Le boss d'une grande organisation de sécurité routière s'insurge
La clémence envers les chauffards est «un affront pour les victimes»

Après un jugement du Tribunal fédéral favorable à un chauffard tessinois, Roadcross, organisation de sécurité routière, craint les conséquences de sanctions qu'elle estime trop clémentes lors d'excès de vitesse. Interview du président.
Publié: 15.10.2024 à 04:57 heures
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Un chauffard roulait à 188 km/h au lieu de 100 - malgré cela, il n'a pas été condamné à une peine de prison avec sursis.
Photo: Philippe Rossier
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Christian Kolbe

Lors des débats parlementaires d'il y a deux ans, Roadcross avait déjà mis en garde contre une trop grande clémence à l'égard des chauffards. Aujourd'hui, les craintes de l'organisation de sécurité routière semblent se confirmer, après le jugement du Tribunal fédéral concernant un chauffard tessinois, qu'elle ne juge pas assez sévère. Willi Wismer, président de Roadcross, s'explique sur les conséquences d'une politique trop laxiste. Interview.

Willi Wismer, fallait-il s'attendre à un tel jugement après l'adaptation de la loi?
Oui, mais le Tribunal fédéral n'a fait que protéger l'interprétation de la Cour d'appel tessinoise. A nos yeux, c'est cette instance qui a commis l'erreur. On ne voit pas pourquoi quelqu'un qui roule à 188 km/h au lieu de 100 ne serait pas condamné à une peine de prison avec sursis.

Mais le conducteur était un primo-délinquant. Les tribunaux ont donc plus de marge d'appréciation...
C'est vrai. En principe, il est possible de punir moins sévèrement un primo-délinquant. Mais cette possibilité ne doit être utilisée que dans des cas exceptionnels, afin d'éviter les cas de rigueur. Si quelqu'un roule à 88 km/h au-dessus de la limite sur l'autoroute, il ne s'agit pas pour nous d'un cas de rigueur. L'infraction a été commise en toute connaissance de cause et doit, à notre avis, être sévèrement punie.

L'effet dissuasif est-il perdu pour autant?
Le chauffard doit de toute façon remettre son permis. Mais la situation est très différente s'il risque la prison, ou s'il s'en tire avec une amende avec sursis. Dans ce cas, il ne sert pas à grand-chose que le tribunal augmente l'amende de 500 à 1000 francs. De tels jugements laissent entendre qu'au fond, la vitesse est une faute sans gravité.

Les délinquants de la route bénéficient-ils de jugements trop cléments?
C'est définitivement le cas pour ce jugement au Tessin. Mais nous ne disposons pas encore de suffisamment de données pour pouvoir juger la situation générale. Mais je l'explique volontiers à l'aide d'un autre exemple: le dépassement par la droite dans le trafic en colonne sur l'autoroute. Il est évident que les automobilistes respectent moins l'interdiction de dépasser par la droite, car certains ont manifestement mal compris l'article de loi. Les sanctions sont toutefois moins importantes qu'auparavant, lorsque le permis était retiré.

Le Parlement a décidé d'accorder une plus grande marge de manœuvre aux condamnations pour excès de vitesse. Prévoyez-vous de réagir?
Nous ne pouvons pas accepter un tel jugement. Nous allons l'analyser en détail et voir si d'autres jugements vont dans ce sens. Si tel est le cas, nous pourrions envisager une initiative populaire contre les chauffards ou d'autres interventions parlementaires. Il ne s'agit pas seulement des chauffards. Il s'agit aussi du respect des victimes. Ce jugement est un affront pour les personnes concernées.

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