Depuis que Nemo a remporté l'Eurovision à Malmö il y a trois mois, l'activité de l'artiste bat son plein. En effet, Nemo donne énormément de concert en Suisse et à l'international. Mais est-ce que l'artiste biennois se porte bien pour autant? Impossible de le savoir. Tout au plus, peut-on émettre des suppositions en consultant ses profils sur les réseaux sociaux. Car pour ce qui est de la présence médiatique, Nemo est pratiquement absent, une interview interrompue par l'artiste faisant office d'exception. Il semble donc qu'en coulisse, le temps ne soit pas au beau fixe pour Nemo.
Sur Nemo
«Depuis le 11 mai, nous sommes à pied d'œuvre tous les jours, pratiquement 24 heures sur 24», déclare Reto Lazzarotto, manager de Nemo. Plus de 30 personnes sont impliquées dans la planification, la préparation et la production de l'artiste. «Depuis la victoire de l'Eurovision, nous avons traité plus d'une centaine de demandes de concerts et de spectacles en provenance de tout l'espace européen et avons pu entre-temps confirmer une tournée européenne en 2025 dans 17 pays et 26 villes.» Des demandes d'interviews auraient également été formulées en Suisse et à l'étranger. «Nous ne pouvons plus dire combien il y en a eu exactement», raconte même Reto Lazzarotto.
Seulement trois interviews en Suisse depuis l'Eurovision
Début juillet, trois journaux suisses étaient parvenu à obtenir un rendez-vous à l'Open Air de Gampel (VS), qui se tient du 15 au 18 août. Mais à la veille de l'entretien, l'artiste a finalement reporté sa rencontre avec les journalistes. Raison invoquée: le temps. Car Nemo doit sortir de nouveaux morceaux prévus cet automne, en plus de devoir honorer de nombreux concerts, comme celui de jeudi dernier, en Valais.
Mais un chiffre est particulièrement marquant: si on fait abstraction des conférences de presse données par l'artiste à son retour de Malmö et d'une rencontre avec les médias lors d'une réception à Bienne, Nemo n'a donné que... trois interviews dans toute la Suisse depuis son triomphe à l'Eurovision. SRF et Blue TV ont ainsi eu droit à un entretien filmé au Gurtenfestival, tandis que la «Bieler Tagblatt» s'est vu accorder une entrevue au festival Lakelive de Bienne.
Le journal local d'ailleurs a été prié de ne pas poser de questions d'ordre privé ou politique. La journaliste a néanmoins posé toutes les questions qu'elle souhaitait poser, tout en expliquant à la star qu'elle n'était pas obligée d'y répondre. Mais rien n'y a fait: Nemo a mis fin prématurément à l'entretien, en invoquant le caractère agressif de certaines questions.
Le manager défend le choix de Nemo
«La manière dont la 'Bieler Tagblatt' a mené l'interview a malheureusement permis de conclure que le média n'avait pas l'intention d'avoir une discussion d'égal à égal, mais plutôt de provoquer des gros titres», estime rétrospectivement Reto Lazzarotto. «Que Nemo ne veuille pas être disponible pour cela est compréhensible et l'interruption de l'interview est par conséquent légitime.»
En prévision de la rencontre à l'Open Air de Gampel, Blick également été sommé de renoncer aux questions politiques et privées. Deux jours avant la date de l'interview, Blick a obtenu le retrait de cette exigence. Le lendemain, l'entretien était reporté.
Une situation difficile pour les artistes de l'Eurovision
Le fait est que les artistes ayant pris par à l'ultime édition de l'Eurovision ont été soumis à une énorme pression, et ils le sont encore aujourd'hui. Des militants pro-palestiniens ont ainsi réclamé le retrait d'Israël du concours et ont même fait pression sur les organisations de l'Eurovision pour faire entendre leurs voix. D'autres, en revanche, ont estimé qu'il était déplacé de priver Israël de cette tribune dans le contexte actuel.
De nombreux artistes ont fait le choix de se tenir à l'écart de ce débat: «Cette année, l'Eurovision a été très agitée – et donc exceptionnelle à ce titre. Mais mon équipe m'a bien protégée des discussions politiques», explique l'artiste Kaleen, qui a concouru pour l'Autriche avec sa chanson «We Will Rave.» «Je voulais me concentrer sur le concours, car pour moi, l'Eurovision était la concrétisation d'un énorme rêve.»
Nemo n'est pas resté apolitique
Kaleen s'est également présentée devant le public jeudi soir dans la vallée du Rhône, tout comme ses concurrents de l'Eurovision Windows95man (Finlande) et le Joost Klein (Pays-Bas). «Je considère que mon travail d'artiste consiste à offrir aux gens des moments positifs et j'espère y être parvenue une nouvelle fois», précise Kaleen.
Fin mars, Nemo a signé, avec d'autres artistes de l'Eurovision, une déclaration appelant à un cessez-le-feu à Gaza. Après sa victoire à l'Eurovision, l'artiste biennois s'est fendu de plusieurs messages sur Instagram afin d'attirer l'attention sur la situation en Palestine. Depuis, des rumeurs persistent selon lesquelles Nemo aurait plaidé en coulisses pour l'exclusion d'Israël du concours. L'information ne peut toutefois pas être confirmée officiellement.
A l'affiche d'un festival politique la semaine prochaine
On serait tenté de se dire que Nemo refuse les interviews par peur des questions. Mais Reto Lazarrotto ne veut pas en entendre parler. «Depuis sa victoire à l'Eurovision, Nemo a donné de nombreuses interviews, répondant à toutes les questions possibles et imaginables, y compris politiques, et n'en a interrompu qu'une seule: celle avec la 'Bieler Tagblatt'», dit-il. «Si l'on dit maintenant que Nemo évite les questions, c'est tout simplement faux, et c'est vérifiable.»
Il cite en exemple l'interview de fin mai accordée par Nemo au magazine allemand «Spiegel» . Nemo y confirmait avoir rencontré la candidate israélienne Eden Golan et l'avoir saluée d'un «bonjour». Ceci alors que la chanteuse avait affirmé que Nemo l'avait évitée lorsqu'elle avait voulu lui présenter ses félicitations. Nemo n'a en revanche pas voulu s'exprimer dans le «Spiegel» sur la situation en coulisses pour les artistes, les protestations contre la participation d'Israël et les menaces.
Sur la scène de l'Open Air de Gampel, Nemo est apparu avec des cornes de diable, sans pour autant exprimer d'avis politiques. Pas un mot non plus sur ses expériences depuis sa victoire à l'Eurovision, mais Nemo a loué l'ambiance régnant dans le public. «Vous ne savez pas à quel point c'est fou de pouvoir jouer sur une telle scène devant tant de gens», a ainsi déclaré la star biennoise.
Mais l'artiste ne pourra pas faire dans l'apolitique la semaine prochaine. Le 23 août 2024, Nemo se produira à Berne lors du festival No-Borders-No-Nations sur la Schützenmatte devant la Reitschule de Berne. Cet événement gratuit revendique un monde sans États-nations ni frontières. La seule présence de Nemo devrait être interprétée comme une prise de position politique.