En mars dernier, une offre d'emploi de la Confédération avait fait tiquer la RTS. L'armée suisse cherchait le candidat idéal pour booster ses médias sociaux. «TikTok est notre prochain objectif», pouvait-on lire dans l'annonce. L'annonce avait alors fait réagir, des parlementaires ayant simultanément plaidé pour l'interdiction pure et simple du réseau social chinois au sein de l'administration fédérale.
Mais voilà. Ce lundi 30 octobre, l'armée annonçait son arrivée sur le réseau préféré des jeunes Suisses. Elle admet connaître les inquiétudes sur la sécurité des données des personnes qui utilisent TikTok. Mais son «besoin urgent» d'entrer en contact avec les jeunes prévaut.
Interdit par l'Union européenne
Cette décision navigue à contre-courant de nombreuses administrations, dont celles de l'Union européenne et des États-Unis, qui ont interdit à leurs fonctionnaires d'installer l'application sur leurs téléphones professionnels.
L'armée suisse a posté une première vidéo mardi, incarné par un jeune homme marchant devant le Palais fédéral. Il s'agit d'un ancien présentateur et journaliste de TeleBielingue. Il souhaite la bienvenue sur le TikTok officiel des forces armées, et promet un aperçu du quotidien des militaires helvètes. Pour l'heure, plus de 3550 personnes suivent le compte.
Formations spécifiques
Pour être sûre d'être solide niveau protection des données, l'armée accorde «une attention particulière à la sécurité de l’information». Elle a affirmé à la RTS qu'une analyse de sécurité avait été effectuée. Elle a également publié dans un communiqué que les militaires et représentants de l'administration recevront des formations pour sélectionner les contenus à publier.
Une «nétiquette», c'est-à-dire le bon comportement à adopter en ligne, a été élaborée. Les données sensibles sont enregistrées séparément, sur des appareils du service du personnel de la Confédération, et «sont donc particulièrement bien protégées. Aucun membre du personnel ou militaire ne doit en outre installer TikTok sur ses appareils privés.»
Espionnage
TikTok est le réseau social préféré des adolescents en Suisse. Comme le mentionne la télévision de service public, 34% des utilisateurs ont moins de 18 ans. Cependant, la plateforme de vidéos ultracourtes fait l'objet de controverses internationales. L'entreprise chinoise ByteDance, qui a créé l'application, est soupçonnée d'espionner ses abonnés pour le compte du gouvernement de Xi Jinping.
Interrogés en mars par la RTS, des experts en cybersécurité indiquaient qu'un compte TikTok donnait à l'application un accès potentiel à des informations sensibles. La géolocalisation, les contacts, le micro ou la caméra du téléphone sont concernés. Un problème pour les opérations confidentielles et stratégiques de l'armée.