Le débat n'en finit pas
L'armée continue de critiquer le F-35

Le choix du F-35 suscite une énième critique, une nouvelle fois du côté de l'armée. Une occasion aurait été manquée avec l'UE et ce n'était pas vraiment l'option la moins chère. La ministre de la Défense Viola Amherd ne se laisse pas démonter.
Publié: 07.10.2021 à 12:50 heures
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Dernière mise à jour: 07.10.2021 à 14:04 heures
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L'avion de combat américain F-35 sera le nouvel avion des forces aériennes suisses.
Photo: DUKAS
Daniel Ballmer

Viola Amherd ne démord pas. Malgré les critiques incessantes, elle campe sur sa position pour l'achat de l’avion furtif de combat américain F-35. Cette décision est maintenant critiquée par le gratin de l’armée suisse. Dans les colonnes de la revue militaire l'«Allgemeine Schweizerische Militärzeitschrift» (ASMZ), son rédacteur en chef Peter Schneider la remet également en question. Le journal, publié par l’association des officiers, n’a pourtant pas la réputation d’être critique envers l’armée. Mais cette fois-ci ça ne passe pas pour le rédacteur en chef.

Une occasion manquée avec l’Union européenne

Peter Schneider replace le projet d’achat d’avions de combat du Conseil fédéral dans un contexte plus large que l’avenir militaire de notre pays. Il fait notamment référence à la situation instable en matière de sécurité dans le monde et souligne que la Suisse devrait, elle aussi, se reposer davantage sur l’aide de ses pays voisins.

Le rédacteur en chef questionne notamment les décisions du Conseil fédéral vis-à-vis de ses relations avec l’Union européenne (UE). Sur une courte période, l’échec de l’accord-cadre et le choix d’avions de combat américain «est une offense pour l’UE, ou plutôt pour les pays de l’UE proches de nous et importants pour la Suisse».

Peter Schneider s’interroge sur les déclarations de la ministre de la défense qui prétend que ce sont des éléments purement techniques et financiers qui ont motivé ce choix. Le rédacteur en chef qualifie ces arguments d'«étranges» et estime qu'«une occasion importante pour améliorer notre position au sein de l’UE a été manquée».

Les critiques de Peter Schneider s’ajoutent aux précédents reproches formulés par le corps militaire, notamment par André Blattmann. L’ancien chef de l’armée remet en cause l’achat même de ces avions puisqu’il estime que le pays n’en a pas vraiment besoin. Selon lui, une bonne défense aérienne basée au sol grâce à une batterie de missiles sol-air serait suffisante pour assurer la sécurité dans le ciel suisse. Son rapport avait été publié cet été peu avant la décision du Conseil fédéral d'acheter les F-35. Le document et la prise de position de l’ex-chef de l’armée avaient d’ailleurs suscité des critiques de la part de la société des officiers.

Viola Amherd campe sur sa décision

Malgré les critiques incessantes, la conseillère fédérale en charge de la Défense ne se laisse pas impressionner. Elle défend coûte que coûte son choix dès qu’elle en a l’occasion. Modifier ce choix pour un autre modèle d’avion, comme l’exige l’initiative de la gauche «Stop F-35!» serait impossible. «Nous sommes dans une procédure d'acquisition avec des échéances réglées, ce qui poserait des problèmes juridiques», a rappelé la ministre de la Défense dans une interview accordée au «Tagesanzeiger» mercredi.

La conseillère fédérale est convaincue que les opposants au F-35 s’insurgeraient contre n’importe quel avion de chasse. Bien que le texte de l’initiative soit spécifiquement dirigé contre l'avion américain, il exige également que le budget de l’armée soit réduit. «En d’autres termes, si la Suisse vote en faveur de l’initiative, il n’y aura pas d’argent pour un autre jet.» De toute façon, le Conseil fédéral n’aurait pas pu se prononcer en faveur d’un autre jet, souligne Viola Amherd, puisque la balance penchait clairement en faveur du F-35.

Des doutes subsistent

Le rédacteur en chef de l’ASMZ, est intimement convaincu que le F-35 n’est non seulement pas le meilleur modèle mais surtout pas le moins cher. Le fabricant Lockheed Martin a prouvé «qu’il s’y connaît en lobbying». Reste à savoir maintenant si les coûts d’exploitation ne décevront pas toutes les attentes.

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