Le risque d'incendie de forêt, la fonte des glaciers ou le moment idéal pour récolter un champ. Tous ces évènements ont un point commun très important: ils dépendent de la teneur en eau des sols.
Cette valeur peut être surveillée par des satellites ou par des capteurs au sol. Mais les deux méthodes ne permettent que des conclusions limitées.
TerraRad Tech AG, un spin-off de l'Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage (WSL), a mis au point un nouvel appareil pour mesurer la teneur en eau du sol. Sa particularité: il est suffisamment petit et léger pour être attaché à un drone. Les chercheurs ont baptisé l'instrument «Polra», abréviation de portable L-band radiometer, soit «radiomètre portable en bande L».
Un aide pour une récolte optimale
Ce radiomètre à micro-ondes survole une section du sol à l'aide d'un drone. Les données sont transmises directement sur un smartphone ou une tablette. Il peut être utilisé par exemple pour des agriculteurs, qui peuvent ainsi voir où ils doivent irriguer leurs champs et où ils ne doivent éviter de le faire, ce qui permet d'économiser l'eau. Il indique également le moment optimal pour labourer un champ.
Contrairement aux autres appareils de mesure, Polra fournit des données quelle que soit la densité de la végétation, explique Derek Houtz, CEO de TerraRad Tech: «Les autres drones qui examinent les champs ne fonctionnent que si les plantes couvrent moins de 80% du sol. Notre capteur pénètre à travers la couverture végétale au-delà de ce chiffre.»
Il pourrait également être utilisé pour fournir des informations précieuses pour la surveillance des glaciers et l'évaluation du risque d'incendie de forêt.
L'agriculture en priorité
Mais pour l'instant, TerraRad Tech se concentre sur la gestion des cultures. Selon Derek Houtz, les autres domaines ne sont pas encore assez développés pour l'application du radiomètre, voire ne permettent pas du tout de l'utiliser: «Par exemple, il est toujours illégal de faire voler un drone au-dessus d'une source active de feu, comme par exemple un feu de forêt. Donc, vous ne pouvez pas collecter de données du tout dans ce scénario.»
L'agriculture, en revanche, est prête pour cette nouvelle technologie: «Il y a là un potentiel de marché mondial, notamment dans les régions sèches comme l'Australie ou l'ouest des États-Unis.»
Des coûts élevés qui devraient baisser
David Brugger, responsable des productions végétales à l'Union suisse des paysans, confirme l'intérêt du secteur agricole. Cependant, un problème majeur de ces nouvelles technologies est leur coût encore élevé: «Un robot désherbeur semi-autonome coûte entre 100'000 et 200'000 francs. Une ferme moyenne peut difficilement se permettre un tel investissement», explique David Brugger.
Pourtant, il serait selon lui judicieux d'utiliser ces nouvelles technologies aussi rapidement et largement que possible, car elles «sont bonnes pour l'environnement et soulagent les agriculteurs».
Pour l'instant, Polra n'est utilisé que dans la recherche. Dans deux ans, le capteur devrait être abordable pour les exploitations agricoles, selon Derek Houtz. D'ici là, dit-il, elle aura atteint la production de masse et sera donc moins chère: «Nous visons un prix inférieur à 5'000 francs, drone compris.» Si elle s'avère pratique et abordable, David Brugger en est sûr, «son application sera rapidement trouvée».