Monsieur le Président, la politique de pandémie du Conseil fédéral suscite beaucoup de colère au sein de votre parti. Qu'avez-vous à rétorquer à ceux qui rejettent le certificat et la loi Covid?
Guy Parmelin: Cette discussion est une discussion légitime et omniprésente actuellement. Le Conseil fédéral s'efforce de mener une politique d'intérêt général. Chaque semaine, nous en discutons. Que pouvons-nous adapter? Où pouvons-nous décider d'une plus grande flexibilité? Le Conseil fédéral n'a qu'un seul objectif: le retour à la normale le plus rapidement possible. Mais dans ce processus, des choses imprévues peuvent se produire, comme l'émergence d'un nouveau variant, tel le dernier en date – qui n'est apparemment pas plus dangereux, mais plus contagieux en revanche. Il n'est pas facile de faire face à cette situation. Mais il faut noter que je reçois également de nombreuses lettres de membres de l'UDC qui comprennent les mesures que nous devons prendre.
Comment répondez-vous à l'accusation, qui vient notamment de l'UDC, selon laquelle le Conseil fédéral divise la population?
Les partis jouent leur rôle, le Conseil fédéral joue le sien.
Oui, mais c'est une accusation sévère dirigée contre le Conseil fédéral, dont vous faites partie.
Beaucoup de gens disent aussi que les mesures ne sont pas assez strictes. Le Conseil fédéral doit protéger la santé de la population et, en même temps, résoudre les problèmes économiques. Nous ne voulons surtout pas d'un nouveau confinement. Globalement, cette situation ne cesse d'apporter de nouvelles difficultés... et ce n'est pas fini.
Est-ce le ministre de l'économie qui parle ainsi?
Écoutez, j'étais dans le canton de Neuchâtel jeudi. J'y ai vu que l'économie se portait très bien. Mais les entreprises ont de plus en plus de problèmes car de nombreuses chaînes d'approvisionnement sont interrompues. Il se pourrait que, l'année prochaine, nous devions recourir davantage au chômage partiel. Non pas parce qu'il n'y a pas de travail, mais parce que des pièces ou des matériaux individuels manquent pour pouvoir terminer les produits. Et si cette crise s'aggrave dans d'autres pays, cela retombera aussi sur la Suisse.
Dans ce contexte économique, quelles conséquences aurait un non à la loi Covid?
Le Conseil fédéral et le Parlement ont statué là-dessus. Mon collègue Alain Berset et moi-même avons expliqué le projet de loi lors d'une conférence de presse. Divers milieux ont annoncé leur opposition. C'est simplement le processus normal qui est en cours.
Mais un résultat négatif aux urnes serait-il dangereux?
Un non aurait certainement des répercussions. Nous devrions trouver quelque chose de nouveau pour remplacer le certificat dès le mois de mars prochain, par exemple. Et cela pourrait poser des problèmes au niveau international. L'extension de l'indemnisation du chômage partiel à 24 mois figure également dans cette loi. La campagne du référendum commence maintenant, et nous ferons le point le 28 novembre.
L'UDC a adopté une résolution contre les villes, mais vous, en tant que président de la Confédération, vous représentez toute la Suisse. Vous sentez-vous toujours à l'aise lorsque votre parti suscite du ressentiment à l'encontre de certaines parties de la population?
Les partis ont tous leurs problèmes et leurs programmes. Là encore, le gouvernement a un rôle différent. Nous sommes obligés d'agir dans l'intérêt du grand public et de rechercher des solutions pragmatiques. Les discussions que vous mentionnez font partie de la démocratie directe. Tant que les menaces et la violence sont exclues, même un débat difficile me convient. D'ailleurs, la campagne pour les initiatives sur les pesticides était aussi compliquée à ce niveau-là.
Est-ce une corvée pour vous de devoir passer autant de temps dans cette Berne gauchiste? Non, j'aime vivre à Berne (rires). C'est une ville magnifique!