La Tesla de la mort
Le monde entier parle de la capsule de suicide suisse

Elle sort d'une imprimante 3D et doit offrir une nouvelle possibilité pour le suicide assisté: la capsule Sarco vient d'être autorisée en Suisse et se passe de médicaments. Les organisations d'aide au suicide sont toutefois sceptiques.
Publié: 09.12.2021 à 17:40 heures
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Dernière mise à jour: 10.12.2021 à 17:58 heures
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C'est la capsule de suicide «Sarco». Elle a désormais été autorisée en Suisse. L'année prochaine, la capsule devrait être utilisée.
Photo: Screenshot Twitter
Anastasia Mamonova

En Suisse, les personnes qui souhaitent recourir au suicide assisté le font en ingérant un produit: le pentobarbital de sodium. Le produit plonge la personne dans un sommeil profond, puis dans le coma, jusqu'à la mort.

Il pourrait désormais y avoir une alternative. La capsule de suicide «Sarco» pourrait bientôt être autorisée en Suisse (et n'a rien à voir avec un certain ancien président d'un pays voisin fan de matériel de nettoyage industriel). Comme le rapporte «Swissinfo», il s'agit d'un appareil imprimé en 3D et fabriqué par l'entreprise «Exit International», enregistrée en Australie. Il n'existe pour l'instant que deux prototypes. Le troisième, qui devrait être utilisé dans notre pays, est en train d'être imprimé aux Pays-Bas.

Mourir dans un cadre idyllique

Le fondateur d'Exit International, Philip Nitschke, explique la démarche: «La machine peut être déplacée. On peut donc choisir l'endroit où l'on souhaite mourir: cela peut être dans un cadre idyllique en plein air ou dans les locaux d'une organisation d'assistance au suicide.»

Sa création fait les choux gras de la presse internationale. Le magazine «Newsweek» a nommé l'appareil la «Tesla de la mort», tandis que «Business Insider» pense que la Suisse pourrait être le premier pays où la capsule sera utilisée légalement.

Décès par manque d'oxygène

Comment fonctionne le «Sarco»? Tout d'abord, on s'allonge dans la capsule. «Elle est très confortable», assure Philip Nitschke. La personne devra répondre aux questions d'un test en ligne, avant de recevoir un code et d'activer la capsule de l'intérieur via un bouton. Un encadrement médical ne serait plus nécessaire.

«Un ou plusieurs médecins doivent être impliqués pour prescrire le pentobarbital sodique et confirmer la capacité mentale de la personne. Nous voulons supprimer toute forme d'examen psychiatrique du processus et permettre à la personne de contrôler elle-même la méthode», indique le médecin à «Swissinfo».

Après l'activation de la capsule, l'intérieur est inondé d'azote. La teneur en oxygène tombe rapidement à 1%. La personne se sent alors légèrement désorientée et peut-être même euphorique. Le processus ne dure que 30 secondes. «La mort survient par hypoxie et hypocapnie, c'est-à-dire par manque d'oxygène ou de dioxyde de carbone. La personne part sans panique, sans sensation d'étouffement.»

Besoin d'aide?

Ces services sont disponibles 24 heures sur 24 pour les personnes en proie à des envies suicidaires et pour leur entourage:

  • Consultation téléphonique de la Main Tendue: composez le 143. Site web: www.143.ch.
  • Service téléphonique de Pro Juventute (pour les enfants et les jeunes): composez le 147. Site web: www.147.ch.
  • Pour plus d'informations: www.parler-peut-sauver.ch.

Ces services sont disponibles 24 heures sur 24 pour les personnes en proie à des envies suicidaires et pour leur entourage:

  • Consultation téléphonique de la Main Tendue: composez le 143. Site web: www.143.ch.
  • Service téléphonique de Pro Juventute (pour les enfants et les jeunes): composez le 147. Site web: www.147.ch.
  • Pour plus d'informations: www.parler-peut-sauver.ch.

Les organisations d'aide au suicide sont sceptiques

«Sarco» pourrait bien être utilisé en Suisse dès l'année prochaine. Philip Nitschke espère pouvoir proposer les capsules en collaboration avec les organisations locales d'assistance au suicide. Mais pour l'instant, celles-ci ne montrent que peu d'enthousiasme.

Le vice-président d'Exit, Jürg Wiler, déclare au «Tages Anzeiger»: «De nombreuses questions restent ouvertes. Entre autres, on ne sait pas quel est le contenu exact de l'avis de droit mentionné pour une légalisation, ni qui en est l'auteur.»

La capacité de discernement en question

L'ancien procureur général du canton de Zurich, Andreas Brunner, voit des obstacles à l'utilisation de la capsule, notamment lors de la vérification de la capacité de discernement des personnes désireuses de mettre fin à leurs jours. Il ne voit pas comment un test en ligne pourrait être adéquat.

«À mon avis, ce n'est pas possible, déclare-t-il. Il reste des zones d'ombre importantes dans le diagnostic concernant la capacité discernement, par exemple dans le cas de début de démence ou d'une dépression liée à l'âge.»

Il doute qu'une intelligence artificielle puisse saisir les nuances qu'un professionnel de la santé psychique puisse percevoir. Avant que la capsule de suicide ne soit effectivement utilisée, certaines questions juridiques doivent donc encore être clarifiées.

(Adaptation par Jocelyn Daloz)

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