La menace d'un échec total plane
L'interdiction de la publicité pour le tabac reste en suspens

Le Parlement tourne en rond dans la mise en œuvre de l'initiative populaire pour la protection des mineurs contre la publicité pour le tabac. Avec de graves conséquences.
Publié: 20.09.2024 à 06:03 heures
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Dernière mise à jour: 20.09.2024 à 07:03 heures
Florian Wüstholz
Florian Wüstholz
Le peuple veut une interdiction de la publicité pour les produits du tabac.
Photo: Keystone

Un jeune de 15 ans sur trois a consommé au moins un produit à base de nicotine au cours des 30 derniers jours: Cigarettes, snus, vapes, tabac à mâcher. La tendance est clairement à la hausse. Mais tout cela devrait changer, car il y a plus de deux ans, l'initiative populaire «Oui à la protection des enfants et des jeunes contre la publicité pour le tabac» a été clairement acceptée par les citoyens. Et ce, malgré l'opposition du Conseil fédéral, du Parlement et du lobby du tabac.

Nonobstant, le Conseil des Etats a adopté cette semaine un projet qui prévoit diverses exceptions dans les domaines de la promotion et du sponsoring. Le Parlement tourne ainsi en rond.

«Non conforme à la Constitution»

Il y a un an déjà, le Conseil des Etats avait adopté un projet qui se recoupait pour l'essentiel. Des expertises de l'Office fédéral de la santé publique et de l'Office fédéral de la justice sur ce projet ont abouti à un jugement accablant: «Non conforme à la Constitution.»

La vente par des vendeurs mobiles lors de manifestations ne devrait pas être autorisée – une chose que le Conseil des Etats souhaite pourtant accepter et pour laquelle il a inscrit des exceptions dans la loi.

Les interdictions de publicité ont un effet

«Le lien entre la publicité pour le tabac et le comportement des consommateurs est prouvé par de nombreuses études», a déclaré la conseillère aux Etats socialiste Flavia Wasserfallen lors du débat de cette semaine. Cela vaut également pour les mesures de promotion des ventes comme «l'utilisation de personnel de vente mobile ainsi que pour les concours et le sponsoring».

La ministre de la Santé socialiste Elisabeth Baume-Schneider a abondé dans ce sens. Le cas de la Grande-Bretagne montre que les restrictions publicitaires sont efficaces. Le taux de fumeurs y a été réduit de moitié en 20 ans. Ces interventions engagées n'ont pourtant servi à rien.

La Chambre haute veut des exceptions

Le Conseil des Etats s'est clairement prononcé en faveur d'une loi pleine d'exceptions. Une loi qui, notons-le, a déjà chuté au Conseil national en début d'année. L'Union démocratique du centre (UDC) allait trop loin et la gauche insistait sur le fait que le sponsoring et la promotion mobile des ventes devaient être interdits.

Si le Conseil national rejette une deuxième fois le projet du Conseil des Etats, cela équivaudrait à une chute totale. En cas de mise en œuvre de l'initiative, le Parlement reviendrait à la case départ.

Le verdict récent de la Fédération des ligues européennes contre le cancer ne devrait donc pas changer de sitôt: «La Suisse semble plus intéressée par le bien-être des multinationales du tabac que par la santé de la population.»

Les multinationales du tabac aiment la Suisse

Trois des plus grands groupes de tabac du monde ont leur siège en Suisse: Philip Morris (Marlboro, Chesterfield, Philip Morris), Japan Tobacco International (Winston, Camel, American Spirit) et British American Tobacco (Lucky Strike, Barclay, Pall Mall, Parisienne, Vuse).

Un coup d'œil sur l'indice international des lobbies du tabac montre l'importance de leur influence sur la politique suisse: la Suisse s'est retrouvée à l'avant-dernière place.

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