Le grand classement des banques
Voici combien l'UBS, Credit Suisse et la Raiffeisen versent au fisc

Les banques font partie des contribuables les plus importants pour la Suisse. A elle seule, l'UBS verse 654 millions de francs au fisc, sans compter les impôts que verse le personnel. Analyse.
Publié: 08.08.2023 à 11:37 heures
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Dernière mise à jour: 08.08.2023 à 12:04 heures
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Aucun autre établissement n'a livré autant de millions au fisc que l'UBS l'année dernière. Sa voisine, la CS, était loin derrière.
Photo: Keystone
Stefan Barmettler («Handelszeizung»)

L’année dernière, aucun autre établissement n’a versé autant au fisc que l’UBS. La grande banque a versé exactement 1,332 milliard aux administrations fiscales du monde entier. C’est ce que montrent les chiffres des rapports d’activité. Les banques cantonales sont omises de cette analyse, car elles ne paient souvent pas d’impôts ou seulement de manière limitée. Elles bénéficient en outre d’une garantie explicite de l’Etat.

Le deuxième plus gros contribuable parmi les banques est Credit Suisse. L’année dernière, elle a versé 238 millions aux autorités fiscales, soit presque six fois moins que l’UBS.

Derrière ces grandes institutions, on retrouve Julius Baer, le groupe Raiffeisen et Pictet. L’analyse de la «Handelszeitung» montre que les banques suisses versent environ 2,5 milliards aux autorités fiscales du monde entier chaque année. Plus de la moitié provient de l’UBS. Et avec l’intégration de Credit Suisse, cette somme va encore augmenter en 2023.

BanqueSomme fiscale 2022 (en millions de francs)Somme fiscale 2021 (en millions de francs)
UBS13321273
Credit Suisse238801
Julius Baer205,8239
Raiffeisen196189
Pictet193221,6
Lombard Odier52,451,4
Vontobel51,286,2
Banque Migros5146,5
Union Bancaire Privée (UBP)45,143,6
EFG40,746,6
Valiant40,323,7
Rothschild10,46,2
Hypo Lenzbourg33,5

Des contribuables importants pour la Suisse

Pour la Suisse, la florissante UBS est une bénédiction. En effet, sur sa masse fiscale globale – 1,323 milliard – 654 millions atterrissent dans les caisses de la Confédération, des cantons et des communes. Le reste – 678 millions – est versé à l’étranger.

Le cas de Credit Suisse est intéressant: la banque a versé 314 millions d’impôts en Suisse en 2022, mais elle ne doit pas en payer à l’étranger en raison de pertes massives qui y sont enregistrées. Au contraire, elle s’est même vu attribuer des crédits d’impôt à hauteur de 76 millions. L’UBS, nouvelle propriétaire de CS, ne pourra cependant pas profiter de ces crédits d’impôt, non transférables.

Le personnel de l’UBS paie 1,5 milliard d’impôts

Mais il n’y a pas uniquement les impôts sur le bénéfice des institutions qui entrent en ligne de compte. Le personnel doit, bien sûr, aussi s’en acquitter. L'UBS et Credit Suisse emploient actuellement chacune 20’000 banquiers en Suisse, dont beaucoup gagnent davantage que la moyenne de la population. Chaque année, ces individus versent des impôts sur le revenu et sur la fortune. Et cette contribution n’est pas des moindres, comme le montre un calcul effectué par l’UBS en 2019.

Les collaborateurs d’UBS versent à eux seuls 1,5 milliard de francs d’impôt par an. Au total, ce sont 2,1 milliards de francs (1,5 milliard plus 654 millions) qui arrivent dans les caisses du fisc, du moins pour 2022. Pour Credit Suisse, cette somme devrait se situer autour de 1,8 milliard. Ensembles, les deux grandes banques ont donc versé près de quatre milliards au fisc suisse, personnel compris. Cette somme correspond au budget annuel d’un canton de taille moyenne comme le Valais ou Lucerne.

Davantage que l’industrie pharmaceutique

Et ce n’est pas tout: des impôts fonciers, des taxes sur la valeur ajoutée, des impôts sur le capital, des droits de timbre viennent également s’y greffer. Le secteur bancaire suisse serait la source la plus abondante des administrations fiscales du pays, avant même le secteur pharmaceutique et des assurances.

Cette manne financière n’a pas toujours existé. Après la crise financière de 2008 – lorsque l’UBS a enregistré des milliards de pertes – le fisc n’a presque rien perçu pendant plusieurs années. En 2013 encore, l’UBS n’a payé «que» 100 millions en Suisse. Ce n’est que plus tard, sous la houlette de Sergio Ermotti, que la situation s’est améliorée. Les deux dernières années, cette fois sous Ralph Hamers, des sommes importantes ont été versées sous forme d’impôts. Mais elles n’atteignent pas encore les sommets d’avant la crise financière: en 2005, la banque réalisait un bénéfice annuel de 14 milliards, dont 3 milliards revenaient au fisc.

Taux d’imposition faible

Les banques concurrentes, grâce à leur succès commercial, versent également des montants toujours plus élevés aux autorités fiscales. C’est notamment le cas de Julius Baer, de Lombard Odier ou de Raiffeisen. Cette dernière a augmenté son substrat fiscal de 111 millions (2019) à 196 millions (2022). Même la Banque Alternative Suisse a augmenté ses versements durant cette période, mais à un niveau plus modeste, à savoir de 415’000 à 584’000 francs. Aujourd’hui, la Banque Alternative gère 2,7 milliards d’avoirs de clients. Chez l’UBS, leader de la branche, ce chiffre s’élève à 3000 milliards.

Le taux d’imposition est faible pour les banques suisses. Du côté de Raiffeisen, il est de 14,5% par exemple. Mais pour les banques avec une forte présence à l’étranger, le taux monte rapidement à plus de 20%. C’est le cas de Rothschild (25,8%), l'UBS (20,6%) ou encore Pictet (20,7%). Plus une banque est internationale, plus le fisc étranger intervient.

Zurich, grande gagnante

Le plus grand bénéficiaire des impôts du secteur de la finance en Suisse est Zurich. En 2022, la ville a encaissé environ 300 millions de la part d’UBS et 100 millions de la part de Credit Suisse. Si l’on y ajoute les recettes fiscales des collaborateurs qui habitent dans l’agglomération, Zurich encaisse chaque année un milliard de francs de la part des deux grandes banques. Cela représente tout de même 10% des dépenses totales.

Mais l’avenir de cette manne financière est incertain: avec l’intégration de Credit Suisse, l’UBS devra déduire des frais de restructuration. L’avenir de la ville dépendra donc de la capacité des marchés mondiaux à jouer le jeu et de la capacité de l’UBS à générer davantage de bénéfices après la fusion.

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