Le hockey, priorité de Grégoire Junod?
Présent au match du LHC, le syndic de Lausanne sèche le Conseil communal

L'absence de Grégoire Junod au Conseil communal de Lausanne ce mardi 23 avril n'est pas passée inaperçue. Pour cause, le syndic de Lausanne était dans les travées de la Vaudoise Aréna, pour supporter le LHC. Un manque de respect pour deux élus, de gauche à droite.
Publié: 24.04.2024 à 16:04 heures
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Dernière mise à jour: 29.04.2024 à 09:18 heures
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Le syndic de Lausanne Grégoire Junod, ici en 2019 lors de l'inauguration de la patinoire de la Vaudoise Aréna, est retourné sur place ce mardi pour voir l'acte IV de la finale des play-off.
Photo: Keystone/Cyril Zingaro
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Léo MichoudJournaliste Blick

Beaucoup rêvent d'un ticket pour la finale des play-off contre Zurich. Le syndic de Lausanne y était. Problème? Ce soir-là, le mardi 23 avril, avait lieu une séance du Conseil communal, à laquelle sa présence était attendue. Entre une interminable réunion et un match crucial du Lausanne Hockey Club, Grégoire Junod a fait le choix du cœur et de la glace.

Selon nos informations, le chef de l'Exécutif lausannois a préféré assister à la victoire du LHC à la Vaudoise Aréna dans l'acte IV (5-2), plutôt qu'aux interpellations des membres du législatif. C'est aux côtés de sa collègue à la Municipalité Émilie Moeschler, chargée des sports, que Grégoire Junod a supporté les Lions pour leur exploit à domicile. Il a d'ailleurs remis les prix aux meilleurs joueurs, une fois le match terminé.

Respect pour le LHC, pas pour les élus?

Joint au téléphone par Blick, le socialiste confirme... et assume. «Il est normal et important de soutenir le club dans ce moment historique qu’est la première finale du LHC, invoque le principal intéressé, déjà présent dans le public VIP à Malley lors de l'acte II. C’est aussi une question d’égard vis-à-vis du club que la Ville soutient fortement, en particulier par ses subventions à la Vaudoise Aréna que nous avons aussi construit pour le club.»

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«L'absence du syndic lors d'une session cruciale du conseil a semé la trouble parmi les élus, perçue par certains comme un affront»
Nicola Di Giulio, conseiller communal et ancien président du Conseil communal (UDC)
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Mais justement. Au sein du Conseil communal, l'école buissonnière version patinoire du syndic de Lausanne n'a pas plu à tout le monde.

Tête de file de l'Union démocratique du Centre (UDC) dans le chef-lieu vaudois et conseiller communal (législatif), Nicola Di Giulio enrage: «Hier soir, selon moi, le syndic était clairement en position de hors-jeu, laissant planer des doutes sur l'alignement de ses priorités avec les besoins réels de notre ville.» Selon l'ancien président du Conseil communal, «l'absence du syndic lors d'une session cruciale du conseil a semé la trouble parmi les élus, perçue par certains comme un affront».

«De la pure démagogie»

La démarche a dérangé à gauche comme à droite. «Peut-être auraient-ils dû s'abstenir de privilégier le plaisir sur le devoir, estime Johann Dupuis, élu au Conseil communal sous la bannière Ensemble à Gauche (EàG). C'est devenu une habitude chez certains de s'afficher dans les grands événements sportifs. Le politicien lausannois doit apparemment démontrer constamment qu'il est proche du peuple, même si c'est de la pure démagogie.»

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«Je comprends que la directrice des sports et, dans une certaine mesure, le syndic ont un rôle de représentation dans ce cas-là. Mais était-ce nécessaire de s'y rendre tous les deux?»
Johann Dupuis, élu au Conseil communal, Ensemble à Gauche (EàG)
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Il ne considère pas ses propos comme des attaques personnelles envers les deux municipaux socialistes: «Je comprends que la directrice des sports et, dans une certaine mesure, le syndic ont un rôle de représentation dans ce cas-là. Mais était-ce nécessaire de s'y rendre tous les deux? Pour moi, non.»

Pour Nicola Di Giulio, c'est une question de confiance: «Bien que la présence du syndic ne soit pas toujours obligatoire, elle est fortement souhaitée, surtout pour les séances plénières où des décisions importantes sont prises. Un motif d'absence doit être jugé suffisamment significatif et communiqué clairement pour maintenir la confiance des citoyens et des autres membres du conseil.»

Une absence annoncée

Grégoire Junod estime n'avoir rien à se reprocher. «J’avais annoncé en toute transparence notre absence au président du Conseil communal la semaine dernière en raison de notre déplacement au match du LHC, glisse le syndic de la capitale olympique. Si c’est possible d’être absent sans que cela péjore le fonctionnement du Conseil communal, ce qui était le cas hier soir, il est tout à fait envisageable de s’y rendre.»

Mais Nicola Di Giulio comme Johann Dupuis considèrent que certains des sujets abordés nécessitaient la présence du syndic. «C'est le cas du plan biodiversité, une priorité municipale qui concerne en premier lieu le développement urbain, dicastère du syndic, précise l'élu communal de gauche. Grégoire Junod a brillé par son absence pour nous expliquer l'application de ce plan dans l'urbanisme lausannois.»

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«Il n’y avait aucune urgence municipale ou interpellation urgente qui nécessitait ma présence»
Grégoire Junod (PS), syndic de Lausanne et amateur de hockey
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Le spectateur critiqué du match de hockey rétorque: «L’ordre du jour du Conseil communal est connu à l’avance. Il n’y avait aucune urgence municipale ou interpellation urgente qui nécessitait ma présence. Et nous avons un système rôdé de suppléance pour les questions orales. Quant aux objets ordinaires qui concernent ma direction, ils sont cas échéant reportés à la séance suivante.»

Face à ce constat que ne partagent pas Nicola Di Giulio et Johann Dupuis, Grégoire Junod a donc fait le choix de représenter la ville de Lausanne au match «Je ne suis pas un grand spécialiste du hockey sur glace, mais assurément un amateur, conclut le syndic de Lausanne. J’ai toujours énormément de plaisir à aller voir le LHC.» Si les places du politicien dans la patinoire semblent garanties, tous les amateurs de hockey n'ont pas cette chance. Comme pour l'acte II, les tickets pour la suite de la finale sont partis comme des petits pains.

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