Migros joue gros sur ses capsules de café. Il n'y avait qu'à lire la communication début septembre autour du lancement de «Coffee B»: «La plus grande innovation produit de l'histoire de l'entreprise», annonçait le géant orange, qui espérait «changer radicalement l'industrie du café». Avant d'inonder de publicité à peu près tous les espaces possibles.
Immédiatement, une question venait à l'esprit: Nespresso, jusqu'ici référence en matière de café en capsules, peut-il être inquiété? Pour le savoir, Blick s'est rendu au siège de la filiale de Nestlé, à Vevey. Et le CEO, Guillaume Le Cunff, avait plus plus d'un tour dans son sac: la firme va lancer à son tour une capsule compostable, à base de papier. Une annonce qui suscite beaucoup de questions. Les voici.
Tiens tiens, une capsule de café compostable pour chez soi. Est-ce là une réaction à l'offensive de Migros et ses boulettes?
Pas du tout. Cela fait trois ans que nous travaillons sur ces capsules en papier. Si cela a pris autant de temps, c'est parce que nous voulions être absolument sûrs que la qualité du café Nespresso reste élevée.
C'est donc un parfait hasard si vous proposerez bientôt des capsules durables?
Si le développement avait duré plus longtemps, nous aurions attendu avant de communiquer. Mais maintenant, nous sommes prêts.
Quand est-ce que vos capsules seront disponibles?
Le lancement officiel est prévu au printemps prochain — dans un premier temps sur deux marchés tests, la Suisse et la France. Au début, quatre nouvelles variétés seront disponibles dans ces capsules, dont un café bio. Toutes s'harmonisent parfaitement avec les nouvelles capsules à base de papier.
Toutes les capsules en aluminium sont fabriquées en Suisse pour ensuite être acheminées dans le monde entier. Est-ce que ce sera le cas aussi pour celles-ci?
De la torréfaction à l'emballage, tous nos cafés sont produits en Suisse. Les capsules en papier sont fabriquées dans l'une de nos usines existantes, à Orbe (VD). Nous y avons déjà adapté nos lignes de production. Il a fallu adapter certains processus et nous assurer que ces capsules de café compostables à domicile étaient compatibles avec les machines à café Nespresso originales existantes. La pâte à papier a des propriétés très différentes de l'aluminium, ce qui nécessite des innovations techniques. Pour cela, nous avons pu faire appel à des partenaires éprouvés en Suisse.
Même ceux qui ont une machine professionnelle ou Vertuo?
Nous avons décidé de réserver dans un premier temps cette innovation au système Nespresso d'origine. Nous pensons pouvoir proposer les nouvelles capsules pour les systèmes Vertuo et Professional au cours des deux prochaines années.
Les capsules en aluminium sont-elles vouées à disparaître?
Non, il s'agit d'un élargissement de notre offre. C'est au client de décider ce qui est bon pour lui. C'est-à-dire s'il préfère recycler les capsules en aluminium ou composter les capsules en papier. En Suisse, celui qui ne peut ou ne veut pas composter chez lui peut simplement apporter ses capsules dans une boutique Nespresso, où elles seront éliminées de manière appropriée.
Un plus grand choix pour le client, c'est bien. Mais vous ne résolvez pas ainsi le problème des capsules en aluminium, critiquées...
Elles restent une bonne solution pour l'environnement. Il y a beaucoup de savoir-faire dans nos capsules, ce sont pour ainsi dire des outils de précision. Vous savez, l'empreinte carbone de la consommation de café est générée à environ 70% par la culture du café et l'utilisation du produit, y compris la consommation d'eau, et à seulement 14% par l'utilisation de capsules en aluminium. Ce dernier aspect est réduit à 5% si le recyclage est effectué correctement. Grâce au dosage par capsule, on gaspille beaucoup moins d'eau et de café. De plus, les capsules sont composées à 80% d'aluminium recyclé. Saviez-vous en outre que l'impact carbone d'une tasse de café provenant d'une machine automatique est de 30% supérieur à celui du système Nespresso?
Pourtant, les ventes de machines automatiques sont en hausse...
Presque chaque fois que je parle de durabilité, on me reproche de faire du greenwashing. Pourtant, Nespresso met en œuvre d'innombrables initiatives environnementales depuis plus de 30 ans. Celles-ci sont bien documentées, mais malheureusement encore trop peu connues du public.
Devriez-vous adapter votre communication ?
Nous ne prétendons pas être parfaits. Mais nous tenons la promesse de notre marque. Et cela implique de se préoccuper le plus possible de l'environnement. Cela ne date vraiment pas de ces dernières années. Une économie circulaire dans laquelle chacun apporte sa contribution, c'est la direction dans laquelle nous devons aller. Mais oui, nous communiquons désormais un peu plus clairement. Dans la nouvelle campagne que nous venons de lancer, toujours avec notre ambassadeur George Clooney, le recyclage est délibérément mis en avant. Et depuis cette année, nous sommes certifiés comme entreprise B-Corp.
Êtes-vous en train de dire que l'industrie du café est trop confrontée à des discussions sur la durabilité?
Il semble en effet que l'on scrute le café de plus près que les autres segments. Mais cela ne nous dérange pas. La durabilité est une nécessité et aussi une opportunité. Nous ne considérons pas la durabilité comme de la philanthropie, mais comme un modèle commercial.