La Poste, CFF, Skyguide, Swisscom...
Dans les entreprises publiques aussi, les managers empochent de gros bonus

Depuis la débâcle de Credit Suisse, les bonus versés aux managers des banques sont vivement critiqués. Il s'avère que les cadres supérieurs des entreprises publiques sont eux aussi largement récompensés - avec l'accord des politiques.
Publié: 24.04.2023 à 19:10 heures
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Les bonus sont mal vus depuis la débâcle de Credit Suisse. Pourtant, même dans les entreprises publiques, les rémunérations variables sont parfois élevées.
Photo: Bloomberg via Getty Images
Levin Stamm

Depuis des années, la culture des bonus de la place financière suisse fait grincer des dents. Mais depuis la débâcle de Credit Suisse (CS), la méfiance de la population suisse s'est transformée en indignation.

Une enquête de la «Schweiz am Wochenende» vient ajouter de l'huile sur le feu: les managers des banques ne sont pas les seuls à se faire grassement rémunérer pour leurs services. Même dans les entreprises publiques, le versement de bonus est à l'ordre du jour.

La directrice de FMB a touché le plus d'argent.

Un nom sort du lot: Suzanne Thoma, directrice du groupe énergétique FMB jusqu'à l'année dernière. En plus de son salaire normal, l'actuelle CEO de Sulzer a reçu 764'000 francs supplémentaires en 2021.

Ses rémunérations variables contrastent fortement avec celles d'autres chefs occupant des postes comparables. Benedikt Löpfe, chef de son homologue zurichois EWZ, ne perçoit aucune rémunération supplémentaire.

La Poste, les CFF et compagnie

Suzanne Thoma n'est pas la seule dirigeante connue à avoir reçu des primes mirobolantes par le passé. Le CEO de la Poste Roberto Cirillo, le directeur général des CFF Vincent Ducrot, et Alex Bristol, le plus haut responsable de l'entreprise de contrôle aérien Skyguide, ont chacun reçu une somme de 100'000 francs.

Les employeurs de ces trois responsables s'en tirent donc encore à bon compte, car d'autres entreprises publiques offrent nettement plus. Pour Christoph Aeschlimann, CEO de Swisscom, et André Wall, chef du groupe d'armement Ruag, le montant des primes s'élève à 250'000 francs chacun.

La politique ne fait rien - jusqu'à présent

Les versements de bonus font surtout parler d'eux parce que la politique pourrait avoir son mot à dire dans les entreprises publiques. Mais celle-ci a du mal à imposer des règles contraignantes. Ainsi, le parlement cantonal zurichois a rejeté lundi une intervention visant à plafonner le salaire du directeur de la Banque cantonale de Zurich (ZKB). Pourtant, la ZKB dépasse même l'UBS en termes de bonus.

Les choses bougent quand même au niveau national. Le conseiller aux États radical Ruedi Noser défendait encore récemment les bonus pour les collaborateurs de CS. Il a désormais déposé une motion pour modifier le droit des sociétés anonymes lors de la session spéciale sur CS.

La proposition: à l'avenir, les bonus de tous les collaborateurs ne pourront pas dépasser 15% du bénéfice net déclaré. Des versements plus élevés devraient être approuvés par l'assemblée générale d'une entreprise. La proposition de Ruedi Noser doit encore être traitée par le Conseil des États.




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