Les travailleurs en Suisse peuvent s’attendre à des augmentations de salaire de 1,9% en moyenne en 2024, comme le montre la dernière enquête sur les salaires d’UBS. Pour ce faire, la grande banque a interrogé 389 entreprises de 22 branches, représentant environ 90% de la population active.
«Nous ne constatons que de faibles écarts dans les augmentations de salaires entre les branches», rapporte Florian Germanier, économiste pour l’UBS. Ce sont les rémunérations dans le secteur public qui connaîtront la hausse la plus importante, avec 2,2%. Dans de nombreux secteurs, les entreprises annoncent une croissance de 2% en moyenne. Parmi elles, l’horlogerie et la bijouterie, les services informatiques et de télécommunication, les banques et les assurances ainsi que la chimie et la pharmacie. Ces derniers en profitent tout particulièrement, avec une augmentation de salaire supérieure à la moyenne (2,5%).
Belle augmentation pour la restauration
Selon Florian Germanier, les employés du secteur du tourisme peuvent se réjouir de l’année à venir. «Si l’on ne considère que l’hôtellerie et la restauration, on constate une forte hausse des salaires de 2,8%.» A l’opposé, en bas de la liste établie par l’UBS, on retrouve les médias (1%) ainsi que le domaine de la production alimentaire et le commerce de gros avec 1,5%.
Mais malgré ces hausses, de nombreux employés suisses doivent s’attendre à une baisse de leur pouvoir d’achat l’année prochaine. L’UBS prévoit un renchérissement de 2%, ce qui entraînera une baisse des salaires réels de 0,1%. Le salaire réel est le montant effectivement perçu par un travailleur après ajustement pour tenir compte de l’inflation ou de la variation du pouvoir d’achat de la monnaie. En 2023, les salaires réels n’ont augmenté d’à peine 0,1% et l’année précédente, ils avaient même baissé de 1,9%. Les salaires réels en 2021 n’avaient également que très peu évolué.
L’inflation pèse sur les portes-monnaie
En conséquence, l’inflation affecte encore plus durement les travailleurs. Selon l’enquête, 72% des entreprises déclarent que leurs employés demandent une compensation du renchérissement. L’année précédente, elles étaient 65% à l'avoir fait.
«Les négociations salariales ne se déroulent toutefois jamais dans le vide, mais toujours dans un contexte économique global», souligne Daniel Kalt, économiste en chef de l’UBS. La banque prévoit pour l’année prochaine une croissance économique inférieure à la moyenne, à hauteur de 1,2%, en Suisse. C’est également ce qu’indiquent les entreprises dans l’enquête: 41% d’entre elles affirment que la situation financière de l’entreprise est déterminante lors des négociations salariales.
Évolution moyenne de la consommation
Mais malgré la perte de pouvoir d’achat, les économistes d’UBS anticipent une «évolution moyenne de la consommation suisse». Selon eux, bon nombre de ménages vont piocher dans leur épargne pour amortir la charge que représente la hausse des primes, ainsi que celle des loyers et des prix de l’électricité. Une tendance qui devrait également être soutenue par une forte immigration et un marché de l’emploi solide.
La hausse prévue des salaires ne devrait pas engendrer de spirale inflationniste, selon les experts du numéro un bancaire helvétique. Trois entreprises sondées sur quatre s’attendent à ce que le renchérissement se situe l’an prochain dans la fourchette cible de 2% visée par la Banque nationale suisse (BNS).
«Les augmentations de salaires ne seront pas suffisamment fortes pour contraindre la BNS à relever encore ses taux directeurs», prédit Daniel Kalt, tout en reconnaissant qu’elles empêchent une baisse rapide de l’inflation. L’expert s’attend donc à ce que l’institut d’émission maintienne ses taux directeurs inchangés au cours des prochains trimestres.
(Avec l’ATS)