L'analyse de Comparis dénonce
Arrivée à la retraite, la classe moyenne-supérieure doit se serrer la ceinture

Un bon salaire ne garantit pas une bonne retraite. Selon une analyse de Comparis, les salariés de la classe moyenne-supérieure ne peuvent pas maintenir leur niveau de vie d'antan une fois arrivés à la retraite.
Publié: 02.08.2022 à 11:20 heures
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Dernière mise à jour: 02.08.2022 à 12:28 heures
Les femmes occupant un poste de cadre moyen ont encore moins de chance.
Photo: Getty Images

Même un bon salaire ne garantit pas une retraite sans encombres. C’est ce que montre une analyse récente de Comparis, le comparateur en ligne suisse. Selon cette étude, les femmes et les hommes de la classe moyenne-supérieure arrivés à la retraite ne peuvent pas s’offrir le même niveau de vie qu’auparavant. Bien que cela soit prescrit par la Constitution fédérale, explique Comparis.

La faute à un mauvais calcul du troisième pilier. «La cotisation annuelle maximale autorisée dans le pilier 3a est beaucoup trop faible, explique Leo Hug, expert en prévoyance chez Comparis. Les femmes devraient donc pouvoir verser 12’400 francs par an dans le pilier 3a et les hommes 10’100 francs.»

Autrement dit, certaines personnes ne peuvent pas se constituer un capital vieillesse suffisant, en particulier les revenus moyens-supérieurs (un salaire de classe supérieure débute à 98'736 francs par an, selon l'Office fédéral de la statistique).

Qui en pâtit?

Les femmes dont le salaire annuel est supérieur à 96’000 francs et les hommes dont le revenu est supérieur à 105’000 francs sont concernés.

Dans cette catégorie de revenus, le niveau de vie habituel ne peut pas être maintenu à la retraite uniquement avec les rentes AVS (Assurance-vieillesse et survivants) et CP (Caisse de pension) ainsi que les fonds provenant du troisième pilier fiscalement privilégié.

«Cela vaut même si, par analogie avec l’AVS, les hommes versent pendant 44 ans et les femmes pendant 43 ans le montant maximal autorisé pour le pilier 3a», avertit Leo Hug. Cela va à l’encontre des principes des trois piliers.

Une épargne de plus de 700’000 francs est nécessaire

Pour la classe moyenne-supérieure, il n’existe pas de possibilité de se constituer une prévoyance optimisée sur le plan fiscal de manière additionnelle avec des plans de prévoyance 1e. Contrairement aux salaires plus élevés: les salaires supérieurs à 129’060 francs peuvent se faire proposer des solutions de prévoyance supplémentaires déductibles de leurs impôts.

Un homme célibataire avec un revenu de 129’060 francs (ce qui correspond à un salaire annuel de cadre moyen ou de spécialiste) et une espérance de vie moyenne de 85 ans a besoin, au moment de la retraite, d’environ 717’500 francs d’épargne en plus des rentes de l’AVS et de la caisse de pension.

C’est le seul moyen pour lui de continuer à vivre les 20 prochaines années au même niveau que précédemment. Il devrait donc pouvoir verser un peu plus de 10’100 francs par an dans le pilier 3a à partir de ses 20 ans, avec un taux d’intérêt moyen de 2%. Or, actuellement, le montant maximal autorisé est de 6883 francs par an.

Les femmes massivement discriminées

Les femmes occupant un poste de cadre moyen ont encore moins de chance. Celles-ci sont en moyenne plus âgées de trois ans et partent à la retraite un an plus tôt.

Elles doivent donc pouvoir recourir pendant 24 ans à des fonds de prévoyance privés en plus de l’AVS et de la rente de la CP. Pour un revenu de 129'060 francs, elles devraient, selon le calcul de Comparis, verser environ 12'400 francs par an de l’âge de 20 ans jusqu’à la retraite.

Les femmes devraient donc pouvoir verser 83% de plus que ce qui est autorisé dans le pilier 3a. «Les femmes qui font carrière sont les parents pauvres de la politique de prévoyance suisse. Au mieux, on les estime comme des sources de subventionnement croisé du premier pilier obligatoire. Elles sont massivement discriminées par le système», critique Leo Hug.

(Adaptation par Nora Foti)

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