La Verte Lisa Mazzone se bat pour son siège aux Etats
«Il y a déjà assez de droite populiste à Berne»

En deuxième position, d'après les premiers résultats pour l'élection au Conseil des États, la Verte genevoise Lisa Mazzone mise sur le second tour pour conserver son duo avec Carlo Sommaruga (PS). Ce malgré la montée fulgurante de la droite. Interview à chaud.
Publié: 22.10.2023 à 19:19 heures
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Dernière mise à jour: 22.10.2023 à 21:35 heures
D'après les premiers résultats, la sortante Verte Lisa Mazzone serait plutôt bien partie pour conserver son siège au Conseil des États.
Photo: keystone-sda.ch
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Daniella GorbunovaJournaliste Blick

D'après les premiers résultats, du côté de Genève, la sortante verte Lisa Mazzone serait plutôt bien partie pour conserver son siège au Conseil des États. Peu avant 19 heures dimanche, elle est toujours en seconde position, juste après celui qu'on qualifie de surprise de la journée: la tête de proue du Mouvement citoyens genevois (MCG), Mauro Poggia. Le sortant socialiste Carlo Sommaruga arrive quant à lui en troisième position — toujours selon les résultats préliminaires.

Le duo genevois rose-vert qui représente le bout du Léman à la chambre haute risque bel et bien d'être cassé, à la faveur d'un des candidats de la droite — qui partira unie au second tour. Cela alors que le parti de l'actuelle conseillère aux États Verte est en proie à une chute, après sa montée en puissance de 2019.

Les Vert-e-s genevois perdent un siège au Conseil national (-8.95% des suffrages par rapport aux dernières élections, d'après les premiers chiffres disponibles). Et la gauche devra, probablement, céder l'une de ses places aux États. Lisa Mazzone craint-elle pour son siège? Pour son parti? Interview à chaud.

Lisa Mazzone, les tout premiers résultats vous donnaient troisième, à la course aux États. Vous êtes finalement passée devant votre collègue socialiste sortant, Carlo Sommaruga, pour arriver droit derrière Mauro Poggia (MCG). Vous avez eu chaud?
Carlo et moi étions heureux d’être dans le trio de tête. C’est un signe de confiance des électrices et des électeurs. Cela montre aussi que l’alliance de la gauche a bien fonctionné: nous sommes unis et solidaires. Prêts pour le deuxième tour.

Unis ou pas, d’après les résultats de ce premier tour, il est tout de même probable que vous vous retrouviez en duo avec Mauro Poggia (MCG) ou avec Céline Amaudruz (UDC) à la chambre haute… Une perspective effrayante?
Genève a toujours été un moteur progressiste, une ville internationale ouverte sur l’Europe et sur le monde. Précurseure sur les questions environnementales et sociales. Je suis persuadée que nous parviendrons, au second tour, à mobiliser toutes celles et ceux qui veulent que la représentation de Genève à Berne reste fidèle à ce que Genève apporte à la Suisse. Et aux comportements de vote: entre les votations populaires à Genève et les votes au parlement, c’est nous qui avons le plus haut taux de concordance. Je continue à penser que notre duo, avec Carlo Sommaruga, est le meilleur. Et qu’il va trouver une mobilisation plus grande au second tour.

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« Je continue de penser qu’on va pouvoir convaincre et mobiliser, avec Carlo Sommaruga»
Lisa Mazzone, les Vert-e-s
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Mais si ce n’est pas le cas, vous préférez gouverner avec qui, entre Mauro Poggia (MCG) et Céline Amaudruz (UDC)?
(Rires.) Je ne répondrai pas à cette question, car je continue de penser qu’on va pouvoir convaincre et mobiliser, avec Carlo Sommaruga. D’autant plus que, lors de ce premier tour, nous avons peu parlé du Conseil des États, contrairement au Conseil National. L’entre-deux-tours, c’est le moment d’en parler davantage. D’expliquer notre rôle de conseillers aux États. De parler de l’influence que nous avons déjà, mon collègue socialiste et moi, dans un gremium dans lequel nous avons déjà fait notre place. Si je suis réélue, je vais devenir présidente du Conseil des États l’année prochaine. Cette perspective est aussi une occasion de faire rayonner Genève. Carlo Sommaruga a quant à lui déjà présidé une commission.

Donc, vous dites qu’il serait contre-productif de renouveler le Conseil des États, puisque vous, les deux sortants, êtes déjà bien installés à la chambre haute….
Envoyer quelqu’un qui n’a pas déjà une assise à Berne, qui n’aura pas de représentation dans un parti (ndlr: en référence à Mauro Poggia. Le MCG n’étant pas représenté au niveau national), qui siègera peut-être dans des commissions, mais pas dans les commissions importantes, serait une erreur stratégique pour le canton.

Pourtant, sur le fond, vous tombez d’accord avec Mauro Poggia sur un certain nombre de sujets. Dont les questions liées à l’assurance maladie — qui sont actuellement l'une des plus grandes préoccupations de la population. Ne pourriez-vous pas œuvrer ensemble?
Nous sommes en effet d’accord sur le sujet des assurances maladie, puisque Monsieur Poggia reprend, à ce propos, l'argumentaire de la gauche. Mais si la population veut une vraie défense sociale, un système solidaire, il faut choisir ceux qui s’engagent depuis toujours sur ces dossiers-là, à savoir Carlo Sommaruga et moi-même. D’autant plus que nous apportons de la stabilité au parlement. La chambre haute est un lieu où il n’est pas simple de se faire une place.

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«Je crois qu’il y a déjà assez de droite populiste à Berne — Genève n’a pas besoin de porter cette voix-là»
Lisa Mazzone, les Vert-e-s
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C'est-à-dire?
Le fait d’appartenir à un parti représenté au niveau national, en plus d’être déjà une personne reconnue, fait une différence. Monsieur Poggia est peut-être sur la même longueur d’ondes que nous, pour les questions liées à l’assurance maladie. Mais, s’il est élu aux États, il ne sera jamais dans la commission de la santé. Jamais. Et puis je crois qu’il y a déjà assez de droite populiste à Berne — Genève n’a pas besoin de porter cette voix-là.

Si vous avez réalisé un bon score personnel, on ne peut pas en dire autant pour votre parti. Les Vert-e-s genevois ont perdu un siège au Conseil national, chutant de 12,7% par rapport aux dernières élections. Alors qu’en 2019, vous aviez réalisé une percée historique (+11,98%)....
C’est une période difficile. Les guerres, les crises, la violence, l’insécurité, la crainte de ne pas réussir à boucler les fins de mois… C’est aussi un moment où les Vert-e-s font l’objet d’attaques quasi constantes et très agressives. Dans ce contexte, je trouve notre résultat tout à fait honorable. On maintient une représentation forte (ndlr: deux sièges au Conseil national). Les résultats n’ébranlent jamais notre engagement: au contraire, ça le renforce.

Pas d’autocritique à faire, donc. Malgré les résultats, vous estimez avoir fait un sans-faute, durant cette campagne électorale?
Honnêtement, nous n’avons jamais fait de campagne électorale aussi forte et aussi professionnelle, au niveau de la Suisse toute entière. Nous n’y avons jamais mis autant de moyens. Il n’y a jamais eu autant de militantes et de militants en lice. Il n’y a jamais eu autant d’engagement. Il y a donc une forme de paradoxe, oui. Ces résultats sont en dessous de nos attentes. Mais aussi et surtout au-dessous de ce dont nous aurions besoin, face aux enjeux climatiques. Dans un contexte qui est devenu difficile, nous avons donné tout ce qu’on pouvait, durant cette campagne. Et, à Genève, nous nous en sortons avec un score qui est tout de même meilleur que celui que nous avions réalisé en 2015, par exemple.

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