La liberté a un prix. Et ça, les candidats aux permis de conduire le savent. Chaque année, nombreux sont ceux qui échouent aux examens théoriques et pratiques. Surtout lorsque l'examinateur s'est montré particulièrement sévère. A moins de tomber ce jour-là sur une personne plus souple... ou véreuse. Voire les deux.
C'est précisément ce qu'il s'est passé à Bassersdorf (ZH).
Selon la «NZZ», un centre d'examen serait au coeur d'une vaste affaire de corruption. Le centre a en effet constaté des irrégularités dans les procédures d'attribution des permis et a déposé une plainte pénale contre trois anciens collaborateurs, licenciés depuis et désormais visés par enquête.
Parmi les suspects figurent un expert en circulation, le responsable du service des immatriculations et un autre employé de ce même service. Les enquêteurs ont mis en lumière le système de corruption qui a permis aux trois suspects de faire «passer les billets sous la table».
Rembobinons.
Il paie: l'examinateur ferme les yeux
Octobre 2020, un Syrien prend contact avec un centre d'examen. A ce moment-là, le jeune homme a déjà échoué trois fois à l'examen de conduite et veut enfin obtenir son précieux sésame: chaque nouvel examen lui coûte tout de même 134 francs!
Le Syrien décide alors de donner un coup de pouce à la chance... à coup de billets. Il aurait ainsi versé 2000 francs en espèces, en échange d'un examinateur bienveillant. Le deal entre le Syrien et cet examinateur est simple: même si le candidat commet de «petites erreurs» pendant l'examen, le correcteur fermera les yeux. Et là, surprise! En février 2021, le jeune homme décroche enfin son permis.
Il n'en fallait pas davantage pour que son frère aîné lui emboîte le pas, payant 1500 francs en liquide contre un permis de conduire «acheté». Les deux frères sont passés aux aveux et ont depuis été condamnés à une peine pécuniaire avec sursis, assortie d'une amende pour corruption.
La procédure contre les collaborateurs du centre d'examen est, elle, toujours en cours. La présomption d'innocence s'applique.
Certains candidats ont dû repasser leurs examens
L'examinateur corrompu n'a toutefois pas agi seul. Ainsi, pour planifier les rendez-vous aux examens et accéder au système informatique de l'Office de la circulation routière qui répartit les véhicules ainsi que les lieux d'examens, l'homme a dû faire appel à un ou plusieurs intermédiaires.
Par ailleurs, le «Tages-Anzeiger» révèle qu'en décembre 2021, à la suite de l'affaire, le chef de service Carlo Gsell a envoyé plusieurs courriers aux candidats qui avaient passé leur examen au centre de Bassersdorf, avec l'examinateur corrompu. Étant donné que ce dernier «n'a pas correctement fait passer l'examen de conduite, les compétences de conduite des candidats ne sont pas suffisantes», explique ainsi Carlo Gsell. Les candidats ont donc dû repasser leur examen, mais cette fois avec un autre examinateur.