Les jeunes Bernois ne recevront pas d'abonnement annuel gratuit à un média local pour leur 18e anniversaire. Contre l'avis de la gauche, la majorité de droite du Grand Conseil n'a pas donné suite à un postulat en ce sens émanant des rangs des Vert-e-s.
Bien que la proposition du député Manuel C. Widmer ait été adoptée dans un premier temps à une courte majorité, les députés ont estimé que le canton contribuait déjà assez dans le domaine et ont classé l'affaire. La décision prise à 92 voix contre 56 suit un clair schéma gauche-droite avec les Vert'libéraux rejoignant l'UDC, le PLR, le Centre et l'UDF dans l'opposition.
Un abonnement gratuit à un journal imprimé ou numérique pendant un an permettrait aux jeunes d'accéder à des actualités et des informations de qualité et les inciterait à embrasser un éventail plus large de sujets, selon l'auteur du postulat. Une telle démarche aurait également l'avantage de revivifier le paysage médiatique régional.
Informations fiables
Les députés du PS, des Vert-e-s et du PEV ont souligné que les jeunes disposent d'un budget limité et qu'il est important de lutter contre le recul de la diversité médiatique. L'Etat a aussi un intérêt à ce que les jeunes s'informent via des sources fiables, a encore plaidé M. Widmer.
Ces arguments n'ont pas convaincu la majorité bourgeoise qui estime qu'il n'est pas dans l'esprit d'une économie de marché de participer au financement direct des médias. «Les jeunes ne s'informent plus par le biais des journaux, alors pourquoi leur offrir un abonnement si c'est pour qu'ils ne l'utilisent pas?», s'est interrogée la députée PLR Pauline Pauli.
L'élu UDC Nils Fiechter a lui critiqué un journalisme orienté, une majorité des journalistes étant de gauche. Il a aussi estimé qu'au moins la moitié des informations qui se trouvent dans les journaux sont fausses ou déformées.
Poids des réseaux sociaux
Comme la plupart des députés, le Conseil-exécutif constate que la consommation de médias en Suisse se caractérise par un recours de plus en plus important aux canaux numériques. Les médias classiques sont peu à peu remplacés par les réseaux sociaux.
De plus, le gouvernement explique qu'une telle initiative aurait un coût financier pour le contribuable. Mais le canton n'est pas resté inactif, souligne-t-il encore. Avec l'entrée en vigueur le 1er janvier 2024 de la loi sur l'information et l'aide aux médias, il a posé les bases légales pour une aide indirecte.
A l'instar de Fribourg, Vaud ou Genève, certains cantons procèdent à des essais avec des bons d'abonnement à un média. Le postulat de M. Widmer demandait au gouvernement d'examiner la possibilité de mettre en place un tel système. Le Conseil-exécutif assure qu'il prendra en temps voulu connaissance de l'expérience tirée de ces essais pour éventuellement réévaluer la situation.