La défaite de la votation sur AVS 21 continue d’agacer la gauche. Après que la conseillère nationale Tamara Funiciello a été attaquée par certains dans ses propres rangs, voilà que le conseiller fédéral socialiste, Alain Berset, en prend pour son grade.
Le vice-président de la JS Thomas Bruchez critique le chef du DFI. Pour le Genevois, qui s'exprime en son nom propre, Alain Berset devrait tirer les conséquences du résultat serré de la votation sur le relèvement de l’âge de la retraite des femmes à l’AVS.
Celui-ci explique sur Twitter que Berset aurait pu, sans enfreindre le principe de collégialité, s’engager moins en faveur ou défaveur de débats importants. «Si Berset s’était tenu à ses obligations de conseiller fédéral sans en faire plus et n’avait pas ainsi semé une confusion politique au sein des rangs du PS, il est quasi-certain qu’AVS21 aurait été refusée», clame-t-il.
Quitter le Conseil fédéral?
Faut-il y voir un appel à la non-réélection d'Alain Berset? Le jeune politicien ne va pas aussi loin — et ne vise pas que le Fribourgeois. Il souhaite qu'à l'avenir, une discussion soit menée systématiquement au sein du PS concernant tous les conseillers et conseillères fédéraux au moment de leur élection et réélection. «Comme pour tous les autres mandats électifs», précise Thomas Bruchez à Blick.
Ce qui s'est passé dimanche, avec un conseiller fédéral socialiste devant aller contre son propre camp, doit aussi remettre en question la participation du PS au Conseil fédéral, de l'avis du vice-président de la JS.
Thomas Bruchez n'est pas un cas isolé dans son parti: le président de la JS, Nicola Siegrist, est aussi en colère envers Alain Berset. «Il a défendu de manière offensive la réforme antisociale de l’AVS auprès du public et a ainsi fait pencher la balance en faveur du oui. C’était inutile, assure-t-il à Blick. En tant que conseiller fédéral, il doit certes défendre la position collégiale, mais il peut décider lui-même avec quelle force il souhaite la défendre en public et combien d’apparitions il prévoit.»
Le président de la Jeunesse socialiste s'en tient à ce commentaire, mais il confirme toutefois qu'Alain Berset sera un sujet de discussion pour la JS. La participation du parti socialiste au sein de l'exécutif fédéral doit faire partie de l'ordre du jour en novembre.
À la rescousse de Tamara Funiciello
Si Nicola Siegrist n'est pas tendre avec Alain Berset, et il l'est beaucoup plus vis-à-vis de Tamara Funiciello. La coprésidente des Femmes PS et ancienne présidente de la JS a fait l'objet de critiques internes et anonymes, relayées par Blick, au sujet d'une manifestation lundi à Berne.
Pour plusieurs membres du PS, la Bernoise aurait eu mieux fait de faire profil bas après la décision populaire de dimanche. Car lorsqu'elle présidait la JS, Tamara Funiciello avait fait une campagne active contre Prévoyance 2020, un projet qui aurait été bien meilleur que celui accepté dimanche. Surtout pour les femmes.
Nicola Siegrist est furieux de ces critiques: «Non seulement il est de mauvais goût de se tourner anonymement vers la presse, mais les critiques sont, de plus, injustifiées.» Pour le président de la JS, Tamara Funiciello a «largement contribué à ce que la Suisse ait un mouvement féministe fort». Elle y est pour beaucoup si la gauche a obtenu plus de 49% des voix.
«Se focaliser sur la défense des femmes»
Tamara Funiciello, de son propre aveu, a été inondée de réactions ce week-end: elle a reçu près de 800 mails, allant des félicitations à de vives critiques, également de la part de camarades. Même si des reproches anonymes via la presse ne sont pas acceptables, la Bernoise veut aller de l'avant: «Il faut se focaliser sur la défense des femmes!»
Et le combat de la gauche n'est de loin pas terminé, puisqu'une déclaration en ligne a réuni plus de 130'000 signatures depuis dimanche et qu'une manifestation est prévue ce samedi à Lausanne.