L'absentéisme au Parlement
Voici les conseillers nationaux qui ont manqué le plus de sessions parlementaires

Qui était assis à sa place au Conseil national l'année dernière, qui était absent? Blick a enquêté et a demandé aux représentants du peuple de s'expliquer.
Publié: 04.01.2025 à 06:06 heures
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Dernière mise à jour: 04.01.2025 à 07:57 heures
Le roi des absences en 2024 : Daniel Sormanni, conseiller national genevois MCG. Personne n'a été plus excusé que lui au Conseil national.
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Sophie Reinhardt

Les 200 conseillères et conseillers nationaux se sont réunis pour cinq sessions en 2024. Pour débattre à chaque fois pendant plusieurs semaines de lois, adopter des budgets ou discuter de l'avenir de l'armée.

Selon la loi sur le Parlement, les députés sont tenus de participer aux séances des conseils et commissions. Mais qui était réellement présent? Quelle chaise est restée la plus vide? Blick fait le point, en s'appuyant sur la liste des absences annoncées par les services du Parlement. 

Qui a été le plus absent?

Le roi des absences 2024: Daniel Sormanni, conseiller national genevois MCG.
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Avez-vous déjà entendu parler de Daniel Sormanni? Probablement pas beaucoup! Car l'année dernière, le député du Mouvement Citoyens Genevois (MCG) s'est fait excuser durant 20 jours, parmi les 55 jours de session. Presque un jour sur trois donc! Le Genevois reprend ainsi le sceptre peu glorieux de Roger Köppel de l'Union démocratique du centre (UDC), le roi des absences en 2023 au Conseil national. 

Interrogé, Daniel Sormanni explique son absence par une opération du tendon d'Achille, qui l'a empêché de participer à la session d'été.

La deuxième place est occupée par...

Deux parlementaires qui ne s'entendent pas beaucoup: le politicien du Parti socialiste (PS) Pierre-Alain Fridez et la conseillère nationale UDC Céline Amaudruz. Tous deux finissent ex aequo, étant excusés ou absents pendant 19 jours. 

Pierre-Alain Fridez justifie son absence notamment par le Conseil de l'Europe, dont il a été le vice-président pendant l'année 2024.
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Le député partage la deuxième place avec l'UDC Céline Amaudruz, qui a également été absente à plusieurs reprises.
Photo: GABRIEL MONNET

Le socialiste a justifié son absence par sa présence au Conseil de l'Europe, dont il a été le vice-président durant l'année 2024. Il dit avoir été absent plusieurs jours pour soutenir la candidature de l'ancien conseiller fédéral, Alain Berset, au poste de secrétaire général du Conseil de l'Europe, explique-t-il à Blick.

L'absence de la députée est due à une raison plus triste. Début décembre, Céline Amaudruz a expliqué publiquement le fait que sa grossesse présentait des complications mettant sa vie en danger. Le vendredi soir, avant le début de la session d'hiver, elle a été hospitalisée d'urgence. Les médecins lui ont interdit de se rendre à Berne.

Un nombre remarquablement élevé de Romands absents

Ce qui frappe dans la statistique des absences, c'est que ce sont surtout les parlementaires francophones qui manquaient souvent à l'appel. En effet, la troisième place est également occupée par une Romande: la Vaudoise Jacqueline de Quattro. 

La PLR Jacqueline de Quattro fait également valoir des raisons médicales pour expliquer son absence durant toute la session de printemps.
Photo: Keystone

Toutefois, l'élue du Parti libéral radical (PLR) fait aussi valoir des raisons médicales pour expliquer son absence durant toute la session de printemps. «Je ne m'absente que pour des visites chez le médecin ou à l'hôpital», explique-t-elle à Blick. Cela s'est traduit par 15 jours d'absence. Après plus de 40 ans de sports de combat, elle avait «malheureusement besoin de quelques réparations», explique la députée. Elle a des problèmes aux genoux, aux hanches et au dos.

Des résultats à prendre avec des pincettes

Mais sur les 200 membres du Conseil national, beaucoup n'ont pas manqué un seul jour – du moins selon la liste des absences. Plus de 144 parlementaires, de gauche comme de droite, n'apparaissent pas sur la liste. Parmi eux, on trouve par exemple les chefs de parti ou de groupe de tous les partis: Gerhard Pfister (Centre), Marcel Dettling (UDC), Cédric Wermuth (PS), Aline Trede (Vert-e-s), Damien Cottier (PLR) ou Jürg Grossen (PVL).

Il faut toutefois prendre les résultats avec des pincettes: au Conseil national, la présence est attestée par la signature de la liste de présence. Mais on peut très bien s'inscrire le matin et disparaître l'après-midi. La liste des absences peut ainsi être falsifiée.

Ainsi, selon la liste des absences, la conseillère nationale PS Tamara Funiciello n'a pas manqué un seul jour l'année dernière. Pourtant, elle était présente le 12 décembre au Tribunal fédéral à Lausanne, pour assister au verdict de la votation sur l'âge de la retraite des femmes. La Bernoise n'a pas participé à plusieurs votes au Parlement, comme en témoignent les procès-verbaux. De même, sa collègue de parti, Mattea Meyer, qui était également présente au tribunal à Lausanne, était absente ce jour-là et s'est fait excuser. 

L'exemple ci-dessus le montre: les parlementaires ingénieux peuvent aussi se soustraire aux statistiques.

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