Compenswiss a terminé 2024 sur une performance «réjouissante» malgré un contexte géopolitique et économique difficile. L'organisme qui gère les fonds de compensation AVS/AI/APG a enregistré un résultat de placements de +7,33%. Sa fortune se porte à 46,1 milliards. En 2023, cette fortune s'élevait à 40,5 milliards de francs. La hausse l'année dernière est due pour moitié au rendement des placements réalisé en 2024, mais aussi en grande partie à l'augmentation de la TVA suite à la réforme AVS21 (taux normal passé de 7,7% à 8,1%).
«Cette réforme nous donne un peu d'air», a commenté mardi devant les médias Eric Breval, directeur de compenswiss. Les résultats 2024 sont réjouissants, a complété Manuel Leuthold, le président du conseil d'administration. L'ensemble des classes d'actifs, mais en particulier les actions suisses et surtout américaines ainsi que les placements en or, ont contribué au résultat positif. Sur les 46,1 milliards, la fortune de placement atteint 43,4 milliards et les liquidités se montent à 2,7 milliards.
Après prise en compte de la couverture de change, le rendement net sur la fortune de placement atteint 7,33% à fin 2024. Le rendement net réalisé sur les liquidités s’élève à 1,55%. Toutefois, cette bonne performance ainsi que celle de 2023 (+4,98%) ne permettent pas de compenser entièrement l'exercice 2022 (-12,85%). Le résultat cumulé des placements sur les trois dernières années atteint ainsi -1,8%.
Dette de l'AI
Dans le détail, le rendement net sur la fortune du fonds de compensation de l'AVS atteint 7,21%, et celui de l'AI tout comme celui des APG 7,13%. La fortune de l'AVS se monte à 40,3 milliards, celle de l'AI à 3,8 milliards et celle des APG à 1,9 milliard. Les résultats légèrement différents des trois fonds s'expliquent par des niveaux de liquidités qui varient d'une assurance sociale à l'autre.
Il ne faut pas oublier que la dette de l'AI envers l'AVS se monte actuellement à quelque 10 milliards, a ajouté M. Leuthold. Au vu des perspectives futures de l'AI, qui se trouve donc en réalité avec une fortune d'environ -7 milliards, une réduction de cette dette s'annonce difficile ces prochaines années. Pour le fonds AI, les perspectives financières se sont détériorées en raison du nombre de nouvelles rentes en hausse et de la baisse des taux de sortie. A cela vient s'ajouter l'idée d'une 13e rente AI, a noté M. Leuthold.
13e rente AVS
Compenswiss se montre préoccupé également pour le fonds AVS. En raison de l'introduction de la 13e rente vieillesse, un résultat de répartition négatif pour l'AVS se profile dès 2026, a expliqué M. Leuthold. Les prévisions tablent sur -25 milliards d'ici 2035 sans mesures supplémentaires. Le résultat se chiffre à quelque -2,5 milliards d'ici 2035 si la TVA augmente de 0,7% dès 2026, comme le prévoit le Conseil fédéral.
Manuel Leuthold a plaidé pour des mesures aussi vite que possible. L'attente entraîne des coûts exponentiels. Outre le financement de la 13e rente AVS, l'initiative populaire du Centre visant à supprimer le plafonnement des rentes AVS pour les couples mariés dès 2030 est un autre défi. De même que le vieillissement de la population et l'allongement de l'espérance de vie. De son côté, le fonds du régime des APG affiche des chiffres solides et n'est pas affecté par les préoccupations qui touchent les fonds AVS et AI. Les résultats d'exploitation 2024 des trois assurances sociales seront publiés en avril.
Banque dépositaire globale
Le président du conseil d'administration a encore rassuré sur la décision l'an passé de désigner comme nouvelle banque dépositaire globale du fonds de compensation AVS/AI/APG la succursale zurichoise de la filiale munichoise de State Street, une institution américaine basée à Boston. UBS tenait précédemment ce rôle. Cette banque dépositaire globale ne gère pas les actifs des fonds, a souligné M. Leuthold. Elle ne transfère pas non plus la totalité des actifs vers le marché où elle siège. Elle n'a qu'un rôle purement administratif.
Elle calcule la performance globale des fonds et a une vue d'ensemble sur ce qui doit être fait pour une bonne gouvernance. Il est simpliste de dire qu'une banque suisse est forcément stable et une à l'étranger est mauvaise, a relevé M. Leuthold, citant l'exemple de Credit Suisse. Et de rappeler qu'il est essentiel pour compenswiss d'investir dans le monde entier. Une banque dépositaire locale s'occupe dans chaque pays des titres et de la devise de l'endroit. Ces avoirs doivent être détenus à l'étranger, indépendamment de qui est la banque dépositaire globale. Si tout était en Suisse, les rendements chuteraient, selon M. Leuthold. Une concentration sur le marché helvétique, petit à l'échelle mondiale, comporterait des risques.