais ce n'est pas un problème de l'e-mobilité», affirme Philipp Seidel, «cela arrive pratiquement toujours lors de l'introduction d'une nouvelle technologie». Philipp Seidel est donc également convaincu: «Celui qui, en tant que concessionnaire automobile indépendant ou concessionnaire d'une grande marque, refuse la mobilité électrique, aura bientôt des difficultés.»