Le chef du Département justice et police est entré en fonction il y a moins de 100 jours. Et pourtant, lorsque Beat Jans s'est présenté devant les médias au Tessin, il a parlé franco: «Ceux qui pensent que la politique de gauche consiste à fermer les yeux sur les problèmes se trompent», a-t-il déclaré en élevant les attentes à son égard en tant que conseiller fédéral PS.
«Les centres d'asile ne sont pas des centres d'hébergement d'urgence», poursuit le Bâlois. Le fait que des migrants frappent à la porte des centres fédéraux d'asile le vendredi soir et disparaissent tôt le lundi matin, avant que les autorités ne commencent à prendre leurs empreintes digitales, ne sera plus acceptable.
Pour Beat Jans, ces hôtes d'une nuit apparaissent surtout lorsqu'un grand événement a lieu à proximité du centre. Il relate ce qui lui a été rapporté à plusieurs reprises par les autorités de sécurité: beaucoup de ces migrants ne se présenteraient que pour profiter de l'agitation pour commettre des vols à la tire.
Des mesures qui ravissent l'UDC
Le fait qu'un homme de gauche torpille aussi ouvertement la politique d'asile ne manquera pas de faire parler au sein du PS. Il coupe ainsi l'herbe sous le pied de l'UDC. Le parti ne peut plus qu'exiger que ces paroles soient suivies d'actes. Pourtant, au Secrétariat d'Etat aux migrations (SEM), compétent en la matière, on est déjà sûr que «c'est un autre film qui se joue maintenant». Le nouveau ministre de l'asile écoute et agit comme le souhaitent les autorités migratoires.
Les mesures présentées par Beat Jans ne sont pas toutes issues de ses propres idées. Certaines avaient déjà été mises en place par sa prédécesseure Elisabeth Baume-Schneider. Par exemple, la procédure accélérée de 24 heures pour les demandes qui n'ont aucune chance d'aboutir: Beat Jans a décidé de l'appliquer dans toute la Suisse.
Une minorité poserait problème
Si ces demandes sont traitées plus rapidement, cela permettra d'apporter davantage d'attention aux migrants dont la vie et l'intégrité physique sont menacées. Et cela doit permettre de dégager des ressources pour traiter les 15'000 demandes d'asile qui se sont accumulées.
L'objectif de la procédure de 24 heures est en fin de compte de ne plus recevoir, dans la mesure du possible, de demandes sans espoir. Car cette petite partie des demandeurs d'asile, qui savent souvent qu'ils ne peuvent pas rester, serait responsable de la majeure partie des problèmes. C'est contre eux que la plupart des plaintes seraient déposées. Ils donneraient beaucoup de travail à la police, causeraient le plus de problèmes dans les centres d'accueil et feraient souffrir les autres demandeurs d'asile.
Beat Jans compte donc serrer la vis sur les cas problématiques. Toutes les mesures de droit pénal et de droit des étrangers «jusqu'à la détention administrative ou la détention en vue de l'expulsion» doivent être utilisées afin d'empêcher ces personnes de commettre d'autres délits, précise le ministre de la Justice. Il met ici les cantons face à leurs responsabilités.
Un nouveau chapitre?
Il fait en outre examiner la possibilité de limiter l'entrée dans les centres d'asile du lundi au vendredi et de rendre obligatoire la motivation par écrit des demandes d'asile ayant très peu de chances d'aboutir.
Une atmosphère de renouveau est perceptible. Beat Jans veut aussi rendre davantage de pouvoir de décision aux cantons. Ceux-ci ont été durablement irrités par le fait que l'ancienne ministre de la Justice Karin Keller-Sutter leur a attribué en 2022 – plus rapidement que convenu – davantage de requérants d'asile. Le successeur d'Elisabeth Baume-Schneider n'a pas non plus toujours eu la main heureuse: vouloir installer des conteneurs pour héberger des demandeurs d'asile aux frais des cantons n'avait pas été bien accueilli.
Beat Jans aurait encore beaucoup d'idées
En tant qu'ancien président du gouvernement bâlois, Beat Jans sait par expérience de quoi il parle et où les cantons atteignent leurs limites: Un grand centre fédéral d'asile se trouve sur le territoire de sa ville-canton – avec tous les problèmes que cela implique.
C'est pourquoi on entend dire dans le département que des mesures efficaces pour résoudre les problèmes dans le domaine de l'asile sont vraiment une préoccupation majeure du nouveau chef. Et qu'il a encore beaucoup d'idées.