Le chef du WWF regarde l'avenir avec espoir
«Aujourd'hui, des espèces comme le gypaète barbu réapparaissent»

À l'occasion de l'anniversaire du «World Wildlife Fund», le directeur exécutif Thomas Vellacott jette un regard sur le passé – et, espérons-le, sur l'avenir.
Publié: 13.09.2021 à 05:58 heures
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Dernière mise à jour: 13.09.2021 à 12:32 heures
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La population de tigres augmente à nouveau.
Photo: DUKAS
Dana Liechti, Jocelyn Daloz (adaptation)

L’organisation de protection de l’environnement WWF a été fondée il y a 60 ans. Vous êtes le chef de la section suisse. Pourquoi le WWF est-il encore nécessaire aujourd’hui?
Thomas Vellacott: Parce qu’il est encore des causes que nous pouvons porter. Une tâche énorme nous attend si nous voulons obtenir des émissions nettes de gaz à effet de serre nulles avant 2050, ce qui est l'un de nos objectifs. Ce serait comparable à la révolution industrielle, une telle transformation technique à cette échelle. Nous devons préserver la biodiversité et créer une utilisation durable des ressources. Cela nécessite un changement profond dans les plus brefs délais. Le WWF est donc très sollicité.

Êtes-vous convaincu que ce changement est possible?
Je ne suis pas naïf. Les choses changent, mais encore beaucoup trop lentement. Ce qui me donne de l’espoir, toutefois, c’est que de plus en plus d’entreprises se fixent des objectifs fondés sur la science pour atteindre le but «net zéro». Plus de mille entreprises dans le monde se sont déjà engagées à respecter la norme que le WWF a élaborée avec d’autres organisations. Le secteur de l’énergie a également connu de nombreux changements en peu de temps: l’énergie éolienne ou solaire est la forme d’énergie la moins chère pour plus de deux tiers de l’humanité. Et puis nous observons aussi que de plus en plus de personnes prennent conscience que la santé et l’avenir de chacun d’entre nous sont très étroitement liés à ceux de la planète. Une prise de conscience essentielle!

La biodiversité est une autre question importante pour le WWF. Que s’est-il passé au cours des 60 dernières années?
Il y a des mauvaises et des bonnes nouvelles dans ce domaine. Pour environ la moitié des espèces animales, le nombre d’animaux diminue. C’est grave, et cela doit changer. Pour l’autre moitié, cependant, les populations augmentent à nouveau. Cela montre que la tendance négative peut être arrêtée et que les choses peuvent recommencer à s’améliorer. Par exemple, il y a beaucoup plus de tigres, de pandas et de baleines dans la nature aujourd’hui qu’il y a dix ans. C’est un succès que le WWF peut célébrer avec d’autres organisations.

Et spécifiquement en Suisse?
Nous avons consacré beaucoup d’efforts à la protection de la biodiversité dans ce pays. En conséquence, des espèces telles que le gypaète barbu ou le lynx réapparaissent aujourd’hui. Ce genre de bonnes nouvelles me motive à continuer. Mais il y a encore beaucoup de chantiers. Les gens ont souvent le sentiment que la Suisse est exemplaire en matière de protection de la nature. Malheureusement, ce n’est pas le cas.

C’est vrai?
Par rapport aux autres pays de l’OCDE, nous sommes parmi les moins performants dans ce domaine. Par exemple, nos masses d’eau sont extrêmement chargées en pesticides et les espèces aquatiques sont gravement menacées. La revitalisation des masses d’eau progresse beaucoup trop lentement et se heurte souvent à des résistances. Cela fait mal, surtout quand on voit à quel point il est urgent de trouver une solution au problème. Néanmoins, il est important de ne pas perdre espoir et d’être conscient que chaque individu peut faire la différence. Je suis encouragé, par exemple, par les plus de 6’000 volontaires qui travaillent pour le WWF afin de préserver la nature.

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