L'agressivité des usagers inquiète
Crackage dans un local d'injection à Genève

L'augmentation de la consommation de crack à Genève a provoqué un essor de l'agressivité chez des usagers du local d'injection Quai 9. Une situation qui soulève des problèmes sécuritaires, mais aussi sanitaires.
Publié: 17.05.2022 à 20:29 heures
Le local d'injection Quai 9 existe depuis 2001.
Photo: Wikipedia
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Louise MaksimovicJournaliste Blick

L'augmentation de la consommation de crack à Genève inquiète les forces de l'ordre du bout du lac. Depuis plusieurs mois, le local d'injection Quai 9, près de la gare de Cornavin, a signalé des cas d'agressivité chez ses usagers. Certaines situations ont même nécessité l'intervention de la police cantonale.

L'essor de la violence due à cette «nouvelle» drogue a poussé les autorités et le nouveau directeur de Quai 9, Thomas Herquel, à agir. Dans les colonnes de «La Tribune de Genève», ce dernier développe son plan d'action: «Nous sommes en train de mettre en place un groupe de travail pour réfléchir aux mesures à prendre auprès de nos employés, des usagers, de la police et de la population, pour gérer cette problématique.»

Une question de santé publique

Euphorie, augmentation du rythme cardiaque, de la pression artérielle et du taux de sucre dans le sang... La consommation de crack provoque des symptômes qui peuvent aboutir à des comportements agressifs.

La cheffe du secteur promotion de la santé et prévention du Canton, Marie Léocadie, partage son inquiétude au quotidien genevois. Avec le personnel de Quai 9, ils craignent que cette forme libre et bien moins chère de la cocaïne ne se démocratise davantage pour aboutir à un problème majeur de santé publique.

Souvent consommé en cocktail avec des médicaments ou de l'alcool, le crack augmente les risques de malnutrition et de désocialisation, souligne encore la responsable genevoise.

Un reflet de la précarisation de la population

L'augmentation de consommation de crack serait également à mettre en parallèle avec la pauvreté croissante de la population de la région. Négociée à 20 francs les 0,2 à 0,5 grammes, la drogue permet d'éprouver des effets plus intenses que ceux de la cocaïne, et à moindre coût.

Interrogé par la «Tribune de Genève», le secrétaire général du GREA (Groupement romand d'études des addictions), Jean-Félix Savary, dresse ce parallèle: «Le crack (...) est souvent lié à la précarité. C’est un choix économique.»

Pour que la situation sécuritaire ne dégénère pas et que n'augmente pas la consommation de cette drogue, pour laquelle il n'existe pas de substitut de sevrage, l'équilibre s'annonce ardu à trouver. Il faudra s'assurer que les acteurs sociaux et les forces de l'ordre se concertent «pour s’adapter à cette nouvelle population de consommateurs qui reste à analyser», conclut Barbara Boers, professeure de l'Unité des dépendances en médecine de premier recours des Hôpitaux universitaires de Genève.

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