L'annonce de la démission de la présidente du PLR Petra Gössi en a surpris plus d'un, même s'il était prévisible que la débâcle de dimanche de la loi sur le CO2 déclencherait une discussion sur l'avenir de la Schwytzoise à la tête du parti. Malgré tout, la déclaration lundi après-midi de Petra Gössi a fait l'effet d'une bombe dans la sphère politique suisse.
Pascal Couchepin, quant à lui, n'a pas été surpris. Plus rien ne le surprend, dit l'ancien conseiller fédéral libéral-radical au téléphone. Couchepin avait publiquement soutenu le tournant écologique que la présidente du parti avait emprunté. Dans un entretien dans la «NZZ am Sonntag«, il a même qualifié les mérites de Petra Gössi «d'historiques».
Sa décision de mettre la question écologique et climatique au centre du programme libéral-radical «était difficile et courageuse», a déclaré Pascal Couchepin, qui a également été chef du groupe parlementaire du PLR. Pour lui, «quiconque la critiquera en coulisses aura peu de chances d'unir le parti.»
Le Valaisan est resté très attaché au PLR jusqu'à ce jour. Jusque dans ses liens familiaux, puisque sa fille est maire de Martigny, sa ville natale. Dans une interview accordée à Blick, l'ancien homme d'État donne son avis sur la décision de Petra Gössi et sur ses conséquences pour le parti.
Monsieur Couchepin, vous avez soutenu le tournant climatique de Petra Gössi. Sa démission signifie-t-elle maintenant la fin des thèmes écologiques au sein du PLR?
Pascal Couchepin : Il me semble que tous ces débats autour des dissensions internes au sein des libéraux-radicaux ont largement grossi le trait. Tout comme les autres partis, le PLR est actuellement confronté à deux problèmes majeurs: la politique européenne et la politique environnementale. Sur l'accord-cadre, nos deux conseillers fédéraux n'ont pas suivi la ligne du parti. Cela a provoqué des troubles au sein du PLR. Quant à la loi sur le CO2, je pense que le résultat du vote n'est pas si central pour notre parti. Une certaine sensibilité environnementale subsistera certainement.
Petra Gössi a estimé que c'était le moment pour elle de partir. Êtes-vous d'accord avec elle ?
Je pense qu'il valait mieux partir maintenant que dans dix jours ou il y a dix jours. Si elle avait démissionné avant la votation du 13 juin, sa démission aurait été interprétée comme le résultat de pressions à son encontre. Mais elle avait déjà fait part de sa décision à certaines personnes, quelques semaines auparavant. Dans un an, cela aurait été trop tard à cause des élections de 2023. Et au final, il n'y a jamais de bon moment pour démissionner.
Nous pensons qu'elle quitte un parti profondément en crise.
Encore une fois, tous les partis sont confrontés à des problèmes en ce moment. Le PS a perdu les élections en faveur des Verts et les Verts ont été les grands perdants dimanche. Et l'UDC continue d'exister parce qu'elle s'oppose à tout. C'est un problème en soi. Tout cela est le résultat de la fragmentation du paysage politique.
Mais le PLR est dans une position particulièrement délicate: il risque d'être déchiré entre l'UDC et les Verts'Libéraux. Quelle est la solution?
Au niveau local, il y a des réussites. A Martigny, le PLR a gagné, comme c'est le cas depuis 1848. Au niveau cantonal, les libéraux-radicaux ont progressé en Valais. À Neuchâtel, les libéraux sont à nouveau majoritaires au gouvernement. De plus, lors des élections au Parlement cantonal de cette année, ils sont restés la force la plus puissante, comme à Soleure. De l'extérieur, il semble qu'il y ait des problèmes de cohésion au sein des partis cantonaux germanophones. Pour les surmonter, nous aurons besoin d'un sens communautaire fort.
Pour succéder à Petra Gössi, le conseiller national zurichois Andri Silberschmidt serait un candidat potentiel. Mais il s'est déjà retiré de la course et n'a que 27 ans. Sa candidature pourrait-elle quand même être envisagée?
Aujourd'hui, les candidats potentiels se montrent très modestes. Cela fait partie du jeu. Mais tout est encore ouvert, je dirais. Je vois bien Andri Silberschmidt changer d'avis.
Quel genre de personnalité faudrait-il à la tête du PLR ?
Je ne peux pas le dire. Les libéraux-radicaux ont besoin de réfléchir à l'avenir du parti et de ses idées. Le parti doit identifier la direction qu'il veut prendre. Et, ensuite, avec qui elle y parviendra.
Certaines personnes parlent également d'un double leadership. Pensez-vous qu'une coprésidence soit envisageable?
Si le parti le souhaite, c'est une possibilité. Mais à mon avis, un président unique est la meilleure option.