La protection des enfants dans l’espace numérique a accumulé du retard en Suisse. L'organisation «Protection de l’enfance Suisse» demande au Conseil fédéral d'agir via une loi fédérale en préparation sur les plateformes de communication (LPCom). L'Office fédéral de la police (Fedpol) surveille les pédocriminels dans l'espace virtuel, alors que les enfants et les adolescents y passent de plus en plus de temps. Les plateformes Internet et les médias sociaux sont tenus d'annoncer tout contenu pornographique au National Center for Missing & Exploited Children (NCMEC).
En cas de lien avec la Suisse, le NCMEC transmet les communications de soupçons à fedpol. En 2023, l'office a reçu 14'420 communications, des chiffres en augmentation depuis 2021. Bien que la hausse soit en partie due aux algorithmes toujours plus précis pour découvrir le matériel, la quantité de contenus pornographiques interdits est effectivement en hausse sur Internet. «La Suisse ne fait pourtant pas grand-chose», estime l'organisation «Protection de l’enfance Suisse» dans un communiqué. Un avant-projet de réglementation des plateformes de communication est annoncé depuis 2023, «mais nous l'attendons toujours».
Une limite de 16 ans sur les plateformes?
L'organisation demande que les plateformes et les services d’hébergement signalent activement des contenus suspects aux autorités et les effacent immédiatement. Ces dernières devraient soumettre systématiquement leurs services à des évaluations des risques de violence sexuelle et développer des mécanismes de protection efficaces. «Protection de l’enfance Suisse» plaide encore pour que les plateformes intègrent des mécanismes de sécurité dès la phase de développement et que les existantes fassent le nécessaire pour s'adapter à la nouvelle donne. Des sanctions devraient être prises si ce n'était pas le cas: les exploitants de plateformes fautifs pourraient par exemple verser une contribution financière à un fonds dédié aux mesures de prévention.
Enfin, si les risques actuels ne peuvent être éliminés, il faut contraindre les plateformes à introduire un âge minimal de 16 ans, estime l'organisation, qui représente la Suisse au sein du réseau ECPAT (Mettre fin à la prostitution infantile, à la pédopornographie et au trafic d'enfants à des fins d'exploitation sexuelle). Des réglementations allant dans ce sens ont déjà été introduites ces dernières années dans l’Union européenne, en Grande-Bretagne et en Irlande tandis que l'Australie débat aussi de la question.